Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

AS

Stp, raconte-moi une histoire : des aides-soignants se livrent – J-1

Publié le 25/11/2016
flamme

flamme

À l'occasion de la Journée internationale des aides-soignants 2016 qui se tiendra le 26 novembre 2016, plusieurs aides-soignants nous ont fait parvenir leur récit d'un événement qui a marqué leur carrière. Nous les publierons tout au long de cette semaine, jusqu'au 26 novembre 2016. Isabelle nous raconte comment elle s'est réconciliée avec son métier et Arlette relate son histoire...

Réconciliation

Quel que soit le poste qui vous est attribué, sachez que c’est vous et vous seuls qui aurez cette vocation d’accompagnement des personnes qui vous sont confiées. Chaque poste vous apportera une expérience et des satisfactions nouvelles !

Isabelle, aide-soignante - 2 chambres, 2 fins de vie, 2 familles très, trop, présentes mais qui peut leur en vouloir Chambre 1. Madame A. pourrait avoir une fin de vie "paisible" elle ne souffre pas "physiquement", syndrome de glissement après une chute, mais elle a une fille. Cette dernière n'accepte pas l'idée de la mort. Dès qu'elle arrive, rien ne va, elle nous surveille, chronomètre avec son portable nos passages, a toujours besoin de quelque chose, se plaint toujours de futilités. La docteur du service et la cadre de santé lui parlent mais rien n'évolue, elle est limite maltraitante avec sa mère. Cette pauvre dame subit sa fille. On discute, on explique mais non, elle en demande toujours trop. Rien n'ira jamais !!! Elle se plaint de nous à la direction des soins. On passe pour des maltraitantes. La DSSI comprend la situation et propose une psychologue à la fille de Madame A.. Elle commence à entrevoir que l'on prend soin de sa mère, mais entre temps elle m'a fait sortir de mes gongs. J'ai perdu patience, je me suis énervée contre la fille, je me suis même reproché de lui avoir proposé de mettre les photos des petits-enfants au mur, pour que sa mère en profite mieux !! Cette pauvre mère ne va pas partir apaisée et moi j'ai la sensation de mal faire mon travail. Difficile de gérer le mal-être des familles, les AS sont en première ligne pour éponger la colère, la violence d'une mort annoncée. Je n'ai plus envie …

Chambre 2. Madame B., sans enfant, cancer du pylore, ne s'alimente plus, a des œdèmes suintants qui menacent de s'infecter et sûrement un début d'hémorragie. Une nièce très, trop présente, n'accepte plus de la voir souffrir, souhaite même que sa tante meurt. Elle pleure sur mon épaule d'avoir d'aussi horribles pensées. On sort, on parle, je la rassure, c'est humain. Elle ne doit pas s'en vouloir. Avec l'infirmier, on fait ce qu'on peut pour soulager leurs souffrances physiques pour une, psychologiques pour l'autre. C'est dur j'ai envie de pleurer, pourquoi faire ce métier si je ne suis pas capable de soulager les gens, si je ne suis plus capable de garder mon sang froid face à une colère qui ne m'est pas destinée !!Je dois souffrir d'un dédoublement de la personnalité !!! Faut que j'arrête ce métier !!!

Ce week-end c'est, reprise et surprises. Chambre 2. Madame B. est décédée peu de temps après notre départ. Sa nièce remercie l'équipe et plus particulièrement l'infirmier et moi, ça fait chaud au cœur. Chambre 1. Madame A. est toujours là. Elle va mieux, recommence à picorer, on la met même au fauteuil une petite heure, la fille toujours aussi présente mais un peu moins exigeante. J’espère que sa fille va savoir profiter de ces instants. 2 chambres, 2 patients, 2 démences débutantes. Ils sont semi autonomes, marchent, mais se perdent. Chambre 3. Papy 1 ne veut pas se laver, trouve qu'on le fait bien mieux que lui, mais pour qu'il garde son autonomie j'insiste pour qu'il le fasse, il rouspète, j'insiste et là j'ai droit a un magistral Vieille p***, j'ai éclaté de rire et il a fait sa toilette seul. Chambre 4. Papy 2 se lave seul, mal, mais il fait, donc aujourd'hui  je lui propose de l'aider à la douche. Tout se passe bien, je le raccompagne, ma collègue m'aide à faire le lit et on discute avec Papy 2. Elle lui demande si la douche s'est bien passée et là il lui répond "Ta copine est gentille, elle a un toucher raffiné". On éclate de rire, je venais juste de lui raconter ma mésaventure avec Papy 1. Ce midi j'ai donc eu droit à un super raccourci de mes collègues : je suis une vielle p*** au toucher raffiner , drôle de définition pour un si beau métier !!!!!

Le lendemain Madame A, m'a souri tout le temps de la toilette et a réussi à prononcer un merci. Papy 1 m'a qualifiée d'ange, Papy 2 de délicate. Certains diront qu'ils sont déments, moi je vois le reflet de leurs émotions, voilà comment ils m'ont réconciliée avec mon métier.

C'est dur j'ai envie de pleurer, pourquoi faire ce métier si je ne suis pas capable de soulager les gens, si je ne suis plus capable de garder mon sang froid face à une colère qui ne m'est pas destinée !

"L'histoire d'une aide-soignante, mon histoire..."

Arlette, aide-soignante - Je vous parle d’une époque lointaine où j’obtins le diplôme d’ auxiliaire de puériculture. Heureuse de pouvoir m’occuper de jeunes enfants, je me vois confier, à ma grande déception, une mission de remplacement dans un service d’adultes en dermatologie, en attendant qu’un poste se libère en pédiatrie. Les mois passèrent, puis les années et les remplacements se sont succédés en chirurgie, en neurologie, la nuit, le jour, sans jamais obtenir le poste dont je rêvais : « prendre soin et m’occuper d’enfants malades ». Après une courte pause pour m’occuper de mes propres enfants, me voilà repartie à la recherche d’un emploi. Et voilà que la copine d’une copine aide-soignante me conseille de postuler à la maison de retraite X, renommée EHPAD entre-temps ! Quelle ne fut pas ma surprise en ayant un appel téléphonique à 16h, me proposant de prendre le service de nuit le soir même à 20h ! Ainsi commença pour moi une longue aventure, à accompagner et prendre soin de personnes âgées, à les écouter, les réconforter, partager leurs joies, leurs peines et côtoyer la mort… Mon aventure prit fin après 28 années de travail dans le même service et ma conclusion s’adresse aux jeunes diplômés(es) : quel que soit le poste qui vous est attribué, sachez que c’est vous et vous seuls qui aurez cette vocation d’accompagnement des personnes qui vous sont confiées. Chaque poste vous apportera une expérience et des satisfactions nouvelles !

Je vous parle d’une époque lointaine, depuis le métier d’AS a beaucoup évolué mais il est et restera un noble métier : soyez-en fier(e)s !

Rédaction aide-soignant.com


Source : infirmiers.com