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TABACOLOGIE

Journée mondiale sans tabac : favoriser la santé pulmonaire

Publié le 31/05/2019
tabac fumée

tabac fumée

Chaque année, le 31 mai, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ses partenaires mondiaux marquent la Journée mondiale sans tabac. Cette campagne annuelle est l’occasion de sensibiliser aux effets nocifs et mortels de l’exposition au tabagisme ou à la fumée des autres et de décourager la consommation du tabac sous quelque forme que ce soit. La Journée mondiale sans tabac de 2019 est axée sur "le tabac et la santé pulmonaire". En France, comme partout dans le monde, la lutte contre le tabagisme doit rester une des priorités de santé publique pour que l’on puisse enfin envisager le recul de son empreinte sanitaire. L'occasion pour les tutelles de santé de focuser sur une grave conséquence du tabagisme, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), méconnue et sous-diagnostiquée.

Comme dans la plupart des pays industrialisés, le tabagisme reste la première cause de décès évitables en France. Les effets sur la santé pulmonaire sont cette année au coeur de la Journée mondiale sans tabac.

La campagne mondiale 2019 permettra donc de sensibiliser le grand public mais aussi les professionnels de santé aux effets négatifs du tabac sur la santé pulmonaire, allant du cancer aux maladies respiratoires chroniques et plus particulièrement à la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) , troisième cause de mortalité dans le monde d'ici 2030 et touchant quelques 3,5 millions de Français. Parce que sensibiliser c'est appeler l'action, ce 31 mai plaide évidemment pour des politiques efficaces visant à réduire la consommation du tabac. Les points suivants de sensibilisation de cette Journée mondiale sans tabac 2019 sont les suivants:

  • risques posés par le tabagisme et l’exposition à la fumée des autres ;
  • connaissance des dangers particuliers du tabagisme pour la santé pulmonaire ;
  • ampleur mondiale de la mortalité et de la morbidité dues aux maladies pulmonaires provoquées par le tabac, notamment les maladies respiratoires chroniques et le cancer du poumon ;
  • nouvelles données sur le lien entre le tabagisme et les décès dus à la tuberculose ;
  • implications du tabagisme passif pour la santé pulmonaire dans tous les groupes d’âge ;
  • importance de la santé pulmonaire pour la santé et le bien-être en général ;
  • actions et mesures faisables que les principaux publics, parmi lesquels le grand public et les gouvernements, peuvent décider pour réduire les risques posés par le tabac à la santé pulmonaire.

Le risque de cancer du poumon lié au tabagisme est connu, par contre les Français connaissent moins la broncho-pneumopathie chronique obstructive (la BPCO) qui est pourtant une des conséquences graves du tabagisme. Elle est responsable chaque année de plus de 18 000 décès.

Priorité à la BPCO, méconnue et sous diagnostiquée en France !

En France, à l'occasion de cette journée mondiale sans tabac, le Ministère des Solidarités et de la Santé, Santé publique France et l’Assurance Maladie lancent du 31 mai au 26 juin, une campagne radio "Tout savoir sur la BPCO". Elle se compose de trois chroniques santé de 60 secondes sous forme d’interview. Un pneumologue apportera son éclairage autour de 3 thèmes :  "BPCO et tabagisme", "BPCO, qui est concerné ?", "BPCO : symptômes et diagnostic". Elles seront diffusées en Métropole et dans les DOM. Le dispositif est complété par une campagne digitale pour le grand public et les professionnels de santé. Les résultats du Baromètre de Santé publique France mené en 2017, montrent que la BPCO reste encore largement méconnue du grand public. Ainsi, parmi les 6 347 personnes interrogées : seule une personne sur cinq connaissait le terme de BPCO et parmi elles, seule 1 sur 3 indiquait le tabac comme en étant la cause principale. Cette méconnaissance est plus marquée chez les hommes, chez les jeunes et chez les personnes de faible niveau socioéconomique.

Essoufflement, toux grasse… ces signes semblent classiques chez les fumeurs et pourtant ils peuvent aussi être les premiers symptômes d’une BPCO. Une mesure du souffle (spirométrie) permet facilement de faire le diagnostic. On estime aujourd’hui que plus de 70% des personnes présentant une BPCO ne sont pas diagnostiqués, le diagnostic étant souvent porté alors que la maladie est déjà à un stade avancé. L’amélioration des connaissances des Français, des fumeurs et des anciens fumeurs et la sensibilisation des professionnels de santé sont essentielles à un diagnostic plus précoce et ainsi à une meilleure prise en charge de cette maladie. Si autrefois la maladie touchait exclusivement les hommes, on observe une parité quasi parfaite puisque désormais près de 50 % des personnes touchées par la maladie sont des femmes. Rappelons que quel que soit le stade de la BPCO, l’arrêt du tabac est bénéfique.

Pour le 31 mai, la Ligue lance une campagne humoristique & digitale... pour (et par) les jeunes !  Pour cette campagne, diffusée sur tous ses réseaux sociaux, la Ligue a réalisé plusieurs courtes vidéos qui mettent en scène des moments de la vie quotidienne sur un ton drôle et humoristique, en comparant celle-ci avant et après l'arrêt de la cigarette.

La lutte contre le tabagisme demeure un enjeu crucial de santé publique en France. Les estimations de mortalité attribuable au tabac rappellent l’envergure du fléau que constitue le tabagisme et expliquent la mise en place par les pouvoirs publics du programme national de lutte contre le tabac 2018-2022 (PNLT) afin de maintenir l’effort engagé. Le dispositif d’aide à distance Tabac info service est mobilisé pour accompagner tous les fumeurs dans leur tentative d’arrêt. Ligne téléphonique 39 89, site internet, l’ecoaching et page Facebook  proposent un accompagnement personnalisé et efficace pour aider chacun à en finir avec la cigarette.

Journée mondiale sans tabac - Focus sur ce que livre le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire


1,6 million de fumeurs en moins en deux ans, tels sont les résultats issus des Baromètres annuels de Santé publique France. Il s’agit d’une baisse d’ampleur inédite, de l’ordre de 12% en deux ans. Après plusieurs années de stabilité, la prévalence du tabagisme, qui avait diminué d’un million entre 2016 et 2017, poursuit sa baisse avec 600 000 fumeurs en moins entre 2017 et 2018. En 2018, 32,0% des 18-75 ans fumaient du tabac ne serait-ce qu’occasionnellement (35,3% des hommes et 28,9% des femmes). La prévalence du tabagisme quotidien était de 25,4% (28,2% des hommes et 22,9% des femmes) ; une prévalence du tabagisme quotidien parmi les adultes qui a significativement baissé entre 2017 et 2018. De plus, la stabilisation des inégalités sociales de santé en matière de tabagisme observée en 2017 est confirmée en 2018. Néanmoins, celles-ci restent très marquées : les personnes les moins favorisées (chômeurs, personnes peu ou pas diplômées, revenus faibles) sont plus fréquemment fumeuses que les autres.

L’impact de la politique publique porte ses fruits. S'il y a baisse des ventes du tabac en France, due notamment à une forte augmentation des prix du paquet, attention toutefois à la contrebande et aux achats transfontaliers. De plus, les inégalités sociales restent marquées en matière de consommation : différence significative entre les plus diplômés (>Bac), avec une prévalence du tabagisme quotidien de 19,4%, et le reste de la population, incluant les personnes sans diplômes et celles ayant un diplôme inférieur ou égal au Bac, avec un tabagisme quotidien de 28,2%. Les données soulignent pour la première fois l’accroissement de l’usage de l’e-cigarette : 3,8% l’utilisent quotidiennement versus 2,7% en 2017, soulignant les modifications de l’usage de cet outil de sevrage tabagique. Quant à la consommation de chicha, la part de 18-75 ans déclarant fumer la chicha était de 3% en 2018. Cette proportion est en baisse par rapport à 2014 (5,6% des 18-75), notamment chez les jeunes adultes de 18-24 ans, parmi lesquels la prévalence d’usage actuel de chicha est passée de 27,2% à 15,6% entre 2014 et 2018.

Concernant l'estimation du nombre de décès attribuables au tabagisme (France de 2000 à 2015), en 2015, il a été estimé que plus de 75 000 décès étaient attribuables au tabagisme sur les 580 000 décès enregistrés en France métropolitaine la même année, ce qui correspond à environ 13% des décès survenus en France métropolitaine. La part de décès attribuables semble s’infléchir à la baisse au cours du temps pour les hommes alors que cette même proportion chez les femmes augmente de façon continue de plus de 5% par an en moyenne.

La cause de décès attribuables au tabagisme était un cancer pour 61,7% des personnes (hommes : 36 577, 66% ; femmes : 9 868, 49%), une maladie cardio-vasculaire pour 22,1% (hommes : 11 135, 20% ; femmes : 5 526, 28%) et une pathologie respiratoire pour 16,2% (hommes : 7 675, 14%, femmes : 4 492, 23%).

S’il faut se réjouir des résultats positifs constatés ces deux dernières années en matière de lutte contre le tabagisme, il faut être conscient du fait que le tabac reste un produit fortement consommé en France et, en raison de ses conséquences néfastes sur la santé, constitue un enjeu de santé publique de premier ordre pour les années à venir.

Retrouvez le BEH dédié à la Journée mondiale sans tabac du 31 mai 2019 dans son intégralité

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com