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Chute des seniors : les soignants s’y cassent les dents !

Publié le 07/10/2019

Le vieillissement de la population se poursuit entrainant de nouveaux enjeux de santé publique. Les chutes des personnes âgées et leurs conséquences, parfois graves, en sont une. Face à cela, il est important de relever tous les éléments pouvant prédire les accidents potentiels ! Dans cette optique, une étude japonaise suggère que les seniors avec une dentition en mauvaise état courraient davantage de risque de tomber par inadvertance.

Aujourd’hui, avec l’accroissement du nombre de personnes âgées, les soignants sont sur les dents ! Et pour cause, rien qu’en Angleterre, il a été rapporté qu’entre 28 et 35% des seniors de plus de 65 ans sont tombés accidentellement l’an dernier. Or, à un certain âge, les conséquences de chutes peuvent aller de quelques ecchymoses à une fracture de la hanche. Aux Etats-Unis, il a été constaté que 10% des seniors ont subi des blessures graves suite à une chute et 12% des prises en charge longues durées des sujets âgés sont causées par une chute au Japon.

C’est pourquoi il est primordial de déterminer tous les facteurs de risques afin de prévenir au mieux ce genre d’accident. Si certains d’entre eux sont connus comme l’âge, les pathologies chroniques (diabète), d’autres peuvent surprendre… par exemple l’absence de dents et une mastication non-optimale. En effet, des chercheurs japonais ont montré au travers d'une étude observationnelle que les problèmes de santé bucco-dentaires comme les difficultés à mâcher correctement, des dents manquantes, ou une sécheresse buccale, seraient associés à un surrisque de chutes chez les personnes âgées.

Plus de 65 ans et toutes ses dents… ou pas

Plus précisément, près de 20 858 femmes et 19 995 hommes ayant au moins 65 ans et sans antécédents de chutes avant 2010 ont répondu à des questionnaires sur leur santé bucco-dentaire entre 2010 et 2013. Plusieurs modèles de régression ont permis d’analyser les données récoltées. En tout, 2,4% des hommes participant à l’étude et 2,1% des femmes ont fait une chute pendant la durée des travaux. Or, après avoir pris en compte les facteurs de risques de chutes comme l’âge, la dépression, la santé autoévaluée, l’indice de masse corporelle, les pathologies accroissant la probabilité de tomber… il s’est avéré que la bouche sèche chez les hommes et l’impression de s’étrangler chez les femmes étaient significativement associés à un risque accru de chute accidentelle. En parallèle, chez la gent féminine, le fait d’avoir moins de 19 dents sans prothèses et moins de 9 dents avec des prothèses augmentaient la probabilité de faire une chute par rapport aux femmes ayant plus de 20 dents valides. En revanche, les difficultés à mâcher des aliments durs n’avaient, d’après les données, aucune incidence sur les chutes à venir, et ce pour les deux sexes.

Ainsi, ces résultats suggèrent que des dysfonctionnements bucco-dentaires peuvent s’avérer de bons prédicteurs de chutes accidentelles même si des travaux plus approfondis sont nécessaires pour confirmer ses observations.

Nous n'avons pas pu déterminer si la fonction buccale et l'état dentaire étaient les causes des chutes, ou s'ils étaient des médiateurs entre les conditions systémiques et les chutes.

Un constat pas si surprenant que cela…

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette corrélation entre mauvaise santé bucco-dentaire et les probabilités de chutes chez les sujets âgés. En premier lieu, la bouche sèche est un élément associé avec la prise de certains médicaments ou avec la survenue de certaines pathologies (obésité, diabète, hypertension, troubles du sommeil) qui sont, eux-mêmes, des facteurs de risques de chutes. En parallèles, les troubles neuromusculaires peuvent également être un facteur sous-jacent car ils peuvent provoquer des troubles de la déglutition et un surrisque de chute. En effet, « Nous n'avons pas pu déterminer si la fonction buccale et l'état dentaire étaient les causes des chutes, ou s'ils étaient des médiateurs entre les conditions systémiques et les chutes », soulignent les auteurs dans leur étude.

D’autre part, l’état de la dentition, ou des fonctions buccales affaiblies peuvent être juste l’expression d’une fragilité généralisée, ce qui par voie de conséquence accroit la probabilité de tomber. Plusieurs travaux ont rapporté une corrélation entre les capacités de mastication et la forme physique. Une étude a même évoqué que des troubles de la déglutition et une mauvaise mastication engendraient une baisse de poids pouvant être à l’origine d’une réduction de la force physique au niveau des membres inférieurs.

Toutefois, les spécialistes considèrent qu’en plus des effets indirects potentiels des conditions systémiques, « l’état de la dentition et les fonctions buccales, en particulier l’occlusion, exercent un effet direct sur les chutes ». Apparemment, la position des mâchoires aurait un impact sur la posture du corps, via les récepteurs sensoriels du système musculo-masticatoire qui permettent la perception, de la position de la tête ou la proprioception. Ainsi, une mauvaise occlusion dentaire peut réduire cette capacité et interférer avec une position optimale de la tête, ce qui entraîne un risque accru de tomber. « Une étude longitudinale a montré qu'une perte partielle ou complète d'occlusion dentaire était associée à une diminution de la force dynamique et de la fonction d'équilibre », argumentent les chercheurs. Néanmoins, un essai clinique a démontré que le recours à des prothèses améliore  l’équilibre chez les seniors. Comme quoi, pour bien vieillir, il vaut mieux avoir la dent dure !

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com