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La maturité des patients, une nouvelle chance pour le système de soins

Publié le 17/03/2004

Lancé par les quatre Ordres nationaux des professionnels de santé (médecins, pharmaciens, sages-femmes, chirurgiens-dentistes), un débat sur la "maturité" des patients a permis de faire le point sur l'attitude des soignés deux ans après le vote de la loi sur les droits des patients.

"S'il n'y a pas maturité, du moins, y a-t-il maturation des patients", a témoigné Pierre Lascoumes, directeur de recherche au CNRS et représentant engagé du Collectif inter-associatif pour la santé après avoir milité à Aides. "Ce qui me frappe c'est qu'il y a davantage un effet de déstabilisation des professionnels de santé plutôt qu'une agression des patients envers les médecins", analyse-t-il.

S'appuyant sur le fait que l'accès à l'information est devenu plus aisé, soit par l'usage d'Internet, soit par le recours aux associations, Pierre Lascoumes remarque notamment que les Français adoptent une nouvelle attitude positive. "Ils comprennent que le médecin ne peut tout savoir ou qu'il ne peut avoir réponse à tout. A tout choisir, ils préfèrent le modèle du médecin qui partage et les informations et ses interrogations".

Pierre Lascoumes s'inquiète cependant des graves lacunes sur l'enseignement des droits des malades et la relation médecin-malade au cours des études médicales.

Un point de vue que ne renie pas Jacqueline Girona, secrétaire générale du Conseil national de l'Ordre des sages-femmes qui a constaté dans sa pratique quotidienne que certains médecins n'avaient pas encore adopté une attitude "d'écoute des patients". Deux ans après la loi Kouchner, "le paternalisme médical n'a pas encore complètement disparu", fait-elle remarquer, même si, reconnaît-elle, l'organisation des Etats généraux contre le cancer et les Etats Généraux de la Santé ont constitué un véritable "électrochoc".

"Maintenant les femmes ne sont plus passives, elles posent des questions. Il faut leur apporter une réponse", recommande la sage-femme, tout en reconnaissant que les patientes oublient parfois leurs devoirs.

UN POINT DE VUE QUÉBÉCOIS

Grand témoin de ce débat, Jean Rochon, ancien ministre de la Santé du Québec, a fait remarquer que l'information du patient était le gage de la réussite du traitement surtout en cas de maladies chroniques. En conséquence, non seulement, il faut la partager mais aussi ne pas s'étonner que certains patients soient parfois plus instruits que les médecins.

Enfin, a-t-il souligné, rejoignant la nouvelle donne de la loi française, le choix du traitement doit appartenir, in fine, au patient. "Dans ces conditions, il arrive que les patients fassent un choix que les médecins n'auraient pas fait, il faut le respecter", dit-il en prenant soin d'indiquer que le Québec ne connaît pas pour autant une judiciarisation de la santé à l'américaine.

Reste le débat sur la régulation économique du système de soins à partager entre médecins et patients. La responsabilisation du patient ne pourra vraiment se faire que lorsqu'on proposera aux patients "de bons schémas" d'accès aux soins, plaide Pierre-Jean Lancry, secrétaire général du Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie. Cet expert ne croit pas en l'efficacité de mesures telles qu'une participation financière d'un ou deux euros par acte de soins./yg


Source : infirmiers.com