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La simulation en santé, mais c’est quoi ?

Publié le 22/12/2015
simulation en santé

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Méthode pédagogique à part entière, la simulation en santé se développe de plus en plus dans les formations initiales et continues des professions de santé. De plus en plus d’Instituts de Formation d’Aides Soignant(e)s (IFAS) proposent aux élèves des séquences de simulation en lien avec le rôle propre infirmier. « La simulation consiste à répéter sans risquer les conséquences d’une erreur, les paroles, gestes ou savoir-faire qu’il faudra maîtriser dans des situations réelles futures. C’est une technique d’apprentissage des procédures complexes » (Beau, 1999).

Qu’est-ce que la simulation en santé ?

Séquence de simulation procédurale à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers et d’Aides-Soignants d'Annecy (Haute-Savoie).

La simulation en santé peut se définir comme « l’utilisation d’un matériel (comme un mannequin ou un simulateur procédural), de la réalité virtuelle ou d’un patient standardisé, pour reproduire des situations ou des environnements de soins, pour enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques et permettre de répéter des processus, des situations cliniques ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels » (America’s Authentic Government Information, 2009). Elle permet de s'entraîner ou de découvrir à de nombreuses applications comme par exemple les gestes techniques (les soins d’hygiène et de confort, la pose de bas de contention…), l’entretien d’accueil (recueil de données, réalisation de la macro-cible d’entrée…) ou encore le travail d’équipe (communication, gestion de crise…).

Séquence de simulation haute-fidélité à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers et d’Aides-Soignants d'Annecy (Haute-Savoie).

Différentes techniques

Dans le secteur des formations sanitaires, plusieurs techniques de simulation sont utilisées.

  • La simulation procédurale : apprentissage de gestes issus d'une procédure (gestes techniques, chirurgie...) à l'aide de mannequins partiels (bras, torse...).
  • La simulation « pleine échelle » ou haute-fidélité : contextualisés dans un environnement proche du réel (bloc opératoire, salle de soins intensifs, ...) et basés sur des cas cliniques concrets, les simulateurs haute-fidélité (mannequins grandeur nature (adulte, enfant, nourrisson) réalistes et pilotés par ordinateur) mettent les apprenants en situation pour notamment répondre à des situations de crise en équipe pluridisciplinaire.
  • Le patient standardisé ou simulé : jeu de rôle réalisé par un apprenant ou un acteur afin de simuler des communications à enjeux forts (consultations d'annonce, entretien d'accueil, ...), des problématiques d'équipe hospitalière (management) ou encore des éducations thérapeutiques.
  • La simulation hybride : c'est une combinaison d'un patient simulé et d'une partie de mannequin (bassin d'accouchement par exemple), et « contextualisées, ces associations permettent d'obtenir les impressions du patient et de donner des sensations au stagiaire ; dans ce cas, ces méthodes seront qualifiées de haute-fidélité » (Granry , Moll, 2012).
  • La simulation de masse : « simulation pleine échelle à grande échelle » (Bonnetain, Thuez, Cordeau, Lombardo, 2013) afin de simuler des événements exceptionnels de grande ampleur de type catastrophe.
  • La réalité virtuelle basée sur des interfaces écran : « ce type de simulation permet d’appréhender des situations complexes, ou d’étudier des concepts illustrés de manière plus concrète par des modèles informatiques » (Granry, Moll, 2012) afin de s'entraîner à implantation de sondes de simulation, analyse des électrocardiogrammes ou encore la manipulation d'instruments.
  • Les serious game  : jeux vidéo en santé basé dans un but d'apprentissage.

Une histoire ancienne...

Dans l’apprentissage des soins, la simulation n’est pas une activité récente. Sous forme d’ateliers, les formateurs en soins infirmiers ont toujours proposé une méthode pédagogique se rapprochant de la simulation telle que nous la connaissons aujourd’hui. Au XVIIIe siècle, Madame Du Coudray (1714-1789) invente "la machine" (1759). Ce mannequin, composé de  toile, peau et coton, à taille réelle représente la partie inférieure du corps de la femme, un nouveau-né et différents accessoires. Madame Du Coudray, enseigne, à travers toute la France, l'art de l'accouchement afin de lutter contre l'ignorance sur le sujet. En 1910 apparaît un mannequin de bois (Madame Chases) pour l'enseignement des soins infirmiers de base (Hartford Hospital Training School of Nursing). Il sera utilisé jusque dans les années 1970. En 1960, Asmund et Laerdal, créent le premier mannequin (Resusci Anne) pour enseigner les techniques de réanimation. À ce jour et avec l'évolution de la technologie, nous sommes maintenant à l'ère des mannequins hautes-fidélités, qui reproduisent les signes cliniques au plus proche de la réalité.

Déroulement d'une séquence en simulation

Qu'est-ce qu'une séquence de simulation ?

La simulation répond à une méthodologie précise qui se décompose en plusieurs étapes résumées dans le schéma ci-dessous et qui peut être répétée par plusieurs séquences au cours d'une formation. Elle s'intègre dans le curriculum des formations, au même titre que les autres méthodes pédagogiques. La simulation en santé est complémentaire à ces dernières. Basée sur un scénario pré établit, la situation simulée vise un objectif pédagogique.

Briefing de séquence → Séance de simulation → Débriefing de séquence

Les formations par simulation sont toujours précédées par un briefing général et un débriefing général conclut toujours la formation.

Le briefing général

Le ou les formateurs exposent les éléments suivants aux apprenants :

  • le rappel des intentions pédagogiques (insister sur l’amélioration des performances et l’apprentissage dans l’action) ;
  • le rappel des objectifs pédagogiques ;
  • le contrat pédagogique (insister sur le respect, les échanges et le climat bienveillant) ;
  • l'explication de la pédagogie par la simulation (explication du déroulé d’une séquence) ;
  • les règles : d'hygiène, l'utilisation du matériel et le comportement à adopter (consignes de sécurité et bon usage du matériel, Insister sur les règles d’hygiène identiques à
  • celles des bonnes pratiques (hygiène des mains, tenues vestimentaires…) ;
  • les limites de la simulation (par la visite du laboratoire de simulation, et la manipulation du matériel) ;
  • le contexte général (« vous êtes aide-soignant  en service de … ») dans lequel se déroule le scénario.

Le briefing de séquence

Le briefing de séquence permet de donner à l'apprenant tous les éléments nécessaires à la compréhension de la situation simulée. L'exposé des éléments suivants est réalisé de façon chronologique :

  • le rappel et résumé du contexte ;
  • l'objectif de la séquence ;
  • l'information sur le contexte du scénario ;
  • l'état initial du patient voire l'anamnèse ;
  • l'évolution de l’état clinique du patient et/ou du contexte ;
  • le rôle et leurs répartitions : formateur(s) (observateur, facilitateur, acteur), apprenant(s).

La séance de simulation

Elle répond à un scénario précis écrit dans un "story board". À ce stade, l’apprenant « joue son propre rôle » face à une situation concrète. Il s’agit d’une expérience d’entraînement ou d’apprentissage qui favorisera le débriefing.

Le débriefing de séquence

Après une pause entre la séance de simulation et le débriefing de séance, qui permet aux apprenants de prendre du recul par rapport à la situation simulée, cette étape favorise le développement du raisonnement clinique et les capacités de jugement par la pratique réflexive. Le débriefing est l'étape la plus importante de la séance de simulation.  Le débriefing comporte cinq phases (plus ou moins une) :

  • l'expression du ressenti : expression des impressions, des sentiments, des émotions (bienveillance, « ici, on peut se tromper… », gestion du stress et de l’échec à avoir à l’esprit).
  • la phase descriptive : verbalisation des faits, des choix, des modalités des actions, des intentions.
  • la phase d'analyse : exploration des raisons des actions réalisées ou non réalisées, recherche du raisonnement et des décisions (tout le groupe peut intervenir, retour vidéo possible, risque de conflit probable) ;
  • la synthèse : demande de synthèse aux apprenants des actions réalisées et des changements éventuels au vu de cette situation, feedback du formateur (en lien avec son expertise) (attitude réflexive recherchée et +/- recherche de nouveaux objectifs d’apprentissage) ;
  • l'apport de liens théoriques (+/-) : liens avec des concepts, recommandations, bonnes pratiques...

Le débriefing général

Il consiste, entre autres, à réaliser une synthèse globale par le formateur des apprentissages réalisés pour favoriser le questionnement.

Débriefing de séquence de simulation à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers et d’Aides-Soignants d'Annecy (Haute-Savoie).

Intérêts et limites de la simulation

Intérêts

D'après le Docteur Truchot-Cardot (2011), la simulation :

  • améliore les performances et les compétences cliniques ;
  • renforce la capacité des apprenants à analyser leurs performances et celles des autres ;
  • réduit le niveau de stress et renforcement de la confiance en soi ;
  • apporte une expérience relativement cohérente des apprenants...

On peut également noter :

  • une participation active des apprenants ;
  • la réalisation de soins réels sur simulateurs ;
  • la reproductibilité des séquences ;
  • la possibilité de simuler des problèmes cliniques et critiques peu courants...

Limites

Les limites recensées dans la littérature sont les suivantes :

  • le coût élevé des simulateurs (achat, entretien et mise en marche) ;
  • des limites la réalité « technologique » (peau de mannequin en plastique…) ;
  • une activité chronophage : travail de conception, tests, mise en œuvre ;
  • une tendance à créer une hyper-vigilance ou précaution exagérée de la part des apprenants ;
  • la nécessité de former des formateurs et instructeurs « spécialisés »...

Pour conclure

La simulation en santé ne présente aucun risque pour le patient. Cette méthode utilisée pour les formations initiales et continues, permet de développer le raisonnement clinique, l’apprentissage des procédures, ou encore de communiquer dans diverses situations et notamment dans les situations de crise. L’apprenant est donc acteur de la formation dans une dynamique suggérée par les situations de soins proposées.

Bibliographie

  • America’s Authentic Government Information. H.R. 855 To amend the Public Health Service Act to authorize medical simulation enhancement programs, and for other purposes. 111th Congress 1st session. GPO; 2009., traduction proposée dans le rapport HAS.
  • Beau Dominique (1999), La boîte à outils du formateur. 100 Fiches de pédagogie, Paris, Les Éditions d’Organisation.
  • Boet, S., Granry, J. C., & Savoldelli, G. (2013). La simulation en santé : De la théorie à la pratique. Paris: Springer.
  • Bonnetain, E., Thuez, L., Cordeau, J. C., & Lombardo, P. (2014). Des étudiants en soins infirmiers organisateurs et acteurs d'une simulation de masse: quels apprentissages ? Poster communiqué au 3e Colloque Francophone de Simulation en Santé d'Angers, (p. 1). Angers.
  • Bonnetain, E. (2012). DU FUS Université de Bourgogne. Cours : Introduction à la simulation. Université de Bourgogne.
  • Bonnetain, E. (2012). DU FUS Université de Bourgogne. Cours : Histoire de la simulation. Université de Bourgogne.
  • Brami, J. (2011). La simulation en santé. DPC et Pratique n°57.
  • Chiniara, G. (2007) Simulation médicale pour acquisition des compétences en anesthésie - Congrès national d'anesthésie et de réanimation 2007. Conférences d'actualisation, p. 041-049
  • Granry, J.C., & Moll, M.C. (2012). Haute Autorité de Santé : Rapport de mission, État de l’art (national et international) en matière de pratiques de simulation dans le domaine de la santé. Repéré à www.has-sante.fr
  • HAS. (2013, Janvier 31). Développement professionnel continu Simulation en santé Fiche technique méthode. Consulté le Mars 5, 2014, sur HAS
  • Medarus. (2015, Février 15). Angélique-Marguerite Du COUDRAY Le Boursier . Consulté le Mars 2014, 5, sur Portraits de médecins: Angélique-Marguerite Du COUDRAY Le Boursier
  • Muchielli, R. (2012). Méthodes actives dans la pédagogie d’adultes. Paris: ESF Edition Formation permanente.
  • Renou, J. (2013, Février 13). Le Débriefing en simulation médicale : techniques et outils pédagogiques. Repéré sur Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance
  • Rudolph, J., Simon, R., Raemer, D.,& Eppich, W. (2008). Debriefing as formative assessment : Closing performance gaps in medical education. Academic Emergency Medecine, 15(11), 1010-1016.
  • Sifferlen, B. (2014, Janvier 10). La simulation et le débriefing vidéo appliqué à la professionnalisation en soins infirmiers. Repéré sur Sportstec.fr
  • Truchot Cardot, D. (2011). La simulation appliquée en soins infirmiers. Actualité en pédagogie médicale : place de la simulation dans les nouveaux enjeux de santé, 57-68.

Laurent THUEZ  Cadre de santé chargé de formationFormation continueIFSI-IFAS d’Annecy

Crédits photographiques : IFSI-IFAS d’Annecy


Source : infirmiers.com