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MODES D'EXERCICE

La profession d'infirmière en suisse

Publié le 13/03/2009

La Suisse est un joli pays, très attractif pour les infirmières européennes en particulier au niveau salarial. Alors pourquoi ne pas aller y travailler ?

Dans ce dossier, nous développerons successivement :

1. La formation en Suisse

La formation d'infirmière et infirmier s'étend sur quatre ans (une année préparatoire et trois ans Bachelor). Elle est construite sur le principe de l'alternance théorie et pratique. Elle est modulaire, ce qui vous permet d'individualiser votre parcours et d'être mobile..

Le plan d'étude intègre sept domaines :

  1. Interventions professionnelles
  2. Professions, institutions et organisations
  3. Individus, cultures et sociétés
  4. Problèmes sociaux et sanitaires, réponses institutionnelles
  5. Sciences de la santé
  6. Technologies et leurs fonctionnements scientifiques
  7. Processus de formation et projet professionnel.

Le programme prépare à :

  • Analyser une situation complexe
  • Identifier et planifier des interventions et évaluer les résultats
  • Pratiquer les soins avec méthode dans le respect des personnes et des principes éthiques
  • Participer à l'amélioration de la qualité et de l'efficacité des soins
  • Travailler et collaborer dans une équipe multidisciplinaire
  • Contribuer au développement de la profession par des activités de recherche autour des pratiques professionnelles.

Les compétences développées :

  • Concevoir, réaliser, évaluer des prestations de soins infirmiers en partenariat avec la clientèle
  • Construire, avec la clientèle, une relation professionnelle dans la perspective du projet de soins
  • Promouvoir la santé et accompagner la clientèle dans son processus de gestion de la santé
  • Evaluer sa pratique professionnelle afin d'ajuster, de développer et de conceptualiser ses interventions
  • Contribuer aux recherches conduites par des chercheurs en soins infirmiers et participer à des recherches interdisciplinaires
  • Mener des actions de formation auprès des étudiants en soins infirmiers, des pairs et des acteurs du système socio-sanitaire
  • Collaborer au fonctionnement du système de santé
  • Participer aux démarches qualité du système socio-sanitaire
  • S'impliquer par son discours et ses actes, dans le développement et l'explicitation du rôle infirmier.


Attention, la Suisse a encore des  voies de formation différentes selon les régions linguistiques La formation "Bachelor" a débuté cet automne (2006) dans la Suisse francophone (ou il remplace le programme diplôme de Haute Ecole spécialisée) et dans deux écoles de Suisse-alémanique

Source : http://www.hecvsante.ch/cms/Formations/Infirmièresetinfirmiers/Laformat…

Le programme :

Une année préparatoire destinée aux jeunes qui sortent du lycée et/ou écoles professionnelles avec option santé, suivie de 3 ans d'études Bachelor à 180 crédits : à plein temps. Les titulaires d'un certificat fédéral de capacité (CFC) d'assistance en soins ou assistante médicale et qui ont fait leur BAC professionnelle santé social ou une école degré diplôme avec BAC spécialisée santé peuvent entrer en Bachelor directement.

Structure modulaire, compatibilité européenne.

Début des cours : Le début de la formation est fixé à la semaine 38 de chaque année.

Quatre grands axes :

  • Processus de professionnalisation et projet professionnel
  • Méthodologie et recherche appliquée
  • Analyse de situations professionnelles
  • Expertise clinique, technique et relationnelle

2. Les débouchés

Une fois les études terminées, les étudiants peuvent trouver facilement et rapidement un travail

Que ce soit à domicile (après généralement 2 ans de pratique), auprès d'enfants, en soins aigus hospitaliers, en milieu psychiatrique, auprès des futures mères ou auprès des personnes âgées, les débouchés professionnels sont aussi nombreux que les lieux et les personnes requérant des soins. Vous pourrez également travailler hors de Suisse, en particulier grâce aux crédits ECTS du Bachelor.

3. Les spécialités

Si vous le souhaitez, vous pourrez vous spécialiser, de nombreuses possibilités existent, par exemple :

Anesthésie : assurer les meilleures conditions de sécurité et de confort à une personne devant subir une intervention chirurgicale, avant, pendant et après l'opération. Il faut être titulaire du diplôme de niveau II et avoir exercé au moins un an dans un service de soins intensif. Il faut ensuite suivre une formation spécialisée d'une durée de deux ans. Enfin, pour obtenir le certificat, il faut avoir effectué un minimum de 300 anesthésies.
Les infirmiers anesthésistes sont supervisés par un médecin (chirurgien ou anesthésiste) ce qui leur laisse beaucoup d'indépendance dans certains établissements.
Les formations d'infirmière anesthésiste et de salle d'opération sont réglementées par l'Association Suisse des Infirmiers et Infirmière (ASI).

Soins intensifs : administrer des soins, avec compétence, dans des situations très aiguës et complexes, de patients en grand déséquilibre vital, avec des risques importants pour leur survie.

Médecine tropicale : Connaître les pathologies, la prévention et les soins propres aux pays tropicaux si vous souhaitez travailler dans des pays en voie de développement.

Santé mentale : Apporter des soins aux personnes ayant des atteintes d'ordre psychiatrique et psychique.

Gérontologie : mieux gérer les soins aux personnes âgées
L'intégration dans les formations Gérontologie-gériatrie/psychiatrie se fait dans la continuité de la formation permettant d'acquérir le diplôme de niveau II. Les étudiants disposent d'une liberté importante dans la gestion du temps de cette formation. En effet, les cours ont normalement lieu à raison d'une semaine par mois mais les étudiants peuvent suivre les modules de façon continue ou discontinue et peuvent ainsi prendre entre 2 et 5 ans pour obtenir le diplôme.

Santé communautaire : travailler en extra-hospitalier, dans des structures de soins insérées dans la communauté

Oncologie : Délivrer des soins aux personnes atteintes de cancers, notamment en chimiothérapie, car vous apprendrez aussi la gestion de la douleur.

Soins palliatifs : Administrer des soins techniques et relationnels de grande qualité aux personnes en fin de vie ou ne pouvant plus bénéficier de traitements curatifs.

Soins Aigus, Soins d'Urgence :Approche globale en soins d'urgence aux différents âges de la vie. De la globalité à la spécificité du rôle professionnel attendu en soins d'urgence.

Psycho gériatrie : Prendre en charge la personne âgée atteinte dans sa santé mentale.
Gestion de projet interdisciplinaires et gestion d'équipe : Intervenir en tant qu'expert dans la conceptualisation et la mise sur pied du projet dans le domaine de la santé et/ou du social.

Sages-femmes : exercer le métier de sages-femmes grâce à la formation seconde
Et pourquoi pas viser un poste à responsabilités à plus long terme, en suivant des formations master en gestion, en pédagogie ou en clinique, vous pouvez accéder à des postes à responsabilités : infirmière chef, professeure, clinicienne, directrice des soins dans un hôpital. Ces postes sont également accessibles aux hommes !

Voir par exemple ceux proposées par l'Ecole La source de Lausanne

4. Les écoles en Suisse

5. La profession

L'infirmière ou l'infirmier :

Dispense des soins, de manière autonome ou en collaboration pluridisciplinaire, aux individus de tous âges ainsi qu'aux familles, aux groupes et aux communautés - malades ou bien-portants.

Peut exercer dans un grand nombre de milieux où des besoins en soins existent : hôpitaux, institutions médico-sociales, domiciles, écoles, entreprises, missions humanitaires, etc.

Assure activement la promotion de la santé, la prévention de la maladie et les soins dispensés aux personnes malades, handicapées ou en fin de vie

Privilégie la relation humaine tout en dispensant des soins qui mobilisent un bagage technique et scientifique.

De niveau universitaire, l'infirmière ou l'infirmier HES est une ou un généraliste aux compétences reconnues et recherchées. Sa formation se déroule dans des lieux de stages variés. Pendant ses études, elle ou il réalise un travail en profondeur sur des concepts couvrant un large champ de connaissances, en rapport avec des pathologies multiples et des situations psychosociales diversifiées.

Exerçant dans un domaine en constante évolution, infirmières et infirmiers doivent régulièrement mettre à jour leurs connaissances.

L'infirmière indépendante :

Pour travailler en tant qu'infirmière libérale en Suisse, il faut être titulaire du diplôme et avoir exercé dans des services de soins généraux pendant au moins deux ans.

Il y a par ailleurs différentes conditions pour devenir infirmière indépendante :

  • Avoir un capital de départ pour mettre sur pied l'infrastructure nécessaire
  • Prévoir la stérilisation du matériel
  • Clarifier la question de la comptabilité
  • Assurer son remplacement pendant les périodes de vacances et maladies. Le numéro du concordat est strictement personnel, seules les prestations du porteur peuvent être facturées sous ce numéro. La convention tarifaire exclut l'engagement d'infirmières indépendantes qui n'ont pas de numéro de concordat.

Les autorisations pour exercer comme infirmière indépendante sont délivrées à un niveau cantonal par la Direction de la santé publique.

Voir le guide : « indépendante mais pas seule ... » : http://www.csi-ge.ch/telechar/guide.pdf

Les infirmières libérales sont rares en Suisse car les soins à domicile et les professionnels qui les assument sont structurés en Centres Médico-sociaux. Ces CMS comprennent des Infirmières, des Aides ménagères, un ou des Physiothérapeutes ( = Kinésithérapeutes), un ou des Ergothérapeutes, des Auxiliaires de Santé, des Aides Infirmières. Ils traitent avec les médecins traitants des patients.

Chaque canton est divisé en région sanitaire, et chaque CMS s'occupe d'une partie de cette zone.

Il existe aussi des structures de soins privés qui leur font un peu concurrence, mais selon les cantons ils sont plus ou moins présents.

6. Aller travailler en Suisse

Le travail en Suisse suit une procédure « très stricte » avec dépôt de la demande, examen de cette demande, « autorisation de séjour en vue d'exercer une activité lucrative », etc.

Les ressortissants des pays de l'Union Européenne ou de l'AELE (Association Européenne de Libre Echanges) sont soumis à l'accord sur la libre circulation des personnes.

En sachant que « L'admission des ressortissants d'Etats tiers n'est envisageable que si aucun travailleur indigène ou ressortissant de l'espace UE/AELE ne peut être recruté pour occuper l'emploi à pourvoir. L'employeur doit apporter la preuve qu'il n'a pas trouvé le personnel requis malgré les efforts consentis ». Néanmoins « Une dérogation à la priorité de recrutement peut être admise pour le personnel infirmier disposant d'une formation complémentaire complète dans les domaines de la salle d'opération ou des soins intensifs ».

Vous trouverez toutes les informations nécessaires sur ces autorisations de travail :
http://www.bfm.admin.ch/index.php?id=655&L=1

Vous pouvez consulter les offres d'emploi et déposez votre CV gratuitement sur EMPLOI Soignant

7. Témoignage

La Suisse est un pays pluri culturel, religieux (protestant, catholique) et linguistique (4 langues officielles: Allemand, Français, Italien, Romanche + divers dialectes suisses allemands locaux).
L'organisation et la politique en matière de Santé Publique est cantonale. Si bien qu'on a l'habitude de dire qu'il y a autant de politiques de Santé que de Cantons (soit 26...) !
Le Conseil Fédéral ne donne que des directives très générales en la matière. Il y a des différences d'un Canton à l'autre (selon que c'est un canton ville ou une campagne), de la Romandie (le Tessin étant plus proche de nous) à la Suisse Allemande , à la Suisse profonde.
Pour les francophones, la connaissance de l'Allemand et/ou de l'Anglais est un atout.

Les soins infirmiers sont en général différents qu'en France.
L'infirmière fait de la toilette du patient, à la distribution des plateaux repas, à s'occuper de sa sortie de l'institution et réfléchir sur les aides à mettre en place pour assurer la bonne transition de la situation plus bien sûr les soins des patients dont elle a la charge.
En gros, le rapport numérique dans un service Aides/Infirmières est inversé (j'exagère à peine) comparé à ce que l'on trouve en France.
Les soins sont globaux. L'interdisciplinarité et l'inter culturalité sont une réalité quotidienne. La plupart du personnel vient de l'étranger : peu de Suisse, Français, Québécois, Portugais, Espagnol, Anglais, Hollandais... parce qu'il n'y a pas assez de personnes qui se forment ici ou qu'elles arrêtent assez vite.

Les formations de soins infirmiers, qu'ils soient de bases ou post grades, étaient jusqu'il y a peu reconnu par la Croix Rouge Suisse.
Depuis 2 ans la confédération en a repris la responsabilité.
Actuellement, existe une différence de formations de base en soins infirmiers entre la Suisse Allemande (90 % en Ecoles spécialisées, ou la maturité = baccalauréat n'est pas obligatoire. La majorité d'entre eux n'en ont pas) et la Romandie (100% en Haute école de santé Arc (HES), ou la maturité est obligatoire, niveau des études de type universitaire). A terme on n'en espère qu'une... au mieux une reconnaissance identique des deux.

Depuis 1975, il existe des traités qui reconnaissent les diplômes de bases obtenu de part et d'autre de la frontière. Ils ont été réactualisés depuis au niveau européen.
Quant aux formations post grades acquises ici ou à l'étranger, elles sont plus difficiles à faire reconnaître à l'étranger si elles ne représentent pas plus de 900 h.

La conscience politique (surtout quand on vient de France) est très différente. Le droit de grève est tabou, presque interdit selon le canton. Les représentations syndicales et les conventions collectives encore balbutiantes, voire très mal vues par l'employeur.
Les choses bougent, mais lentement.
Le mode de vie est aussi différent : mentalité, habitudes de vie, relation à l'autre, à la règle et à l'autorité. Pour un Français ce n'est pas toujours très évident selon le Canton dans lequel il se trouve.

Si le salaire de base est plus important ici (environ 4000 CHF/mois + 13e salaire selon les cantons), le niveau de vie va aussi avec. Les assurances maladies de base sont obligatoires, leurs primes sont variables d'un canton à l'autre, mais elles ont les mêmes prestations quelques soient les caisses (privées). Les complémentaires sont non obligatoires, au prix et aux prestations variables d'une caisse à l'autre.

Laurent Chabal Vice-président et Secrétaire de la SAfW - section Romande (Association Suisse pour les Soins de Plaies) l.chabal@bluewin.ch

8. Liens utiles

9. Conclusion

Pour conclure, on peut dire le système de formation des infirmières en Suisse est relativement différent du système français. Cependant les diplômes sont équivalents et permettent donc la mobilité de leurs titulaires entre ces pays. Il y a des possibilités pour les français de partir travailler en Suisse. La pénurie d'infirmière en Suisse est nettement moindre que celle qui sévit dans les autres pays européens ce qui rend les conditions de travail meilleures mais cela peut également être une limite à l'embauche du fait que le besoin en force de travail est moins importante.

Guy ISAMBART
Rédacteur en chef Infirmiers.com
guy.isambart@infirmiers.com

Source : infirmiers.com