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IDEL

"La perte de trois kilos chez un sujet âgé est un signe d’alarme !"

Publié le 02/10/2019
sympo Nestlé JNIL 2019

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La 6e édition des Journées Nationales des Infirmiers Libéraux (JNIL) s’est tenue les 23 et 24 septembre derniers. C’est dans ce cadre que le Pr Agathe Raynaud-Simon du service de gériatrie de l’hôpital Bichat (Paris) et Elise Lafon, infirmière coordinatrice à la Maison des Ainés et des Aidants (M2A) à Paris Nord-Ouest, sont intervenues pour aborder le sujet de la dénutrition des personnes âgées lors d'un symposium organisé par Nestlé Health Science. Les IDEL sont souvent en première ligne auprès du sujet âgé. Leur rôle pour la prévention, le dépistage et le soutien nutritionnel est primordial.

 "Sur 191 personnes âgées suivi par un généraliste, les deux tiers recevaient des compléments nutritionnels oraux."

Estimée à environ 4 à 10% chez les personnes âgées vivant à domicile, la prévalence de la dénutrition atteint 25% chez celles qui bénéficient d’aides à domicile. Bien que les infirmiers libéraux aient un rôle central auprès du sujet âgé, il n’est pas toujours évident de détecter la dénutrition dont les causes sont plurifactorielles.

Pour faire face à cette problématique, il convient tout d’abord de définir ce que recouvre le terme de dénutrition et de comprendre pour quelles raisons les personnes âgées y sont aussi vulnérables. Sur le plan nutritionnel, plus l’on vieilli, plus l’on grossi. L’IMC d’un sujet de 24 ans est aux alentours de 22,4 tandis que l’IMC moyen d’une personne de 65 ans est d’environ 26,5. L’imc et la prévalence de l’obésité augmentent jusqu’à 65 ans environ. Après 65 ans, on s’aperçoit que cette prévalence diminue et qu’il y a un certain nombre de personnes qui perde du poids. La question est de savoir si cette perte de poids est une bonne ou une mauvaise chose. Les données de la littérature nous incitent à dire que de perdre du poids après l’âge de 65-70 ans, n’est pas une bonne chose. Lorsque l’on perd plus de cinq kilos en cinq ans, le risque de décès est multiplié par deux dans les cinq ans à venir. La perte de trois kilos est un signe d’alarme, la perte de cinq kilos a un impact en terme de survie.  Dès qu’une personne âgée commence à perdre du poids, il y a un retentissement sur la mortalité et sur la dépendance, prévient le Pr Agathe Raynaud-Simon.

Fragilité nutritionnelle et musculaire

En plus de l’IMC, la sarcopénie rend les personnes âgées encore plus vulnérables au problème de la dénutrition. La sarcopénie est la perte de masse musculaire au cours du vieillissement. Plus on vieilli, plus on perd du muscle et on prend du gras. La perte de masse musculaire au moment d’une dénutrition ou d’un évènement stressant, va durer dans le temps dans la mesure où le sujet âgé ne va pas facilement ‘refaire du muscle’, explique le Pr Raynaud-Simon. Les personnes âgées dénutries vont tomber, se fracturer, perdre leur autonomie, leurs capacités fonctionnelles, leurs défenses immunitaires et vont être institutionnalisées plus que les autres. En cas d’hospitalisation, il y a plus de complications médicales et la phase de convalescence est généralement plus longue, ajoute le praticien.

Bien que les infirmiers libéraux aient un rôle central auprès du sujet âgé, il n’est pas toujours évident de détecter la dénutrition dont les causes sont plurifactorielles.

MNA, le test pour lutter contre la dénutrition

En 1994, Nestlé a développé un test pour évaluer en quelques minutes l’état nutritionnel des personnes âgées, le Mini-Nutritional Assessment (MNA). À travers six questions de dépistage des symptômes du patient (appétit, poids, motricité…), le MNA permet d’obtenir un score soumis à une interprétation : à plus de douze points, le sujet âgé n’a pas de problème de dénutrition. À moins de douze points, il est recommandé de continuer le test.





"Le repérage d’une dénutrition ou d’un risque de dénutrition est un réel travail d’enquête"

Si l’indicateur le plus sensible pour repérer la dénutrition est l’observation d’une perte de poids sur la balance, les critères dans la vie courante ne sont pas aussi précis. Une perte d’appétit, la difficulté à se lever d’une chaise, à monter les escaliers ou une marche lente, sont révélateurs d’une perte musculaire. L’infirmier libéral a un rôle de lanceur d’alerte. Elise Lafon, infirmière coordinatrice à la Maison des Ainés et des Aidants (M2A) est intervenue sur la prise en charge au quotidien, sur le terrain : Tout ce que vous allez observer va concourir au dépistage de la dénutrition. Le repérage d’une dénutrition ou de son risque repose sur une véritable enquête. Il va falloir identifier ce que l’on recherche. Par exemple, certaines pathologies telles que les cancers, l’insuffisance cardiaque, l’hyperthyroïdie, les pathologies rhumatismales ou les réparations cellulaires, vont potentiellement engendrer un risque de dénutrition accrue. Il en est de même pour la démence ou les troubles amnésiques. La personne ne va pas savoir si elle a déjà mangé. Elle ne va pas non plus réussir à s’organiser, à planifier ou à cuisinier. Les douleurs localisées dans la bouche ou ailleurs sur le corps ont aussi un impact sur l’appétit. La personne âgée a-t-elle suffisamment d’aide à domicile ? Est-elle dans une précarité économique ? Souffre-t-elle d’isolement social ? A-t-elle vécu un deuil, un choc affectif ou un changement dans ses habitudes de vie comme une entrée en ehpad ? Sont autant de questions à se poser pour établir les causes socio-économiques. Une fois que l’infirmier sait ce qu’il recherche et qu’il a en tête toutes les différentes causes qui peuvent mener à une dénutrition, comment agir pour y remédier ? Pour Elise Lafon, il faut se fier à son sens de l’observation et se baser sur un interrogatoire (avez-vous perdu du poids ? Combien et depuis quand ? Est-ce associé à une perte d’appétit ? Êtes-vous fatigué ? Prenez vous plusieurs médicaments ? Quelles sont vos habitudes alimentaires ? Comment se passe l’approvisionnement en courses ? Qui s’en charge ?). L’infirmière recommande aussi d’interroger l’entourage pour alimenter la recherche.

La dénutrition est fréquente chez les personne âgée. Elle est potentiellement grave car elle peut conduire au décès. Nous devons expliquer à la personne âgée pourquoi nous nous intéressons à la dénutrition et à quel point c’est important pour son autonomie, sa qualité de vie.

Quelques conseils contre la dénutrition…

• Sensibiliser sur les risques et conséquences de la dénutrition;
• Trois repas par jour et une collation (alimentation suffisamment riche en protéines avec de la viande, du poisson et des laitages; des fruits et légumes pour les fibres et les vitamines);
• Boire sans soif;
• Pratiquer une activité physique même accompagné d’un auxiliaire de vie (faire ses couses à pied, continuer à faire son brin de ménage, faire sa toilette);
• Signaler la perte de poids au patient, à son entourage et au médecin traitant.





Parce que les causes de la dénutrition sont plurifactorielles...

En cas de dénutrition sévère ou d’échec des mesures précédentes, les compléments nutritionnels oraux (CNO) permettent d’apporter une quantité de calories et de protéines en complément de l’alimentation traditionnelle. Sur prescription médicale, ces compléments sont remboursés aux patients dénutris. Les compléments oraux ont un réel intérêt dans la prise en charge de la dénutrition. Nestlé a développé des formats différents : des crèmes desserts, des boissons lactées, des biscuits, des jus de fruits, des soupes. Notre rôle et de s’assurer que la personne les prend et si elle ne les prend pas, de comprendre pourquoi et d’y remédier en variant le parfum et la forme, conseille Elise Lafon. Selon une récente étude (ENNIGME), sur 191 personnes âgées suivi par un généraliste, les deux tiers recevaient des CNO. Les compléments augmentent l’appétit et si ils sont bien pris, ils permettent de limiter l’hospitalisation chez les personnes âgées à domicile, ajoute le Pr Agathe Raynaud-Simon.

Les causes de la dénutrition sont plurifactorielles. Pour y répondre, il faut être pluriprofessionnel. L’orientation du premier choix est médical : médecin traitant, gériatre . Si vous présentez que le médecin ne va pas répondre à tout, il existe des structures médico-sociales avec des réseaux de soins qui peuvent être un appui intéressant pour vous apporter de l’aide dans la prise en charge quotidienne de la dénutrition. La Maison des Ainés et des Aidants (M2A) est un regroupement de différentes structures qui oeuvrent pour le sujet âgé (évaluation gériatrique à domicile, conduite d’un plan de soin structuré) avec les compétences d’infirmiers, gériatres, psychologues et ergothérapeutes, fait savoir l’infirmière coordinatrice à la M2A Paris Nord-Ouest. Les organismes sociaux tels que les Centres Locaux d’Information et de Coordination (CLIC), les Centres communaux d’Action Sociale (CCAS) ou encore L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA), constituent également des relais.
 
La dénutrition est fréquente chez les personne âgée. Elle est potentiellement grave car elle peut conduire au décès. Nous devons expliquer à la personne âgée pourquoi nous nous intéressons à la dénutrition et à quel point c’est important pour son autonomie, sa qualité de vie, ont conclu les intervenantes.

Inès Kheireddine

Cet article est le compte-rendu du symposium "Dénutrition chez les personnes âgées à domicile : comment y faire face ?" organisé le lundi 23 septembre 2019 par Nestlé Health Science dans le cadre des JNIL 2019


Source : infirmiers.com