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Manipulateur radio : soignant à part entière...

Publié le 23/06/2011
manipulateur radio profession

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Nous continuons notre tour d’horizon, pour vous faire mieux connaître les autres métiers de la santé. Après le technicien biomédical, voici aujourd’hui le Manipulateur d’ElectroRadiologie Médicale (MERM).

Le métier de MERM est sans aucun doute celui qui, parmi tous les métiers paramédicaux, a le plus évolué ces vingt dernières années. Sous l'effet du progrès technologique, les pratiques se sont diversifiées à une allure effrénée. Les MERM ont longtemps été considérés comme des « photographes de la santé », imposant l'immobilité à leurs sujets afin d'optimiser leur pose, puis s'enfermant dans leur chambre noire pour développer leurs clichés. Ils incarnaient, de fait, une fonction sanitaire homogène très éloignée de celle des soignants proprement dits.

Un confort de travail favorisé par le progrès technologique

Aujourd'hui, à l'instar des autres professionnels de santé, les MERM ont la possibilité de faire évoluer leurs compétences sous l'effet de l'apparition de récentes sous-spécialités en imagerie médicale. Et même si certains d'entre eux se plaisent à perpétuer la radiologie diagnostique conventionnelle, l'avènement de l'imagerie numérique révolutionne les pratiques.

Ainsi, le film disparaît petit à petit au profit du CD, du papier imprimé ou du réseau informatique qui distribue les examens vers les services d'hospitalisation ou les cabinets médicaux. La souris a désormais remplacé la lourde cassette, ce qui apporte un certain confort de travail.

Quand les missions des MERM et des IDE se confondent

Les MERM qui, à l'inverse, désirent élargir leur champ d'action découvrent une palette de possibilités assez variée. Celle qui est apparue la première fut l'imagerie vasculaire. Elle les a rapprochés de la fonction soignante par une collaboration permanente avec les infirmières et infirmiers affectés à cette spécialité.

La proximité du patient, la surveillance des monitorages, la préparation et l'utilisation de matériels spécifiques en ont fait des soignants à part entière. Si bien qu'aujourd'hui, dans les salles de « cathétérisme vasculaire », cardiaque ou périphérique, les missions des MERM et des IDE se complètent et même, souvent, se confondent.

Les actes dits « interventionnels » que l'on y dispense aujourd'hui – angioplasties, embolisations, valvuloplasties... - accentuent encore ce phénomène.
D’autant que, les techniques opératoires modernes demandant souvent un radioguidage, les MERM se trouvent de plus en plus délocalisés au bloc opératoire.

La vogue de l’imagerie en coupe

Une autre « sous-spécialité » est très appréciée et en constante progression, c'est l'imagerie en coupe. Le scanner, très répandu, permet en effet au MERM d'appréhender la physiologie et les pathologies au travers des rapports qu'ont les organes les uns par rapport aux autres. Les planches d'anatomie découvertes dans les manuels des Ifsi, défilent à présent sous leurs yeux à longueur de journée sur les écrans de contrôle. Les progrès de l'informatique, notamment la puissance et la vitesse des microprocesseurs, permettent aujourd'hui de réaliser des reconstructions tridimensionnelles de l'organe de leur choix pour mettre en évidence une maladie ou une malformation.

Il en est de même pour l'autre type d'imagerie en coupe que constitue l'IRM, imagerie par résonance magnétique. La physiologie, les planches d'anatomie, les reconstructions sont aussi de mise pour cette discipline. La différence majeure se trouve dans la technologie qui n'utilise pas les rayons X mais les champs magnétiques. Ce procédé leur donne accès à l'étude des structures nerveuses et cartilagineuses, invisibles au scanner, et à de nouvelles applications diagnostiques.

Les MERM rompus à cette technologie possèdent, de fait, une compétence encore plus spécifique que beaucoup de leurs collègues leur envient. D’autant qu’aujourd’hui, la puissance logicielle des machines permet de réaliser des examens très sophistiqués, comme le « ciné-IRM » en temps réel, très en vogue notamment pour évaluer certaines pathologies cardiaques.

La technicité et l’empathie au service de l’oncologie

Les MERM évoluant en radiothérapie sont ceux dont la mission se rapproche le plus de celle de l'IDE. Car en plus de leur rôle propre qui consiste à administrer des doses radioactives ciblées à des patients fragilisés, ils soignent « le corps et l'âme ». L'empathie fait ainsi partie des compétences requises pour ces MERM, maillon essentiel des programmes thérapeutiques en oncologie. Il en va de même, d'ailleurs, pour ceux qui évoluent dans les services de médecine nucléaire à qui l’on confie des malades au profil similaire. Ils réalisent en effet des examens de scintigraphie diagnostique, mais aussi des actes thérapeutiques. Il s’agit ici d’injecter des radioéléments qui se fixent sur des organes affectés par des pathologies cancéreuses.

Les perspectives de transferts de compétences

Tous ces exemples montrent que l’évolution des pratiques médicales a créé de nombreuses ramifications dans le champ de compétences des MERM. Dès lors, ce métier connaît des situations « d’hyper spécialisation » qui nécessiteront, dans un futur proche, une reconnaissance de la part des tutelles. On confiera bientôt, à l’instar des métiers infirmiers, des missions intermédiaires se rapprochant du domaine médical pour ces acteurs paramédicaux.

Récemment, quelques expérimentations ont été réalisées, conformément aux différents rapports sur les transferts de tâches et de compétences, chers au Pr. Yvon Berland qui préside l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) depuis 2003.

La pratique de l’échographie, du cathétérisme vasculaire ou de la dosimétrie pour les actes de radiothérapie sont autant d’exemples de missions qui pourront, à plus ou moins brève échéance, être déléguées aux MERM. Et l’universitarisation de leur formation initiale leur permettra d’accéder, eux aussi, aux masters de pratiques avancées qui commencent à voir le jour dans les facultés.

Pour conclure

Le MERM, « photographe de santé » d'antant a bien changé. Celui des années 80 serait quelque peu désorienté s’il devait reprendre aujourd'hui son activité après une interruption de carrière. Le champ d’action de ce secteur s’est diversifié de telle façon qu’il a induit une hyper spécialisation des compétences. Les profils de ces paramédicaux les rendent donc difficilement interchangeables. Mais il ne fait aucun doute que la plupart d’entre eux sont à intégrer dans le groupe des soignants à part entière.
Bruno BENQUE
rédacteur infirmiers.com
bruno.benque@gmail.com


Source : infirmiers.com