Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

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La fabuleuse histoire de mon stage en maternité

Publié le 06/12/2010

Johanna, élève auxiliaire de puériculture, raconte son premier jour de premier stage. C’est un choc, rude. Mais lisez donc pourquoi …

Pour des raisons évidentes de confidentialité, les noms propres ont été changés.
Lundi 6 octobre, J0 : le débarquement.

J'arrive à 8h15, toute enthousiaste, à l'accueil de la clinique où je demande la maternité. La secrétaire, sans même me regarder, me répond d'un air dédaigneux.

Et oui la journée commence bien !

J'accède au poste infirmier de la maternité où je me présente, et là, les sages femmes et les auxiliaires de puériculture (AP) me disent : "Tu patientes dans le couloir le temps qu'une stagiaire AP vienne te montrer le vestiaire."

Et plantée là dans le couloir commence 20 très longues minutes à observer la nurserie.  Premier choc de la journée ! Tiens ! Je remarque qu'il y a une traînée de tâches noires sur le sol. Enfin, la stagiaire arrive. Ouf ! Je me change puis remonte en nurserie. Je me présente à une personne qui me semblait organiser la répartition des tâches. Là, Mlle A. (AP) m'explique que je suis en observation aujourd'hui avec une stagiaire AP, que je la regarderai faire les bains et que je l'accompagnerai dans ses tâches. A ce moment, estimant que nos avions à peu prés le même âge, je me suis permise de lui dire : " On pourrait peut-être se tutoyer " et là elle me refroidit net en me disant : "Non ! Surtout pas le premier jour". Deuxième choc de la journée.  Je suis donc rattachée à une élève AP présente sur le lieu une semaine avant moi ! J'assiste aux bains de deux petites filles (réalisés par l’élève).

Mon 1er bain avec une petite fille : Hawa, pauvre petite Hawa ! Elle avait du méconium que l'élève ne s'est pas privée de remonter au niveau du pubis. Troisième choc de la journée ! J'observe qu'on lui prend la température à l'anus… Elle passe au bain sans se laver les mains… Comme elle ne maintient pas la tête, en reposant Hawa sur le matelas à langer (au sortir du bain), elle lui déclenche le fameux réflexe de MORO… Elle sèche le bébé puis met la couche et le laisse à l'air sans aucune enveloppe le temps de faire le soin du cordon. Evidemment, Hawa pleure.

Quatrième choc de la journée. La maman donne à l'élève AP les habits qui portent encore des autocollants commerciaux et, là, je me dis : « La maman n'a pas pris soin de laver les habits de sa petite et dire que ces habits n'étaient même pas emballés ». Enfin, arrive un moment solennel : le soin du cordon..... Après un petit coup de SHA (dont on aura touché la pompe avec les mains), l’élève AP se lance avec une compresse stérile imbibée de Chlorexidine ; elle passe du haut de la pince à la base de l'ombilic ramenant ainsi les germes sur la base. Puis, le flacon d'éosine entre en contact avec l'ombilic lors de son application.

Dans cette maternité, pour le lavage du nez chez le nouveau-né - qui consiste quasiment en une DRP- une pression est faite sur la dosette de sérum placée dans le nez de l'enfant. Afin de faire sortir l'excédent, elle l’assoit sur le matelas en le maintenant au niveau des aisselles, la tête ballante, dos rond.

Le deuxième bain se déroule quasiment de la même façon. En plus, la petite Sarah a été malade. Lors du change, avant le bain, la petite fille montre des signes de nausée, elle ouvrait grand la bouche. C'est à ma demande et à celle de la maman que l’élève retourne la petite fille dans une position facilitant le renvoi. Et, lorsque Sarah a fini de vomir des glaires, l’élève lâche sa tête face contre le vomi. Elle savonne le bébé sans changer d'absorbex puis redépose la petite fille sur le même absorbex souillé après le bain. Remarquant qu'elle avait oublié la couche, l'élève va chercher un paquet qu'elle ouvre sur le matelas de change sur lequel se trouve  Sarah.

A ce moment, une des AP me demande pour que j'assiste une maman primipare pour son second bain ; j'accepte. Me voilà donc face à une maman, pour la première fois, seule. Je fais couler le bain je m'assure que tout le matériel est à disposition, que la pesée et la température ont été relevées. Le bébé est sur le plan de change nu. J'observe que la maman a les traits tirés, je lui propose une chaise qu'elle accepte.
Je commence le savonnage de la tête, hors du bain.

Et là, je la vois qui pleure ; elle me dit : « Ca ne va pas, je  n'y arriverais pas ». Alors, je lui parle tout en continuant le savonnage. J'essaye de la rassurer. Je lui ai dit : « Il n’y a pas de raison que vous n'y arriviez pas. Il faut avoir confiance en vous. Vous avez un beau bébé qui n’a qu'une maman et  qui compte sur vous ». Déjà, je sentais la pression descendre.

Ensuite, Mlle A me rappelle à l'ordre : « Vous êtes pour l'instant dans l'observation ». Mlle B intervient et lui annonce à mon sujet : " Si elle a fait le bain, c'est parce que je lui ai un peu demandé". Et là, je me dis qu'il faudrait qu'elles accordent leurs violons. Je leur transmets immédiatement la détresse que j'ai perçue chez la maman et là on me dit : " Celle-là, c'est une TDB, ça fait 5 jours qu'elle a accouché elle veut rester 4 semaines, elle veut un abonnement". Je demande ce qu'est une TDB pensant que c'est une abréviation médicale et je découvre que cela signifie "tombée du bus" ! Alors oui ! C'est vrai, je suis sensibilisée aux problèmes relationnels maman-bébé au moment de la naissance.

Il y a deux ans, sans ce travail de recherche et de réflexion, peut-être aurai-je réagi de la même façon ? Mais en tant que professionnels, ne devons nous pas rester dans l'empathie et le non jugement ? J'ai été confrontée de façon tellement brutale à leur réaction de mépris face à cette maman en détresse que j'ai été choquée.

J'ai pu observer à quel point l'idée qu’une maman soit en détresse face à son bébé est intolérable, même pour du personnel expérimenté, c'est quelque chose qui semble absolument intolérable.C'est fou comme ce genre de situation peut remuer des choses de notre subconscient.

Après, on m'a demandé mon aide pour distribuer les repas. Dès notre retour de déjeuner, les diplômées nous ont confiés la nurserie avec quelques bébés à nous élèves ! Intriguée par les tâches au sol, je prends du désinfectant détergeant, je frotte une tâche. Résultat : et une tâche en moins ! L'après midi une ASH passe et je me dis que les tâches devraient partir. Et bien non !
L'après- midi, nous avons désinfecté les berceaux des bébés partis, assuré le réapprovisionnement et la désinfection des plans de change-bains. Ensuite, nous avons fait la distribution de cadeaux.

Nous avons réalisé le travail d'une AS qui nous a confiés toutes ses tâches tandis qu'elle profitait allégrement d'un massage en poste infirmier ! J'ai donc participé à des réfections de lit, réapprovisionnement des charriots du linge de lit pour les mamans, déplacement des déchets. Bref, après-midi pas très excitante.

Avant de partir je me suis rendue au poste infirmier pour annoncer mon départ et là une sage-femme me dit : "Mais attends, Joanna, c'est des vrais ou des faux cheveux?" Bien drôle de question !
Une autre sage-femme arrive et dit : " La 212, je ne veux pas qu'elle accouche de nuit. Ce soir, c'est moi qui suis là  ; je vais la déclencher". On ne patiente plus même si le travail est efficace ?!

Ce fut donc le mot de la fin de ma journée déjà très riche. Je quitte le service en me demandant : « Est-ce que la majorité des services hospitalier fonctionnent ainsi c'est à dire avec un certain manque d'hygiène ? Est-ce que je noircis le tableau ? ».

Voilà Mme R. Je ne sais pas si je pourrais écrire chaque jour. Mais mon premier jour je tenais à l'écrire pour ne rien oublier.

A bientôt.


Source : infirmiers.com