Pour la première fois depuis la loi Évin, la consommation de tabac est en hausse. Elle serait due à l'augmentation de la consommation féminine et à un effet générationnel (26-34 ans chez les hommes, 45-64 chez les femmes). Elle montre que l'interdiction de fumer dans les lieux publics n'a pas eu l'effet attendu.
Le baromètre santé 2010 de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes-18 octobre 2010) montre que la baisse du tabagisme observée en population masculine depuis les années 1970 semble désormais stoppée et on observe une reprise du tabagisme féminin, en particulier chez les femmes nées entre 1945 et 1965. La part de fumeurs quotidiens parmi les 15-75 ans a augmenté de deux points entre 2005 et 2010, passant de 26,9% à 28,7%.
"Si l'on resitue cette évolution récente dans un plus long terme, on constate que c'est la première hausse véritablement significative du tabagisme depuis la loi Evin", souligne l'Inpes.
L'évolution de la prévalence tabagique se révèle assez différenciée selon l'âge. Chez les hommes, la hausse concerne principalement les 26-34 ans et chez les femmes, celles de 45 à 64 ans (+7 points sur cette tranche d'âge). Elle est relativement modeste voire inexistante sur les autres tranches d'âges.
L'Inpes estime que cette hausse résulte probablement d'un effet génération. Elle correspond au fait qu'un nombre important de femmes de ces générations, qui se distinguent particulièrement de la précédente en termes de tabagisme (plus de 60% des femmes nées entre 1936 et 1945 n'ont jamais fumé contre 50% de celles nées entre 1946 et 1955), ne sont pas sorties du tabagisme. L'Inpes suggère que les femmes de 45 à 64 ans soient la population à cibler lors des prochaines campagnes.
Parmi les plus jeunes, l'écart entre les sexes qui diminuait depuis plusieurs décennies pourrait à nouveau se creuser sous le coup d'une reprise du tabagisme des garçons. "Les prochaines enquêtes auprès des adolescents permettront de se prononcer sur le caractère durable de ce qui semble être une hausse du tabagisme des jeunes observée dans le Baromètre santé, et qui fait suite à une forte baisse observée depuis la fin des années 1990", souligne l'Inpes.
Des inégalités sociales qui se creusent
Au regard des évolutions par niveau d'éducation et catégories sociales, les inégalités sociales face au tabagisme semblent se creuser, ou à tout le moins se maintenir.
Les chômeurs présentent la hausse la plus forte entre 2005 (43,5% de fumeurs quotidiens) et 2010 (49,6%). Les actifs occupés apparaissent en légère hausse (33,2% en 2010 vs 30,8% en 2005), tandis que les étudiants présentent une prévalence stable à 23,5% pour le tabagisme quotidien. Chez les étudiants cependant, le tabagisme occasionnel atteint 9% en 2005 comme en 2010.
Parmi les actifs occupés, alors que le tabagisme quotidien a fortement augmenté chez les employés, population très féminine (de 29,0% à 33,9%), et chez les agriculteurs (de 11,6% à 19,0%), il a augmenté de manière moins nette chez les artisans, commerçants et chefs d'entreprise et les ouvriers, alors qu'il est resté assez stable chez les professions intermédiaires et chez les cadres.
Par rapport au niveau de diplôme, alors que la prévalence du tabagisme quotidien a augmenté parmi les personnes sans diplôme (de 30,2% à 32,8%), parmi les diplômés de niveau inférieur au bac (de 27,0% à 29,8%) et parmi les diplômés de niveau bac (de 27,8% à 29,3%), elle a diminué parmi les individus de niveau supérieur au bac (de 26,4% à 25,4% pour les bac+2 et de 19,7% à 18,6% pour les bac+5 ou plus). Les écarts de prévalence en fonction du diplôme augmentent donc.
L'Inpes pense que cette population est peut-être moins réceptive aux messages actuels de prévention sur le tabac et que la cigarette a aussi un effet anxiolytique dans une période de difficultés sociales. Il s'interroge sur l'impact de la politique de hausse des prix du tabac auprès de cette population qui risque de renforcer la paupérisation. "Ce constat ne doit pas freiner la lutte antitabac mais il conduit à souligner la nécessité de concevoir et de mettre en oeuvre d'autres actions d'incitation à l'arrêt et/ou des actions spécifiques complémentaires, en direction des fumeurs des milieux défavorisés", indique l'Inpes.
Le baromètre montre aussi que le nombre moyen de cigarettes fumées quotidiennement parmi les fumeurs réguliers a légèrement diminué, passant de 15,4 cigarettes par jour en 2005 à 13,9 en 2010. Cette diminution semble plus importante chez les hommes que chez les femmes. La proportion de fumeurs de plus de dix cigarettes, est ainsi passée de 72,8% en 2005 à 68,7% en 2010 (de 76,1% à 72,6% chez les hommes, et de 68,5% à 64,1% chez les femmes).
L'institut pense que la mise en place en France des avertissements sanitaires s'appuyant sur des images choc (apposition de photos dissuasives sur les paquets de cigarettes prévue en avril 2011), mesure qui a montré son efficacité outre-Atlantique, pourrait contribuer à enrayer cette hausse. Toutefois, des études récentes ont montré que l'effet du contexte national sur l'efficacité de telles mesures était particulièrement important. L'enquête montre enfin que les mesures d'interdiction de fumer dans les lieux publics entrées en vigueur en France en février 2007 et janvier 2008 n'ont pas eu de réels effets sur le tabagisme.
Ce baromètre 2010 est la cinquième vague d'une enquête téléphonique initiée en 1992. Il a été réalisé en France métropolitaine, par téléphone, entre novembre 2009 et juillet 2010, auprès de 27.658 personnes.
www.inpes.sante.fr
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