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La radiothérapie souffle ses 100 bougies !

Publié le 16/04/2009

PARIS, octobre 2003 (Reuters Santé) - La radiothérapie, forte de son premier siècle d'existence, a beaucoup évolué de façon à cibler au mieux la tumeur tout en évitant les complications secondaires à toute irradiation, a soutenu le Pr Jean-Marc Cosset, chef du département de radiothérapie de l'Institut Curie (Paris), au cours d'une conférence de presse organisée à Paris.

"L'Institut Curie est l'un des rares centres au monde où est née une spécialité dédiée à l'oncologie : la radiothérapie", rappelle le Pr Cosset en dressant une chronologie rapide de cette discipline, marquée par l'avènement des hautes énergies atteignant plus facilement les tumeurs profondes dès les années 50, puis celui de la cobaltothérapie dès les années 60 et des accélérateurs de particules, jusqu'aux progrès les plus récents centrés sur la radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle, avec modulation d'intensité, ou encore la radiothérapie asservie à la respiration.

"En 2003, la moitié des patients français atteints d'un cancer ont bénéficié d'une radiothérapie externe, ce qui représente près de 150.000 personnes. En outre, la moitié des malades guéris d'un cancer le doivent à la radiothérapie seule ou associée à d'autres traitements (chirurgie, chimiothérapie)", atteste le radiothérapeute.

Pour le Dr Alain Fourquet, chef-adjoint du département de radiothérapie à l'Institut Curie, la radiothérapie prévient les rechutes locales à distance dans le temps, ainsi que le développement de métastases secondaires et apporte un bénéfice en terme de survie. "En outre, depuis les années 80, les risques de toxicité liés aux radiations ont été largement diminués", indique-t-il. Selon lui, la radiothérapie d'aujourd'hui permet même de préserver un organe, grâce à un ciblage des rayonnements de plus en plus précis.

"Au-delà de ce rôle curatif, cette technique thérapeutique assure également une action antalgique, en particulier dans le cas de métastases osseuses ou cérébrales, en seulement une à 5 séances", ajoute le spécialiste.

DES RADIOTHÉRAPIES QUI "SCULPTENT" LA TUMEUR

Entre 1995 et 2000 se sont développées de nouvelles radiothérapies, telles que la radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle, la radiothérapie conformationnelle avec modulation d'intensité et la radiothérapie asservie à la respiration.

"Grâce au scanner, les radiothérapeutes établissent le volume en trois dimensions de la tumeur et des organes avoisinants. A partir de cette reconstitution, ils déterminent pour chaque patient le volume d'irradiation et la dose à délivrer", explique le Dr Philippe Giraud, oncologue-radiothérapeute à l'Institut Curie, spécialiste des nouvelles technologies en radiothérapie.

Avec les radiothérapies conformationnelles, le volume d'irradiation est véritablement "sculpté" en fonction de la forme de la tumeur, préservant ainsi au maximum les tissus sains avoisinants. Le champ d'irradiation est réduit, ainsi que la quantité de tissu sain, les doses étant concentrées sur la tumeur.

"La radiothérapie conformationnelle assure une balistique de haute précision grâce à des appareils sophistiqués qui disposent de collimateurs multilames pilotés par un ordinateur, ce qui représente un avantage capital en précision et en rapidité par rapport aux caches amovibles en plomb qu'il fallait auparavant façonner à la main selon la forme de la tumeur", décrit le Dr Giraud. Cette technique s'applique notamment aux cancers de la prostate, du système nerveux central, des voies aérodigestives supérieures, des tumeurs thoraciques et intra-abdominales (foie, pancréas).

La radiothérapie avec modulation d'intensité s'effectue selon le même procédé, mais en produisant des volumes d'irradiation avec des "creux", ce qui permet ainsi d'augmenter l'homogénéité de la distribution de dose au sein de la tumeur, tout en épargnant les tissus sains. "La dose d'irradiation est aussi modulée en fonction de la profondeur de la tumeur", souligne l'oncologue.

Depuis l'été 2003, l'Institut Curie propose ce mode de radiothérapie à certains malades atteints d'un cancer de la prostate et de la sphère ORL. Courant 2004, il sera utilisé pour d'autres cancers (sein et poumon). La France dispose aujourd'hui de 8 centres dotés d'une radiothérapie conformationnelle à modulation d'intensité (à Paris, Lyon, Marseille, Nice, Nancy, Lille, Bordeaux).

La respiration faisant bouger les organes et donc les tumeurs, la prise en compte des mouvements respiratoires a toujours été une préoccupation lors de la radiothérapie des tumeurs thoraciques (poumons, seins) et abdominales (foie en particulier). Pour diminuer les marges qui peuvent s'élever jusqu'à 1,5-2 cm autour de la tumeur, la radiothérapie asservie à la respiration a été mise au point, selon deux approches.

"La première consiste à bloquer la respiration du patient, le plus souvent en inspiration, pendant le traitement. Ce blocage peut être actif en utilisant un spiromètre à valve qui bloque la respiration pendant l'irradiation, ainsi délivrée lors de l'apnée. Le patient peut aussi déclencher la délivrance de la dose d'irradiation en visualisant au moyen de lunettes sa respiration afin de bloquer volontairement celle-ci au meilleur moment", commente le Dr Giraud.

Dans la seconde approche, poursuit-il, le patient respire librement mais de façon régulière et le déclenchement de l'irradiation s'effectue automatiquement à un niveau respiratoire donné. Les premiers résultats chez des malades traités pour un cancer du poumon ou du foie sont d'ores et déjà très prometteurs.

Enfin, si la curiethérapie indiquée notamment dans le traitement du cancer de la prostate, ne représente pas vraiment une idée neuve (elle est née en 1920-1930), elle se trouve également en plein essor avec l'introduction de nouvelles techniques d'implantation de grains radioactifs qui permettent, là encore, de sculpter des formes précises. Une vingtaine de centres sont opérationnels en France et ce mode de radiothérapie offre les mêmes résultats que la chirurgie, avec cependant une moindre toxicité sexuelle et urinaire./ajr


Source : infirmiers.com