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La pharmacie du nouvel hôpital d'Annecy entièrement automatisée

Publié le 07/05/2008

Le nouvel hôpital, construit sur la commune de Metz-Tessy, au nord de l'agglomération à 5 km du précédent site, accueille ses premiers patients mardi. La procédure de transfert des différentes activités de soins va s'échelonner jusqu'au 4 juin, indique la direction de l'établissement.

L'établissement entièrement neuf a une capacité de 652 lits et places, sur plus de 54.000 m2, et présente un accès facilité par de grands axes routiers. Il a mobilisé un investissement de 227 millions d'euros.

Il présente la particularité d'avoir complètement automatisé la pharmacie, avec une prescription informatique au lit du patient qui est envoyée à la pharmacie où l'automate prépare et distribue les médicaments vers les services clients.

Le passage à l'automatisation permet d'assurer la sécurité du circuit du médicament avec un conditionnement unitaire offrant une dispensation nominative avec une traçabilité complète, souligne Yann Majchrzak, coordonnateur des soins médicotechniques au CH d'Annecy, interrogé par l'APM.

Pour l'instant, la prescription informatisée est faite sur des postes fixes dans les services, mais elle sera prochainement réalisée au lit du patient sur des tablettes multi-media quand celles-ci seront livrées.

Les prescriptions arrivent directement à l'automate dans la pharmacie qui se situe dans un bâtiment déporté des services de soins.

L'automate réalise le conditionnement unitaire des médicaments en découpant les blisters et en stockant les éléments unitaires dans des boîtes sécurisées pucées puis il les déstocke selon les prescriptions en mettant chaque pièce sous sachet avec un code barres qui permet de connaître notamment le numéro de lot et la date de péremption.

Chaque ligne d'ordonnance donne lieu à un sachet et les différents sachets correspondant à un patient donné sont assemblés avec un anneau scellé. L'automate produit ainsi pour chaque patient un anneau pour le matin, le midi et le soir/nuit.

"Auparavant, on perdait la traçabilité de 65% des médicaments à partir du moment où on découpait le blister", note l'ingénieur.

Les sachets assemblés sont ensuite convoyés vers les services de soins par les tortues, systèmes de transports automatisés filoguidés qui s'occupent de tous les flux logistiques. Les services cliniques reçoivent des caisses qu'ils placent dans leurs armoires avant que le personnel dispense les médicaments aux patients.

Ce système automatisé fonctionne pour 80% des médicaments. Pour les 20% restants -des solutés, pommades, flacons, seringues-, c'est un "picking manuel". Chaque élément est pris dans les espaces de stockage de manière manuelle.

Pour les urgences, un système de pneumatiques est prévu. Pour les solutés et dispositifs médicaux, la livraison est effectuée trois fois par semaine dans les services qui disposent d'une dotation présentée dans deux boîtes, selon le principe plein/vide. Le personnel doit toujours piocher dans la première boîte et le fait d'en vider une déclenche l'approvisionnement d'une nouvelle boîte.

Le CH d'Annecy a opté pour un automate italien, de la société Sinteco. Unique en France, cet automate est plus modulaire que celui de Swisslog, l'autre fournisseur d'automates en Europe. A Annecy, il y a deux machines pour la mise en sachets et huit unités de stockage. L'installation pourra être étendue en fonction de l'évolution de l'activité et le fait d'avoir plusieurs machines plutôt qu'un gros ensemble permet de pallier d'éventuelles pannes.

Trois autres établissements s'y sont mis en France mais avec d'autres systèmes. Le CH de Meaux utilise l'appareil de Swisslog depuis deux ans, le CHU de Toulouse a expérimenté un appareil plus ancien et les Hospices civils de Lyon (HCL) sont en test pour cinq établissements avec Swisslog, indique l'ingénieur d'Annecy.

"La machine est très simple d'utilisation et son caractère modulable permet une montée en charge. Elle peut même convenir à de petits établissements", ajoute-t-il. "Nous avons vu fonctionner l'installation de Sinteco en Italie, à Gênes, pour 1.000 lits où elle va être déployée pour 3.000 lits".

UN INVESTISSEMENT NEGLIGEABLE FACE AUX ECONOMIES ATTENDUES

L'équipement a représenté un investissement de 2 millions d'euros, auquel il faut ajouter le coût du consommable, mais des projets de recyclage des sachets en plastique sont en réflexion.

L'investissement est assez négligeable au regard des économies attendues, estime Yann Majchrzak.

L'automatisation a permis de réaliser le conditionnement unitaire en ne recrutant que quatre équivalents temps plein (ETP) de préparateurs en pharmacie pour les 10.000 doses unitaires par jour qui desservent 1.000 lits (652 lits et places plus la psychiatrie et la gériatrie).

Sinon, il en aurait fallu 14 pour réaliser à la main tous ces sachets et les étiqueter. En outre, le travail aurait été peu valorisant pour le personnel, ce qui n'aurait pas favorisé sa fidélisation. La littérature estime le taux d'erreur entre 8 et 15% des préparations manuelles.

De plus, l'automatisation libère du temps infirmier dans les services de soins qui sont régulièrement en pénurie de personnel. Les infirmiers n'ont plus à préparer les piluliers à partir d'armoires à pharmacie. Ce gain a été estimé à 700 heures par jour, temps qui va pouvoir être réaffecté à des tâches auprès des patients.

La prescription informatisée, en place depuis plus d'un an, participe à la lutte contre la iatrogénie. De nombreux protocoles tout prêts ont été créés en fonction des situations cliniques, ce qui aide les médecins et surtout les internes pour leurs prescriptions en simplifiant la saisie. Le système analyse les prescriptions et expédie des alertes aux pharmaciens en cas d'incompatibilité. D'après la littérature, l'économie sur la iatrogénie est estimée entre 650 et un million d'euros.

En outre, le circuit gère les retours de doses unitaires non utilisées dans les services et qui reviennent à la pharmacie. Après vérification de l'intégrité de l'emballage, elles sont tout simplement mises en vrac et l'automate les réintègre en lisant le code barres et en tenant compte de la date de péremption. Ce recyclage devrait permettre des économies substantielles.

Dans le futur, l'équipe souhaite pouvoir faire ces doses unitaires de manière automatisée pour les sirops également.


Source : infirmiers.com