Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

GRANDS DOSSIERS

La profession infirmière, oubliée de la campagne présidentielle 2012 ?

Publié le 13/04/2012

Insatisfaction et pessimisme, le mal-être des infirmières pourrait se résumer aujourd’hui en deux mots. A la veille du premier tour des élections présidentielles où les grands enjeux de santé sont bien peu évoqués par les candidats et, moins encore, les attentes des professionnels de santé, les infirmières, malmenées par des conditions de travail en déliquescence et un manque de reconnaissance récurrent, interpellent les politiques de tout bord pour le leur rappeler...

La Coordination nationale infirmière (CNI) vient pour sa part d’adresser un courrier accompagné d’un dossier argumenté aux QG de campagne des candidats. L’intitulé est explicite « Filière infirmière : 600.000 voix... en attente de réponse concrète »1 et le propos fourni et frontal : « Selon une étude DARES, les créations nettes d'emploi entre 2010 et 2020 sont estimées à 93.000 pour les infirmiers et 54.000 pour les autres paramédicaux. Si l’on considère les abandons en cours de formation (20%), les nombreux départs en retraite attendus, le manque d’attractivité vers nos professions et que l’on place en parallèle les besoins d’une population « vieillissante »… il y a urgence à réagir ! Quel sera le candidat le plus réactif, le plus convaincant ? A quelques jours du 1er tour, nous sommes dans l’attente… ». Et la CNI de rappeler que les sujets de crispation, car en souffrance ou décevants dans leur avancée, ne manquent pas : cursus LMD, conditions de travail, défi de la dépendance, prise en charge de la psychiatrie, salaires, droit d’option... . « Dans ce contexte morose, souligne la CNI, notre organisation garde pour principal objectif d’être à l’initiative ou de soutenir tout projet visant à améliorer la qualité de la santé en France en donnant une priorité à la reconnaissance des compétences des professionnels de la filière infirmière, à la réhabilitation de la pénibilité du métier, à l’attribution de moyens adaptés afin de garantir une prise en charge optimale pour tous les usagers du système de santé et à l’attractivité de la profession au sens large ».

Dans le même temps, les résultats d’une enquête menée par l’Ordre national des infirmiers (ONI) en mars dernier au sein de la profession2 visent à alerter les pouvoirs publics et les candidats à l’élection présidentielle sur la qualité et la sécurité des soins à l’hôpital. Près d’un infirmier sur deux estime en effet ne pas pouvoir assurer une sécurité des soins optimale à ses patients au regard de ses conditions d’exercice et l’ensemble des infirmières et infirmiers jugent plutôt négativement le bilan des réformes réalisées. Une enquête qui souligne que les perspectives d’avenir de la profession sont en inadéquation avec les grands défis démographiques et les enjeux de santé publique. L’ONI appelle donc les candidats et le gouvernement « à prendre rapidement des engagements concrets auprès des organisations représentatives infirmières (associations, syndicats et Ordre) afin d’assurer à la population une qualité et une sécurité des soins optimale. » Une attente aussi forte que celle de la CNI qui souhaite du futur Président de la République, « des réponses concrètes pour garantir une qualité des soins à chacun dans ce pays. Le premier signe fort de cet engagement serait de restaurer un ministère exclusivement dédié à la santé, un ministère ouvert aux propositions des organisations professionnelles, un ministère à l’écoute des acteurs de santé publique et soucieux des attentes des patients. »

Rappelons enfin que la souffrance des infirmières semble aujourd’hui « universelle ». En effet, une étude publiée le 20 mars dernier par le British medical journal of medicine souligne que l’insatisfaction au travail mais aussi personnelle de quelques 61.000 infirmières exerçant dans près de 1.100 hôpitaux répartis dans douze pays d’Europe3 et aux États-Unis, au cours des cinq dernières années, est prégnante : surmenage, voire burn-out, intention de démissionner, qualité des soins insatisfaisante, manque de confiance envers le management hospitalier...

Affirmons donc que les mêmes maux et les mêmes manques de remèdes sont partagés par les infirmières du monde entier. Une réalité qui rejoint l’interrogation de la CNI, véritable cri du cœur adressé aux hommes et femmes politiques : « qui va enfin prendre soin de l’infirmière ? ».

Notes

  1. « Filière infirmière : 600.000 voix en attente de réponses concrètes… », dossier envoyé aux candidats à la présidence de la République Française par la Coordination nationale infirmière.
  2. Communiqué de presse du 11 avril 2012, Ordre National des infirmiers, « Les Infirmiers alertent les pouvoirs publics et les candidats à l’élection présidentielle sur la qualité et la sécurité des soins à l’hôpital ».
  3. La France n’a pas pris part à l’étude. Les pays participants sont : Pays-Bas, Grèce, Suisse, Allemagne, Pologne, Espagne, Royaume-Uni, Irlande, Finlande, Norvège, Belgique et Suède.

Bernadette FABREGAS
Rédactrice en chef d’Infirmiers.com
bernadette.fabregas@infirmiers.com


Source : infirmiers.com