Ce droit de réponse à l'initiative de Florence Ambrosino, Guillaume Bonnet, Julie Devictor et Jocelyn Schwingrouber, quatre infirmier(e)s qui intervenaient lors d'une table-ronde dédiée aux infirmier(e)s de pratique avancée lors des Journées d’Etude des Directeurs de Soins, à Lille, fait suite à l'article "Les infirmiers de pratique avancée en font-ils trop ?" , publié sur infirmiers.com le 3 octobre 2019 par Bruno Benque, rédacteur en chef du site cadredesante.com. Les quatre intervenants s'adressent directement à lui mettant en cause le fond même de son article qu'ils jugent "mensonger".
Merci de votre article sur notre intervention lors de la table ronde sur la pratique avancée, devant un public composé en grande partie de directeurs des soins. Le but était de donner un regard croisé et le plus objectif possible sur l’évolution de ce nouveau rôle infirmier. En tant qu’intervenants de la table ronde, nous sommes quelque peu étonnés du contenu de votre article qui, selon nous, ne reflète pas tout à fait le contenu et la qualité des échanges. Nous souhaitons donc apporter quelques précisions.
Les participants se sont tous exprimé dans le plus grand respect de chacune des corporations professionnelles pouvant être impactée par cette implantation. Evidemment le temps imparti ne permettait pas de développer les missions et fonctions exactes telles que définies dans les référentiels. De même de nombreuses questions, qui témoignaient de la grande curiosité du public, nous ont contraints à des réponses très succinctes, pouvant générer des craintes sur un positionnement concurrentiel avec les cadres de santé.
Ce nouveau rôle suscite questions et parfois méfiance, ce qui est naturel, mais le "travailler ensemble" nous semble la façon la plus évidente d’œuvrer pour le patient, en dépassant les corporatismes et les clivages.
Pour rappel, implanter la pratique avancée ne suppose nullement de prendre la place ou venir interférer sur les missions des cadres de santé, ou d’un quelconque professionnel. L’IPA se positionne sur un champ clinique et sur des besoins non couverts. Oui, il va falloir "se mettre autour de la table" comme évoqué par l’intervenant que vous citez (qui n’est pas IPA, il y a confusion dans votre article), mais en aucun cas pour savoir dans quelle mesure l’IPA va venir se substituer au cadre. Il s’agit de discuter de pratiques collaboratives, de savoir comment cadres de santé et IPA vont pouvoir travailler ensemble autour des problématiques de l’amélioration des pratiques professionnelles, d’imaginer dans quelle mesure IPA et cadres de santé vont pouvoir participer ensemble à la formation clinique des équipes de soins. La question de la collaboration cadres de santé/IPA doit être clairement évoquée dans le projet d’implantation afin de lever tout malentendu. Cela passe entre autres par la mise en place d’un plan de communication au sein des équipes sur le rôle, les missions et les responsabilités de l’IPA, et d’impliquer l’ensemble des parties prenantes quant à la construction de son activité.
La communauté IPA regrette vivement que de telles intentions de conquête de tous les territoires lui soient attribuées. Elle se bat déjà pour exister et souhaiterait sincèrement un accompagnement plutôt que du rejet. Pour la question de l’IPA aux urgences , l’intervenant a évoqué la possibilité d’un nouveau champ d’intervention pour la pratique avancée avec l’accès au premier recours. Celui-ci existe dans plusieurs pays et a d’ailleurs montré de bons résultats sur la santé des usagers de soins (cf. revue systématique Cochrane de Laurant). Les directeurs de soins nous ont paru tout à fait favorables et enthousiastes au développement de la pratique avancée. Nous n’avons entendu ni le brouhaha, ni les vives contestations que vous mentionnez mais plutôt des applaudissements et des félicitations. Ils nous ont également sollicités individuellement pour continuer à communiquer autour des fonctions de ce nouveau métier.
Les cadres de santé savent que le changement peut faire peur car ils accompagnent régulièrement les équipes à s’adapter aux transformations qu’impose l’évolution de notre système de santé. Nous comptons donc sur leurs compétences pour aider à la réussite de l’implantation de la pratique avancée.
Florence Ambrosino, Master SCI, Parcours complexe AMU, formatrice.
Guillaume Bonnet, IPA, CHU Amiens-Picardie.
Julie Devictor, IPA, infirmière doctorante, Hôpital Beaujon, Université Paris Diderot.
Jocelyn Schwingrouber, doctorant en recherche clinique et santé publique, implantation de la pratique avancée, Aix-Marseille Université.
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