Jocelyne, aide-soignante, a souhaité réagir suite à la publication de notre article paru le 29 octobre dernier "Métiers du grand âge : un rapport qui part du terrain et se veut ambitieux". Elle a adressé à la rédaction ces quelques lignes pour faire entendre son inquiétude face à sa propre vieillesse.
Notre ministre, Agnès Buzyn, souhaite revaloriser les métiers d'aide à domicile et d'aide-soignants. Les solutions apportées par Myriam El Khromri dans son rapport ont l'air mignonnes
mais, à mon sens, pour faire le métier d’aide-soignant, il faut surtout une vocation
et non pas des moyens financiers ! J’exerce ce métier depuis 19 ans et si je continue encore à l'exercer aujourd’hui c'est grâce à la reconnaissance des résidents.
Merci pour tout ce que vous faites pour moi
, cette phrase, courte mais profonde, me donne la force de ne pas abandonner, ou plutôt de ne pas les abandonner. Mais pour combien de temps encore ? Ma question est la suivante : pourquoi dans tous ces projets mis en avant par nos tutelles, personne ne parle de la retraite des soignants ?
Non seulement nos salaires sont bas mais, en plus, ils sont composés de différentes primes qui ne sont pas incluses dans notre salaire de base. En conséquence nous, aides-soignants, nous partons en retraite avec moins de 900 € par mois ! De fait, certaines de mes collègues sont retraités - et plus âgées que quelques résidents - mais leur précarité les pousse à continuer à travailler malgré leurs soucis de santé ! Comment payer un loyer, manger et se soigner quand on a moins de 1000 euros par mois et qu'on vit seul ? Et pourquoi la retraite des soignants n'est pas au goût du jour ?
"Merci pour tout ce que vous faites pour moi", cette phrase, courte mais profonde, me donne la force de ne pas abandonner, ou plutôt de ne pas les abandonner.
Je suis très inquiète pour mon avenir car, non seulement je ne peux pas offrir à mes enfants un avenir confortable, mais surtout je ne veux pas devenir pour eux une charge financière supplémentaire !
Ces quelques lignes sont là pour faire entendre l'inquiétude des soignants face à leur propre vieillesse. Un jour aussi nous ferons, nous aussi, notre entrée en institution mais, contrairement aux résidents actuels, nous n'aurons pas de biens immobiliers à vendre pour accéder à un Ehpad. Tout va reposer sur les épaules de nos enfants, c’est autant injuste qu’insupportable !
JocelyneAide-soignante
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