Les Journées Francophones de la Recherche en Soins (JFRS) 2019 se tiendront les 28 et 29 novembre 2019 à Angers. L’occasion pour nous de rencontrer Sylvie Solorzano, Directrice des soins, coordinatrice des Instituts et Écoles au CHU d’Angers et responsable de la Recherche Paramédicale au sein de cet établissement. Elle revient pour nous sur l’évolution de la recherche paramédicale et de la montée en puissance de l’interdisciplinarité sur ce champ. Cadredesante.com et Infirmiers.com sont bien évidemment partenaires de ces Journées et remettront à cette occasion et comme à chaque édition, le Prix de la Communication orale le jeudi 28 novembre.
Vous exercez la fonction de responsable de la recherche paramédicale au CHU d’Angers. Quelles sont vos attributions dans ce cadre ?
Sylvie Solorzano - Le CHU d’Angers encourage et valorise, depuis toujours, les projets de recherche initiés par les professionnels paramédicaux. Avec la montée en puissance des projets pluridisciplinaires, il semblait naturel de confier cette mission à une directrice des soins. Mon travail consiste à soutenir le développement de la recherche paramédicale
et promouvoir des stratégies de prise en charge dans le but de proposer une structure opérationnelle qui aide au développement d’une culture de la recherche auprès des professionnels paramédicaux. En tant que responsable de la recherche, j’ai à mes cotés un cadre supérieur de santé, coordinateur de la recherche paramédicale. Ainsi nous pouvons promouvoir les travaux de recherche paramédicale et intervenir comme personnes ressources lorsque des problèmes ou des interrogations se manifestent.
Comment la recherche paramédicale évolue-t-elle aujourd’hui ?
S.S. - Comme je vous le disais, nous ne parlons plus de recherche uniquement en soins infirmiers mais bien de recherche paramédicale et donc d’interdisciplinarité. Les autres filières, notamment les kinésithérapeutes, les ergothérapeutes ou les manipulateurs d’électroradiologie médicale (MERM), sont également très actives en matière de projets de recherche. Il est important que les acteurs paramédicaux de toutes filières se rencontrent et impulsent des travaux en lien avec des prises en charge pluri professionnelles. Depuis 2009, et la mise en place des PHRI par la DGOS, les projets de recherche ont pu obtenir des financements publics, ce qui permet d’aller au bout des initiatives en la matière. En 2010, les PHRI deviennent PHRIP et c’est depuis cette époque que les filières autres qu’infirmière peuvent initier des projets spécifiques.
Nous ne parlons plus de recherche uniquement en soins infirmiers mais bien de recherche paramédicale et donc d’interdisciplinarité.
Qu’advient-il de ces travaux une fois qu’ils sont menés à leur terme ?
S.S. - C’est là que le bât blesse en France et que nous accusons du retard par rapport à nos collègues francophones et anglo-saxons notamment. En effet, afin de satisfaire aux exigences scientifiques, éthiques et de bibliométrie, il est obligatoire de publier les résultats de nos recherches dans la liste des revues reconnues par l’International Committee of Medical Journal Editors (ICMJE). En France, seul RSI apparait désormais dans la liste des revues reconnues par l’ICMJE. Elle est également référencée par le Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES). De plus, actuellement, le réinvestissement des recherches en soins infirmiers est encore trop peu visible sauf, parfois, dans les soins techniques. Il manque encore aux professionnels de santé une culture et une rigueur scientifique.
Certains CHU comme ceux d’Angers ou de Bordeaux sont connus pour être moteurs en termes de recherche paramédicale. Cela veut-il dire que les autres sont à la traine ?
S.S. - Non, je ne crois pas. J’en veux pour preuve les échanges que nous avons lorsque nous nous réunissons entre coordinateurs. Des projets de recherche voient le jour partout sur le territoire, avec même des projets interrégionaux. Tous les CHU sont promoteurs de la recherche paramédicale. D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls, à Angers, à organiser un événement dédié à la recherche paramédicale puisque le CHU de Nantes, par exemple, en fait de même. J’ajoute que je n’y vois aucune concurrence, mais plutôt une dynamique utile pour la promotion de la recherche paramédicale. Les journées nationales de recherche en soins sont là, d’ailleurs, pour valoriser ce qui se fait dans l’hexagone.
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Vous organisez donc, les 28 et 29 novembre 2019 à Angers, la 5e édition des Journées Francophones de recherche en Soins (JFRS). Quels seront les thèmes phares de cet événement ?
S.S. - Nous avons axé les débats, cette année, sur la prévention en santé. On a beaucoup parlé de prise en charge curative lors des éditions précédentes, mais peu de prévention. Or, celle-ci constitue un enjeu fort des politiques de santé actuelles, notamment affirmé depuis dans le projet "Ma Santé 2022"
. Nous aborderons donc des sujets sur l’environnement, la nutrition, le sport ou la rééducation notamment. Nous allons reconduire, d’autre part, "Ma recherche en 180 secondes" qui permet aux jeunes chercheurs de présenter en un temps contraint leurs projets de recherche. Cela a été très bien accueilli lors de l’édition précédente, il était normal de reconduire cette expérience. Sans oublier les communications orales, les posters et les ateliers Master Class qui développent et approfondissent des sujets très spécifiques. Je conclurai en disant que nous sommes en train de battre notre record au niveau des inscriptions aux JFRS. Et j’espère, maintenant que les sciences infirmières sont reconnues au niveau académique
, que nous pourrons encore être promoteurs de la recherche paramédicale pour la 6e édition des JFRS.
• Les inscriptions aux 5e JFRS sont accessibles ICI.
Propos recueillis par Bruno Benque
Rédacteur en chef www.cadredesante.com
bruno.benque@cadredesante.com
@bbenk34
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