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IPA "urgences" : une annonce "au goût amer" pour les IADE

Publié le 05/09/2019

Crise des Urgences : le SNIA réagit aux premières annonces de la ministre de la Santé. Pour le syndicat d'infirmier(e)s anesthésistes, la création d'une nouvelle filière infirmière "urgences" en pratique avancée "laisse un goût amer à celles et ceux qui ont accédé à la profession IADE avec pour projet d’exercer dans le secteur de l’urgence".

Le SNIA en appelle "au bon sens des décideurs et de l’ensemble des acteurs des professions infirmières et médicales pour que soit pris en considération leur profession IADE dans le cadre de cette refonte du système de santé."

Par communiqué de presse du jour, le syndicat national des infirmier(e)s-anesthésiste (SNIA) prend acte des annonces récentes d'Agnès Buzyn pour tenter de juguler la crise des urgences lors de son déplacement au centre hospitalier universitaire de Poitiers. Concernant la création jugée en urgence d'une filière "Infirmiers de Pratique Avancée Urgences", le SNIA souligne que cette annonce est diversement perçue par les professionnels de terrain. Le syndicat rappelle que l’émergence de la pratique avancée avait pour objectif la prise en soin des patients atteints de pathologies chroniques. Il constate donc un changement de paradigme.

Dans le même état d'esprit que les Ibode qui réagissaient à l'autorisation de suturer qui pourrait être donnée, via un protocole de coopération, aux infirmiers des urgences, le SNIA met en avant les missions de la profession d’infirmier(e)-anesthésiste définies réglementairement dans l’arrêté du 23 septembre 2014 stipulant que "L’infirmier anesthésiste diplômé d’État (IADE) réalise des soins spécifiques et des gestes techniques dans les domaines de l’anesthésie-réanimation, de la médecine d’urgence et de la prise en charge de la douleur." Et de rappeler qu'impliqués depuis plusieurs décennies dans la prise en charge de l’urgence pré-hospitalière au sein des SMUR, les Infirmiers-Anesthésistes proposent régulièrement l’évolution de leurs prérogatives dans le cadre des soins d’urgence. Ces propositions systématiquement balayées par le corps médical et la direction générale de l’offre de soins sont pourtant dans la droite ligne de la politique de réorganisation de la réponse à l’urgence souhaitée par le gouvernement.

L’annonce de la création de cette nouvelle filière infirmière "urgences" en pratique avancée laisse donc un goût amer à celles et ceux qui ont accédé à la profession IADE avec pour projet d’exercer dans le secteur de l’urgence

Les IADE font valoir leur cadre réglementaire qui stipule que l’infirmier anesthésiste compose déjà prioritairement les équipages SMUR et que les transports infirmiers inter-hospitaliers de patients placés sous assistance ventilatoire ou sédatés doivent être réalisés exclusivement par les infirmiers anesthésistes. (Article R4311-12 du CSP.) Et d'ajouter que cette exclusivité d’exercice est une preuve de plus de la compétence et d'expertise des IADE dans la gestion des situations de soins extra-hospitalières. Sa formation initiale et son exercice quotidien en font un professionnel entrainé et aguerri à la prise en charge des urgences vitales avérées. Chaque jour notre profession participe d’ailleurs à la formation des autres professionnels de santé aux secours d’urgences au sein des Centres d’Enseignement des Soins d’Urgence (CESU).

L’IADE est en effet un professionnel expert en analyse clinique et en situation de soins complexes. Les standards universitaires appliqués à sa formation garantissent dès à présent l’acquisition de connaissances théoriques avancées et un niveau de pratique clinique à forte valeur ajoutée. Ces professionnels se sentent donc dévalorisés, oubliés, floués. En effet, pour le syndicat, si l'émergence de professions dites intermédiaires comme l’infirmier de pratique avancée, avec un cadre d’exercice élargi (consultation, droit de prescription, élargissement des référentiels d’actes...) est une bonne chose pour la profession infirmière et son émancipation et une évolution favorable pour l’accès aux soins de nos concitoyens, néanmoins ces projets ne doivent pas mettre au ban les professions déjà existantes !

Le SNIA en appelle "au bon sens des décideurs et de l’ensemble des acteurs des professions infirmières et médicales pour que soit pris en considération leur profession dans le cadre de cette refonte du système de santé"

Les infirmier(e)s anesthésistes rappellent donc au Gouvernement et à leurs tutelles les spécificités de leur profession, spécificités à même de permettre la mise en oeuvre d’un élargissement des compétences IADE notamment concernant la prescription limitée, les abords vasculaires et la réponse graduée à l’urgence pré-hospitalière. Et de conclure qu'après de nombreuses évolutions de la formation et de ses exigences, alors que de nouvelles professions vont se voir octroyer un cadre d’exercice élargi revendiqué par les IADE de longue date, il est temps de leur permettre d’élargir leur cadre d’exercice !

Les verrous à ces réformes doivent s’ouvrir pour permettre aux IADE d’apporter pleinement leurs compétences au service de l’offre de soins. Toute autre décision serait un signal négatif envers la profession et mettrait en péril la pérennité de l’exercice IADE dans le domaine de l’urgence, secteur d’activité auquel les professionnels sont particulièrement attachés.

Rédaction Infirmiers.com


Source : infirmiers.com