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INFOS ET ACTUALITES

La contraception d'urgence est encore peu utilisée 10 ans après sa mise en vente libre

Publié le 28/05/2009

"Le bilan de ces 10 ans en vente libre est très positif", a estimé Erin Gainer, présidente du directoire d'HRA Pharma. "La vente libre favorise le recours à la contraception d'urgence" et le produit est utilisé de manière responsable, mais la contraception d'urgence "reste largement sous-utilisée", a-t-elle ajouté.

Le nombre de rapports à risque liés à une mauvaise utilisation de la pilule contraceptive ou du préservatif est évalué à 24 millions chaque année, mais seulement 1,21 million d'unités de contraception d'urgence ont été délivrées en 2008 en France, a noté HRA Pharma.

Cela représente malgré tout une augmentation de moitié par rapport aux ventes réalisées en 2004, note-t-on.

Une femme sur trois est potentiellement exposée au risque d'une grossesse non prévue en un an, mais seulement 11% d'entre elles utilisent la contraception d'urgence, selon des chiffres 2006 de l'enquête COCON.

L'enquête COCON est une cohorte socio-épidémiologique sur les pratiques contraceptives et le recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en France, incluant 2.863 femmes âgées de 18 à 44 ans.

La sous-utilisation n'est pas liée à une méconnaissance de la contraception mais à une perception d'absence de prise de risque, a estimé le Dr André Ulmann, président du conseil de surveillance d'HRA Pharma. "Il reste beaucoup à faire dans ce domaine", a-t-il ajouté.

De nombreuses femmes n'utilisent pas la contraception d'urgence car elles ne savent pas qu'elles sont à risque de grossesse, en raison d'idées fausses, ne sachant pas par exemple que ce risque existe au cours de l'ensemble de leur cycle, et non seulement autour du 14ème jour, a commenté le Dr Elisabeth Aubeny, présidente de l'Association française pour la contraception (AFC).

Les femmes "se sont largement approprié" le produit. Elles l'achètent en officine sans prescription médicale dans 97% des cas. Dans 24% des cas il s'agit d'une délivrance gratuite pour une mineure, a-t-elle précisé.

La délivrance par les infirmières scolaires reste stable, avec environ 6.000 unités délivrées par an suite à 15.000 demandes.

Par ailleurs, l'étude COCON a montré que pour 71% des femmes, la prise de contraception d'urgence ne s'accompagne pas de changement de situation contraceptive dans les six mois suivants. Mais pour une femme sur cinq, la prise de Norlevo* s'accompagne d'un changement pour une méthode contraceptive plus efficace dans les six mois suivants.

"La contraception d'urgence ne détourne pas de la contraception régulière et ne devient pas en elle-même une contraception", commente l'épidémiologiste Caroline Moreau, de l'Inserm, dans le dossier de presse.

Caroline Moreau estime qu'il faut développer les campagnes d'information s'adressant à toutes les femmes, notant la nécessité de s'adresser aussi aux plus de 25 ans, qui sont moins bien informées.

BESOIN DE FORMATION DES PHARMACIENS

Jean Lamarche, de l'Ordre des pharmaciens, a rappelé lors de la conférence de presse que les débuts de la mise en vente libre ont été difficiles car les pharmaciens n'étaient pas bien préparés, en raison d'un manque de formation, une absence d'espaces de confidentialité pour la délivrance aux mineures, ou encore quelques réticences.

S'il y a "encore des efforts à faire, les choses s'améliorent", a-t-il estimé, sans pouvoir apporter de données chiffrées en la matière. Il y a cinq ans, il avait notamment été estimé que seuls deux pharmaciens sur trois délivraient gratuitement la contraception d'urgence aux mineures, rappelle-t-on.

A ce propos, HRA Pharma va lancer une campagne d'information pour proposer aux pharmaciens de suivre une formation sur la contraception, agréée par l'Ordre des pharmaciens.

Les officinaux intéressés pourront recevoir des outils pour informer leur patientèle, tels que des kits ou dépliants, ainsi que des affiches et présentoirs avec le message "la contraception d'urgence, un réflexe pour une seconde chance".

"Au début, beaucoup de jeunes se plaignaient qu'on ne leur délivrait pas cette pilule gratuite. Ils s'en plaignent beaucoup moins", ce qui témoigne d'une "situation plus facile avec le pharmacien", a indiqué Marie-Catherine Chikh, responsable du Fil santé jeunes, une plateforme téléphonique.

Chaque année, le Fil santé jeunes reçoit 45.000 appels, dont la moitié concerne la sexualité et la contraception, avec 2.500 appels dont l'objectif principal concerne Norlevo*.


Source : infirmiers.com