L'association France Alzheimer estime que du fait de la faiblesse des financements attribués, on est loin d'avoir atteint les objectifs pourtant satisfaisants du plan (8.000 places d'accueil de jour et 4.000 places d'hébergement temporaire d'ici 2007).
Elle dénonce notamment le retard en matière de créations de places d'accueil de jour et d'hébergement temporaire. "Les créations de places ne suivent pas le rythme de progression de la maladie" et, avec le vieillissement de la population, le retard se creuse, a expliqué à APM Santé Guy Le Rochais, vice-président délégué de l'association.
Selon l'association, il serait nécessaire de créer 100.000 places d'accueil de jour pour faire face aux besoins de prise en charge. Cet objectif "n'est pas utopique" car quelque 860.000 personnes sont atteintes de la maladie d'Alzheimer ou de pathologies apparentées et plus de 60% d'entre elles restent à domicile.
CHARGE FINANCIÈRE POUR LES FAMILLES
Par ailleurs, l'association proteste contre la charge financière pour les familles, estimant que "sur 10 milliards d'euros que coûte chaque année la prise en charge des malades, 4,5 milliards restent à la charge des familles".
En effet, le forfait soins des accueils de jour, qui s'élève à 23 euros par jour et par résident, est insuffisant et rend ces structures trop coûteuses et donc inaccessibles à certains malades. Il "devrait au moins atteindre 30 voire 40 euros" pour permettre d'assurer le financement des postes essentiels à la prise en charge des malades d'Alzheimer, par exemple les personnels apportant une stimulation cognitive, comme les psychologues ou les art-thérapeutes, par exemple.
L'association estime également que l'amélioration du taux d'encadrement des établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (Ehpad) accueillant des résidents atteints de la maladie d'Alzheimer reste insuffisante. "Les établissements ont en moyenne un ratio d'encadrement de 0,4 soignant par patient alors qu'en Suisse ou en Allemagne, ces taux oscillent entre 0,8 et 1,2 soignant par patient", souligne le vice-président délégué de France Alzheimer.
DÉCEPTION DES GÉRIATRES
Jean-Marie Vetel, président du Syndicat national de gérontologie clinique (SNGC), relaie également la déception des gériatres qui constatent que le plan n'a pas permis de résoudre de façon sensible les problèmes de prise en charge rencontrés dans les hôpitaux.
Le plan Alzheimer avait prévu de consacrer 15 millions d'euros à la création de nouvelles consultations mémoire et au renforcement des consultations déjà existantes. Cette enveloppe devait également permettre de renforcer les Centres mémoire de ressource et de recherche (CM2R). Or, "en bout de chaîne dans les départements, les gériatres constatent que les moyens arrivent à dose homéopathique. Il faut trouver des solutions pour les optimiser", constate le président du SNGC.
Le syndicat espère que, devant l'ampleur des besoins générés par la maladie d'Alzheimer, de nouveaux crédits seront attribués aux consultations mémoire et que le gouvernement s'assurera que les consultations mémoire disposent des moyens humains suffisants pour fonctionner.
"ENCORE BEAUCOUP DE CHEMIN À FAIRE"
Le Pr Pierre Pfitzenmeyer, chef de service de l'unité de médecine gériatrique du CHU de Dijon (Côte d'Or) qui conduit avec Claude Jeandel du CHU de Montpellier une mission sur les filières gériatriques dans les hôpitaux, souligne également "qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire" pour répondre correctement aux besoins importants que provoque la maladie.
Il indique que les 15 millions d'euros ont été ventilés entre les différentes régions au printemps dernier et n'ont pas forcément été encore totalement attribués. Cependant "il apparaît qu'à l'échelle d'une région ou d'un département, ces moyens ne peuvent pas massivement changer les choses".
Le Pr Pierre Pfitzenmeyer souligne par ailleurs que la mise en place de services de court séjour gériatrique dans les établissements dotés de service d'urgence n'est pas achevée. "On est encore très loin de l'objectif. Il apparaît que la moitié des quelque 200 centres hospitaliers disposant d'un SAU ne disposent pas encore de court séjour gériatrique". Pourtant, ces services de court séjour gériatrique permettant un accueil spécialisé du patient âgé fragile s'avèrent essentiels pour assurer une bonne prise en charge des personnes âgées atteintes de maladie d'Alzheimer.
Enfin, le Pr Pfitzenmeyer espère qu'on pourra enfin dépasser la frontière qui a été instaurée entre le sanitaire et le médico-social. Alors que la collaboration entre les deux secteurs s'avère essentielle pour la prise en charge de la maladie d'Alzheimer, "cette frontière engendre de véritables difficultés de fonctionnement et des pertes d'efficacité", explique-t-il. Ainsi, "les projets qui sont à la charnière du sanitaire et du médico-social et qui permettent une prise en charge globale du patient ne trouvent pas de financements car chaque secteur se renvoie la balle, estimant que c'est à l'autre de financer", déplore-t-il./cf/so/mr
INFOS ET ACTUALITES
Journée mondiale Alzheimer : professionnels et associations dénoncent l'insuffisance des moyens
Publié le 21/09/2005
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Source : infirmiers.com
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