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La déficience auditive, un mal silencieux

Publié le 09/03/2017

Plus répandue qu’on ne le pense, et alors qu’elle touche de plus en plus de personnes, la déficience auditive est un mal dont les conséquences peuvent être très handicapantes aux niveaux physique, psychologique et social. En parler, et accentuer la prévention, est devenu un sérieux enjeu de santé publique. La Journée nationale de l'audition, qui se tiendra le 9 mars 2017, est l'occasion d'aborder le sujet de la prévention et du dépistage.

Selon Santé Publique France, à 20 ans, un jeune sur deux a déjà été confronté à un trouble auditif.

Chez les plus de 60 ans, les troubles auditifs concernent une très large frange de la population : 40% des 60/70 ans souffrent d’une perte d’audition , et ils sont plus de 50% chez les plus de 80 ans (enquête JNA/IPSOS de 2013). Or les conséquences de ces pertes auditives sont lourdes : comme le montre l’étude Agirc-Arrco « Bien vieillir : de l’importance de bien entendre » publiée en septembre 2016, les troubles de l’audition chez les seniors entraînent des difficultés de communication, une perte de confiance en soi, et une tendance à s’isoler… Ce qui favorise le vieillissement des neurones. D’autres études ont d’ailleurs mis en exergue le lien entre capacités auditives et capacités cognitives.

Mais les troubles auditifs touchent de plus en plus de monde, et apparaissent de plus en plus tôt. Les jeunes d’aujourd’hui seront particulièrement concernés, et bien plus tôt que leurs aînés : ils mettent à mal leur capital auditif avec des habitudes et pratiques récréatives néfastes, et une exposition au bruit intense trop fréquente.

La dernière étude de l’Observatoire de la santé visuelle et auditive du groupe Optic 2000 a ainsi montré que les adolescents passaient désormais neuf heures par semaine à écouter de la musique avec casques et écouteurs. Comme le souligne le Dr Dagnaud, une partie importante de la jeunesse vit dans un bain musical presque constant… et bien trop intense. Conséquence : on estime que plus d’un jeune sur cinq souffre désormais d’une perte auditive (enquête JNA/IPSOS 2015). Or ces dommages sont irrémédiables, et entament définitivement le capital auditif : l’oreille ne se répare pas. Dans les années à venir, les troubles auditifs vont donc se répandre, et s’aggraver. Chez l’enfant et l’adolescent, une baisse de l’audition entrave la vie sociale mais aussi les apprentissages. Chez l’adulte actif, elle altère non seulement la qualité de la vie sociale et familiale mais aussi professionnelle. Mal entendre entraîne alors une dégradation de l’état de santé général et son cortège d’impacts psychologiques, alerte le Dr Bouccara, médecin ORL.

Un mal trop souvent négligé… et peu soigné

Pourtant, bien qu’un jeune sur cinq souffre d’une perte auditive , un sur quatre dit qu’il n’a pas envie de s’imposer des contraintes avec des gestes de prévention. En outre, très peu de jeunes consultent pour ce problème : d’après l’INPES, à 20 ans, un jeune sur deux a déjà été confronté à un trouble auditif… mais 10% seulement ont consulté un ORL. Un phénomène confirmé par le Pr Van Den Abbeele, qui affirme que relativement peu d’adolescents viennent consulter pour des symptômes d’exposition au bruit. Ce qui est inquiétant, car tout le monde doit se sentir concerné, rappelle Yves Guénin, le secrétaire général du groupe Optic 2000, spécialisé dans l’optique (réseaux Optic 2000 et Lissac) mais aussi dans l’audition , avec le réseau d’audioprothésistes Audio 2000).

Le taux d’équipement en appareils auditifs est bas également : l’UFC-Que choisir estime que le quart seulement des personnes souffrant d’une déficience auditive portent une audioprothèse. Le fait que la perte d’audition soit progressive, la peur d’être stigmatisé mais aussi le reste à charge important pour le patient expliquent cet état de fait. Jean de Kervasdoué, économiste au CNAM, constate pourtant qu’il y a peu de techniques médicales aussi efficaces avec peu d’effets secondaires et qui changent autant la vie des gens qui ne soient aussi mal remboursées.

Smartphones : quels impacts pour notre santé auditive ?

Le smartphone est l’objet connecté le plus présent dans notre quotidien. Il constitue tout à la fois un objet personnel, un objet de loisirs et de lien social. Il est présent à tous les instants de la vie. Les Français passent des heures leur smartphone à l’oreille. L’écoute de musique représente une des utilisations principales. Et cela n’est pas sans conséquence sur l’audition. A l’occasion de la 20e édition de la Journée Nationale de l’Audition, le collectif d’experts scientifiques de la JNA veut alerter les Français sur les risques de cette pratique qui menace notre système auditif. Ami ou ennemi de notre santé auditive ? L'oreille des jeunes est-elle menacée ? En effet selon l'enquête exclusive JNA-Ifop (mars 2017) :

  • 1 jeune sur 2 s'endort en écoutant sa musique via ses oreillettes ;
  • 65% des 15-17 ans écoutent la musique de leur smartphone principalement avec des oreillettes ce qui augmernte la dangerosité du fait de l'introduction des oreillettes dans le creux du conduit auditif ;
  • 91% des 15-17 ans écoutent leur musique dans les transports (généralement très bruyants) ce qui constitue un danger augmenté car il leur fait monter le niveau de son ;
  • 7 jeunes sur 10 écoutent de la musique plus d'une heure/j...

Source : JNA

De l’importance d’une vraie mobilisation en faveur de la santé auditive

Mal connus et aux conséquences souvent sous-estimées, les troubles auditifs doivent faire l’objet d’une vraie mobilisation : il faut informer, dépister et faire connaître les gestes de prévention. L’association JNA, qui organise chaque année la Journée Nationale de l’Audition au mois de mars, œuvre en ce sens : publication d’études, communication… En octobre, JNA organise désormais également la semaine de la santé auditive au travail, pour lancer la réflexion – et des actions - sur le bruit dans le milieu professionnel. L’OMS a également lancé une campagne de sensibilisation autour de la déficience auditive chez l’enfant, qui touche 32 millions d’entre eux dans le monde. Une déficience auditive invalidante qui est évitable dans 60% des cas… si elle est détectée assez tôt.

Le dépistage est donc essentiel, à tout âge de la vie. C’est pourquoi certaines enseignes vont à la rencontre des patients pour proposer des campagnes de dépistage gratuit. Dans le cas d’Audio 2000, c’est sur le Tour Auto Optic 2000, événement populaire qui rassemble un public nombreux, que des contrôles auditifs gratuits sont proposés au sein des « villages prévention » installés sur les étapes du Tour.  Des brochures d’information et des bouchons anti-bruit y sont également offerts. Et pour la première fois en juin 2016, le Synea (Syndicat National des Entreprises de l’Audition, qui rassemble les entreprises du secteur, comme Amplifon, Entendre, Audio 2000…) a organisé la Quinzaine de la Semaine Auditive. Au programme : des conseils, des informations, et du dépistage, au sein des 2500 centres adhérents. Comme l’explique Guillaume Flahaut, président du Synea : Les professionnels de l’audition ont ainsi souhaité se rassembler autour de cette initiative inédite pour rappeler que les troubles auditifs, non pris en charge, constituent des facteurs aggravants avérés de pathologies souvent très graves. Les pouvoirs publics doivent se saisir de la question. Il est en effet plus que temps de faire du bruit autour de cette question de santé publique !

La quasi-totalité des nouveaux-nés de la région lyonnaise ont bénéficié en 2016 d'un dépistage auditif via le centre expert des Hospices civils. A Lyon, chaque année, 70 bébés sont diagnostiqués sourds et 50 implants cochléaires sont posés chez des enfants de moins de 1 an.

Une campagne nationale de dépistage de l’audition

A l'occasion de la 20e journée nationale de l'audition, le 9 mars 2017, près de 2 500 acteurs de la santé et de la prévention partout en France informeront le public sur les moyens de prévenir les troubles auditifs. De plus, pour la première fois, des centaines de professionnels, audioprothésistes et services ORL des établissement de santé participants, proposeront au public d’effectuer un test de dépistage auditif. Cette campagne aussi permettra de dresser un état des lieux statistique de l’audition des Français. La liste des professionnels participants dans chaque région est disponible sur le site www.journee-audition.org.

A savoir que l’Association Européenne des Audioprothésistes (AEA) a chiffré à 178 milliards d’euros par an le coût sociétal de la mal-audition en Europe. L’OMS estime pour sa part à 750 milliards de dollars  par an le coût du déficit auditif non pris en charge dans le monde et constate qu’agir contre la perte auditive est un investissement judicieux. C'est la raison pour laquelle la mobilisation pour améliorer la prévention et la prise en charge du déficit auditif est desormais portée aux niveaux européen et mondial.

Gilles BERTAND   Infirmier libéralgil.bertand@caramail.fr

Redaction d'infirmiers.com


Source : infirmiers.com