Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

MODES D'EXERCICE

Journée type de l'infirmier militaire

Publié le 18/03/2009
journée type d

journée type d

Patient en salle de réanimation d’un hôpital d’instruction des armées

Patient en salle de réanimation d’un hôpital d’instruction des armées

Évacuation sanitaire aérienne de deux blessés graves sur un Falcon 900

Évacuation sanitaire aérienne de deux blessés graves sur un Falcon 900

véhicule sanitaire

véhicule sanitaire

Soins délivrés par un infirmier sur un batiment de la Marine

Soins délivrés par un infirmier sur un batiment de la Marine

evacuation sur brancard par hélicoptere

evacuation sur brancard par hélicoptere

Véhicule de l’avant blindé en version sanitaire

Véhicule de l’avant blindé en version sanitaire

véhicule sanitaire blindé

véhicule sanitaire blindé

Hopital de campagne sous tente

Hopital de campagne sous tente

1. Le statut militaire et l'infirmier

Les infirmiers militaires, ou plus justement, les infirmiers sous statut militaire, ont tous le même statut : Militaire Infirmier Technicien des Hôpitaux des Armées (MITHA), statut comparable à celui de la fonction publique hospitalière.

Les MITHA peuvent être classés en trois catégories.

1.1. Les infirmiers servant dans les hôpitaux militaires

Après une formation infirmière dans un IFSI civil, les infirmiers sont recrutés par le Service de santé des armées, pour servir dans les hôpitaux militaires français (Paris, Metz, Brest, Bordeaux, Marseille, Toulon, Lyon). Une formation militaire initiale est suivie en début de carrière.

1.2. Les infirmiers servant dans les unités des forces (armées de Terre ou de l’Air, Marine nationale et Gendarmerie)

Patient en salle de réanimation d’un hôpital d’instruction des armées

Les personnels intéressés sont recrutés par les différentes armées. S’ils sont aptes militairement, ils sont présentés au concours d’entrée à l’École du personnel paramédical des armées à Toulon (EPPA). L’EPPA est le seul IFSI militaire en France (145 infirmiers diplômés d’État formés par an). En cas de réussite au concours, le candidat est dirigé vers une formation militaire initiale (quelques semaines à plusieurs mois) pour devenir sous-officier. Il rejoint ensuite l’EPPA pour suivre la formation infirmière (formation identique à la formation en IFSI et enrichie de spécificités militaires*). A l’obtention du diplôme d’État d’infirmier, le sous-officier infirmier signe un nouveau contrat sous statut MITHA, tout en restant durant huit ans au service de l’armée qui a assuré sa formation militaire. Des passerelles vers les postes en hôpital militaire seront proposées en cours de carrière (affectations ou formations continues). Un recrutement direct à la sortie des IFSI civils est possible dans une moindre mesure.

Véhicule de l’avant blindé en version sanitaire

Modules « optionnels obligatoires » : médecine d’urgence et de catastrophe, stages au sein des unités de la sécurité civile, participations aux exercices de type plan blanc ou rouge, formation NRBC (nucléaire, radiologique, chimique et bactériologique), exercices militaires de terrain.

1.3. La réserve militaire opérationnelle

Toute personne, sous réserve d’aptitude administrative et médicale, peut rejoindre la réserve opérationnelle, au sein du Service de santé des armées. Il n’est pas indispensable d’avoir effectué son service militaire. Il est possible de servir à l’hôpital ou dans les unités des forces. La durée de contrat est de 5 à 30 jours par an (jusqu’à 120 jours sous certaines conditions).

2. La mission générale de l'infirmier MITHA

Le Service de santé des armées (SSA) a pour principale mission d’assurer le soutien médical et sanitaire des forces armées et des organismes placés sous l’autorité du ministère de la défense. L’infirmier MITHA participe à cette mission du SSA.

3. Le travail quotidien de l'infirmier MITHA

3.1. En hôpital militaire

Hôpital de campagne sous tente

La journée type de l’infirmier MITHA servant dans les hôpitaux militaires est comparable avec celle d’un infirmier en poste dans un hôpital civil. La tenue est la blouse blanche. Le port de l’uniforme militaire est réservé aux cérémonies et activités militaires. Ces infirmiers peuvent également servir sur des théâtres d’opérations extérieures pour des périodes de trois à six mois.

3.2. L’infirmier MITHA servant dans les forces

L’infirmier MITHA est affecté dans un service médical appartenant à une unité militaire (régiment, base aérienne, bâtiment de la Marine, …). Une unité militaire représente 500 à 2500 personnels, voire plus. Le Service médical comprend des médecins, des infirmiers, des auxiliaires paramédicaux (brancardiers, secouristes) et des secrétaires.

L’activité essentielle est une activité de type médecine du travail. Il faut suivre médicalement l’ensemble du personnel militaire et civil affecté dans l’unité militaire. L’infirmier réalise les actes de biométrie (mesures de différents paramètres, ECG, dépistage visuel et/ou auditif, …) et actes paramédicaux (prises de sang). En partenariat avec le médecin il assure le suivi des vaccinations obligatoires et particulièrement celles des personnels qui vont être affectés à l’étranger.

Au quotidien et toujours avec le médecin, il assure la réalisation des soins nécessaires : petite traumatologie, traitements injectables, pansements, … Il participe à la bonne tenue des pièces administratives et médicales (dossier médical individuel pour chaque militaire). Il participe au traitement des urgences médicales survenant dans l’unité : accidents de travail, accidents de la route, malaises, … Il participe aux actions de prévention et d’éducation en santé au profit de l’ensemble des personnels (IST, alimentation, hygiène, …). Il assure les soutiens sanitaires des différentes manifestations (rencontres sportives, cérémonies, défilés, entraînements de terrain, …). Il maintient à niveau son matériel (trousses de secours, véhicules d’urgence, …). Il assure la formation continue des auxiliaires paramédicaux placés sous sa responsabilité.

On note que l’infirmier MITHA doit faire preuve d’une grande polyvalence : prévention, éducation, activités cadrées ou non, prise en charge des urgences et gestion de personnels. Il assure une permanence des soins 24/24h dans les unités où l’activité est permanente

4. Activités spécifiques

En complément des activités quotidiennes classiques, l’infirmier MITHA effectue des activités spécifiques à son lieu d’affectation.

Image 4 – La journée type d’un IDE MITHA dans une unité des forces

4.1. Armée de terre et gendarmerie

Véhicule sanitaire garé devant un service médical en OPEX

L’infirmier de l’unité participe aux différentes manœuvres (déplacements et entraînements sur le terrain). L’infirmier assure un soutien paramédical et participe à toutes les activités militaires de l’unité (topographie, marche de nuit, tir, exercices divers). Les capacités humaines de compréhension et d’organisation sont mises en valeur, l’infirmier est un personnel de soutien essentiel pour l’ensemble des militaires de l’unité.

4.2. Marine nationale

Soins délivrés par un infirmier sur un bâtiment de la Marine

L’infirmier peut être affecté dans une unité isolée : bâtiment de la Marine (bateau) sans médecin par exemple. Il assure seul le soutien paramédical et doit faire face à toutes les situations. Il peut faire appel via tout moyen de communication disponible à un avis médical et demander une évacuation des victimes si nécessaire. En attendant, il doit assurer les gestes de secours adaptés. Son poste de travail est exigu. Ses compétences, son adaptation et ses capacités d’organisation sont mises en valeur.

4.3. Armée de l’air

Évacuation sanitaire aérienne de deux blessés graves sur un Falcon 900

L’infirmier participe au suivi médical strict des personnels navigants (pilotes de chasse notamment). Il est essentiel de maintenir son niveau de compétence pour répondre aux urgences médicales spécifiques : l’accident aérien et le crash avion. Il peut participer aux évacuations sanitaires aériennes dans des aéronefs (avions, hélicoptères) au profit des militaires blessés ou malades en opérations extérieures. Ces activités sont essentiellement réalisées par les infirmiers affectés sur la Base aérienne 107 de Villacoublay. On notera que le corps des convoyeurs de l’air, dans sa forme actuelle, est amené à disparaître.

4.4 Unités particulières

Au sein de chaque armée on trouve des unités particulières imposant à l’infirmier des tâches spécifiques

  • unités parachutistes (l’infirmier doit lui-même être parachutiste),
  • antennes chirurgicales avancées (comprenant des personnels hospitaliers et non hospitaliers) pour monter en quelques heures partout dans le monde un hôpital de campagne aérotransportable,
  • missions interarmées (un infirmier de l’armée de l’air peut suivre une unité de l’armée de terre),
  • missions de recherche scientifique (centre de recherche du SSA),
  • unités de la sécurité civile et participations aux secours lors de catastrophes (tremblements de terre, ouragans, tsunami, …),

Il y a un nombre considérable d’unités spécifiques faisant la richesse des carrières de l’infirmier MITHA. C’est au décours d’une mutation que l’on découvre parfois une perspective de carrière originale et passionnante.

5. Activités en opérations extérieures

Évacuation sur brancard d’un blessé par hélicoptère

Attention à ne pas confondre les missions effectuées sur les théâtres d’opérations extérieures, à l’étranger, avec des missions humanitaires.

L’infirmier militaire ne fait pas de mission humanitaire.

Le Service de santé propose une formation spécifique pour les personnels amenés à servir en opérations extérieurs (OPEx) au sein du CPOPEX

Lorsque l’unité est affectée en opération extérieure, l’infirmier suit l’unité et poursuit ses missions de soins, de prévention et d’éducation auprès de ses collègues.

Son rôle est essentiel dans les domaines suivants :

  • prévention (face à des maladies locales, parasitoses notamment),
  • soins (une petite plaie s’infecte très vite en conditions dégradées, humidité et chaleur),
  • soutien moral (les personnels sont soumis à des conditions d’éloignement, de fatigue et de stress),
  • éducation en santé (apprendre des comportements salvateurs, lutte contre la déshydratation, utilisation et pratique des gestes d’urgence),
  • hygiène (corporelle et alimentaire),
  • gestion de l’eau (ne pas boire n’importe quoi, n’importe comment),
  • traçabilité médico-administrative (tenue du dossier médical individuel),
  • élimination des déchets (réalisation de toilettes de campagne, prévention contre les nuisibles),
  • organisation sanitaire générale et des secours.

L’infirmier ne bénéficie pas toujours de moyens conséquents pour assurer ces multiples missions et il doit en permanence s’adapter pour offrir la meilleure qualité de service possible (une compresse stérile au fin fond de la brousse est un luxe, tout comme l’eau pour le lavage des mains). Le ravitaillement sanitaire, bien que très perfectionné est loin d’être celui dont on peut bénéficier en situation normale en métropole. L’infirmier est responsable de son matériel et de l’utilisation de celui-ci.

L’infirmier est souvent placé en situation isolée, sans médecin et les moyens de transmission (radio, téléphone) avec le médecin, sont parfois aléatoires ; sans compter que les pistes ou les chemins à travers la brousse ne permettent pas des déplacements rapides de secours complémentaires, quand il y en a. Il faut donc faire preuve de débrouillardise et compter sur de solides compétences pour parer à toutes les situations potentielles. Il n’est pas rare que l’infirmier suture, immobilise, injecte, traite, … avec au mieux des protocoles écrits ou un médecin au téléphone.

L’infirmier en opérations extérieures est fortement sollicité, les autres personnels militaires venant chercher soins et réconfort après avoir accompli leurs propres missions. On trouve également des structures interarmées et internationales où les moyens et les personnels sont mis en commun (hôpital allemand en ex-Yougoslavie par exemple avec du personnel français). L’anglais est une langue, sinon obligatoire, universelle, et bien utile pour pratiquer parfois des soins.

Véhicule sanitaire blindé

L’armée participe de plus en plus à des actions civilo-militaires. Il s’agit de missions conjointes entre militaires et organismes civils (organisations humanitaires, ONG). L’armée assure une partie logistique (transport par exemple) et surtout le rétablissement et le maintien de l’ordre (souvent avec un mandat international (ONU par exemple)). Les organismes civils assurent les missions humanitaires. L’infirmier militaire peut parfois, si son uniforme n’est pas perçu comme une agression pour les différentes parties en présence, prendre part à des missions de type humanitaire. Il réalise des soins au profit des populations locales dans des dispensaires. Mais sa priorité reste le soutien médical des forces militaires.

6. Perspectives de carrière

Le statut MITHA est basé sur le statut de la fonction publique hospitalière. On retrouve des perspectives de carrières identiques avec :

  • des grades similaires (infirmier de classe normale ou de classe supérieure),
  • des échelons liés à l’ancienneté,
  • une spécialisation est possible : infirmier anesthésiste ou de bloc opératoire (écoles de spécialisations internes ou non au SSA),
  • un accès aux fonctions cadre, cadre supérieur et directeur de soins (formation dans les IFCS civils et l’ENSP).

Conclusion

L’infirmier sous statut MITHA est un infirmier polyvalent prêt à s’adapter à toutes les situations. Les différentes affectations et les spécificités des unités rendent les carrières des infirmiers MITHA riches et variées.

Prenez le temps de dialoguer avec des infirmiers MITHA avant de vous lancer dans cette aventure, mais si vous le faites de façon éclairée, vous ne serez pas déçus. Profitez des journées portes ouvertes, meetings et autres manifestations pour rencontrer les infirmiers militaires et vous faire une juste idée de la carrière que vous envisagez.

En savoir plus

Jérôme ClémentRédacteur infirmiers.comjerome.clement@infirmiers.com


Source : infirmiers.com