Nous l'avons découvert à l'automne 2017 et il ne pouvait en être autrement que de partager les histoires qu'il nous raconte. Sur sa page facebook intitulée "Dans le couloir...", cet aide-soignant nous ouvre une à une les portes des chambres de son service de soin et raconte. Derrière chacune d'entre elles se cachent des histoires et des vies différentes... Régulièrement nous publierons ces jolies chroniques, une invitation qui vous est faite pour les découvrir et les aimer !
Dans le couloir…
Aide-soignant diplômé en 2013, il a toujours exercé à l'hôpital. « Je prends plaisir à être le spectateur assidu de mes meilleurs acteurs : les patients et le personnel soignant. Ce contact me permet d'apprendre beaucoup sur l'humain, ses travers parfois, les cultures du monde, les difficultés du quotidien... Cet apprentissage de la vie, j'en garde une trace depuis cinq ans. Dans un carnet qui me sert d'exutoire, je relate des anecdotes professionnelles. Depuis, j'essaie de formaliser cela sur un support accessible et ludique. C'est ainsi que j'ai créé une page Facebook sur laquelle je délivre régulièrement une histoire courte. Parfois humoristiques, parfois touchantes, elles sont le reflet du quotidien d'un aide-soignant travaillant à l'hôpital. Pourquoi avoir choisi comme nom "Dans le couloir" me direz-vous ? A la fois une entrée et une sortie, cet élément anodin d'un service représente le passage et c'est, à mon sens, l'essence même de l'hôpital. Passeur d'âmes et passeur d'histoires je souhaite faire découvrir ce monde troublant. »
Chambre 161
Autour de la chambre 161 est installé un véritable cordon de sécurité. Affichée sur la porte, une mystérieuse pancarte sur laquelle est inscrit « S'adresser au personnel avant toute visite » intrigue les visiteurs qui observent, curieux, l’aréopage incessant de blouses blanches habillées de pied en cap en soignant version 3.0. Disons que, revêtu de sur-blouses, masques, charlottes et gants, le cortège peut paraître plutôt impressionnant, voire inquiétant pour un non-initié.
La cause de ce remue-ménage, une bactérie multi-résistante, est lovée dans la plaie d'un moignon trans-fémoral. Le dispositif de protection paraît disproportionné tant le germe est microscopique mais, l'oiseau faisant rapidement son nid, avec le staphylocoque doré, l'on marche toujours sur des œufs ! Parmi la foule des médecins migrateurs venus des autres étages, E., notre infirmière hygiéniste, semble vivre l'apothéose professionnelle et cache difficilement son excitation derrière son masque FFP2, également appelé « canard ».
Telle le volatile aux pieds palmés, elle fait le pied de grue et semble couver les solutions hydro-alcooliques qui ornent la colonne d'isolement. Afin de prévenir toute négligence, E. n'hésite pas à voler, sans ménagement, dans les plumes du malheureux qui omet les précautions d'usage !
En tant que cheftaine de l'asepsie et responsable des bonnes pratiques, E. veille au grain ; elle contrôle chacun de nos faits et gestes et tient en son bec les derniers protocoles à la mode. Pour sûr, son ramage souvent incisif ne se rapporte pas toujours à son plumage immaculé ! Sans conteste, lorsqu'elle apparaît, son regard perçant d'aigle nous fait immédiatement pâlir comme la Javel qu'elle utilise à foison.
Elle joue tour à tour le rôle de la mère Denis ou d'une mère poule et son classeur de procédures collé contre sa poitrine dissimule le cœur d'une vieille infirmière formée à l'ancienne aux valeurs humaines exceptionnelles. Bien que l'hygiène semble lui donner des ailes, nous sommes unanimes : son investissement à l'extrême lui fait laisser beaucoup de plumes lorsqu'elle arpente sans relâche les couloirs de l'hôpital à la recherche de son Arlésienne : l'infection nosocomiale.
Ce « spore » quotidien n'est pourtant pas un facteur favorable à une bonne hygiène... de vie. En effet, un jour, à force de jouer au moineau sur la branche en piaffant dans tout l'hôpital, elle fut victime de la rapacité de l'aigle trépidant qui a amorcé sans ménagement un plongeon en canard au sein de la chirurgie traumatologique.
Ce fut pour nous comme une évidence, nous n'avons pas pu nous empêcher d'aller lui rendre visite. Mais, pour nous moquer de son comportement, nous nous sommes rendus dans sa chambre dans la tenue complète réservée aux isolements drastiques. C'est ainsi que, nous surprendrons E., au saut du nid, en combinaison jaune, tels des petits poussins venant rendre visite à leur maman convalescente.
« Un homme averti en vaut deux », dit l'adage. L'ironie de cette histoire c'est qu' E. contractera une infection nosocomiale ! Rien de grave, mais cela ne manquera de raviver son bouillonnant caractère. Fulminante face au chirurgien bégayant, elle conclura la prise de bec par : « Ben S.H.A (à prononcer « chat »), c'est la meilleure ! »
C'est un fait, notre canard, dorénavant boiteux, mieux vaut ne pas le prendre pour une buse !
• Dans le couloir, Chambre 161, 6 mars 2018
Le 9 mars 2018, Alexis nous faisait savoir qu'il allait marquer une pause pour se consacrer à d'autres projets. Nous attendrons avec impatience le retour de ses chroniques.
Redaction d'infirmiers.com
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