Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

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AS

Ce qui construit notre engagement de soignant…

Publié le 05/12/2017
soignant/soigné

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SSIAD, service de soins infirmiers à domicile, HAD… c’est dans ce cadre que nous intervenons aussi, nous soignants ! Nous prodiguons aide et assistance aux personnes vulnérables, souvent dépendantes, dont nous avons la charge. Nous puisons également force et énergie dans leurs histoires de vie, si riches et fécondes en expériences. Les partager, c'est aussi témoigner du coeur de notre métier de soignant, ce qui fait notre engagement et notre fierté à l'exercer.

Car le domicile, c’est aussi savoir jongler avec tout cela. Savoir ouvrir la porte de sa maisonnée et la laisser pénétrer jusque dans les moindres interstices de son intimité...

I, comme Icare, notre jeune compagnon à 4 pattes aux poils effarouchés, nous accueille au domicile de cette passionnante vieille dame qui n’en finit plus de raconter sa vie, au fil des visites quotidiennes. Du pays catalan au pays gascon, de la Martinique à l’Auvergne, elle est culturellement éprise de voyages in situ. Nous rajeunissons en l’écoutant. Comment tant d’énergie déborde-t-elle encore de ce petit corps de femme nonagénaire ? Le temps parcouru s’efface et nous fait oublier le temps d’un soin l’espace générationnel.

ll s’agit tout simplement d’accompagner et de respecter nos aînés en toute humilité.

Un peu plus loin, une dame trône dans son fauteuil, à ses côtés encore un de nos congénères à 4 pattes nommé Eden. Ici, l’Auvergne se lit à cœur ouvert quelque part sur la route près de Blesle et de Massiac. Des tableaux représentant des filles costumées en habit de pays, un ancien berceau en bois reconverti en porte-plante, une vieille table de ferme recouverte d’une infinité de potions pharmaceutiques, Des fleurs et des fleurs, en dedans en dehors pour une amoureuse de la nature. Ses doigts déformés s’activent à confectionner de belles décorations de papier, tissées de perles fines et colorées. L’été prochain, ces belles fleurs décoreront le carrosse des mariés car la petite-fille de la maisonnée va épouser son prince. Le raffinement de ces objets composites ne laisse pas l’œil indifférent. Un véritable don de famille et une dévotion sans nul pareil.

Vieillir chez soi, mourir chez soi, c’est souvent un vœu réalisable ! Pas toujours facile de gérer en tant qu’aidant et de respecter la volonté de son conjoint… Le temps de la séparation et du deuil, des chuchotements, des confidences entre soignant et soignés. Ah, mon mari m’a dit, mon mari souhaitait, mon mari c’était le plus beauJe l’ai aimé, nous nous sommes aimés 50-60 ans durant…  L’on ne peut effacer ces souvenirs ! Le soin-communication, c’est le plus beau le plus gratifiant, Faire preuve d’empathie, d’écoute, de disponibilité défie toutes les lois de la finance et de la rationalisation. Il s’agit tout simplement d’accompagner et de respecter nos aînés en toute humilité. L’aidant souffre en silence de cette relation affective altérée. La maladie tisse ses gourmands et déborde les cœurs.

Les amoureux sur le banc public vivent désormais reclus dans leur forteresse aménagée, oubliant le temps qui passe, préservant les souvenirs au fond de leurs têtes, en silence ! Des mains ridées et maladroites, des yeux implorant exprimant la reconnaissance, de la lenteur dans le mouvement, de petits pas de danseuses sur la vieille moquette du salon… Ici, le temps s’est arrêté, tout est silence, tout est douceur affective et attendrissante.

Le domicile, c’est aussi savoir jongler avec tout cela. Savoir ouvrir la porte de sa maisonnée et la laisser pénétrer jusque dans les moindres interstices de son intimité.

J’irai revoir ma Normandie ? Pas si sûr chez ce couple de personnes âgées, bercées au rythme du passage des différents intervenants : médecins, kinés, pédicures, infirmiers, aides-soignants, auxiliaires de vie, aide-ménagères … des professionnels formés et dévoués à cette cause ! Car le domicile, c’est aussi savoir jongler avec tout cela. Savoir ouvrir la porte de sa maisonnée et la laisser pénétrer jusque dans les moindres interstices de son intimité. Etes-vous sûr vous-même de savoir un jour l’accepter ?

Une chute malencontreuse malgré la présence enveloppante de la fille de ce lieu, accentue la tristesse d’un visage, déjà marqué par la douleur. L’inquiétude et l’angoisse dominent. Comment récupérer à l’âge de 92 ans ? La crainte de ne pouvoir refaire dans quelques jours ces quelques pas entre la chambre, la cuisine, conduisant à la salle-à-manger où sont accrochés de jolies tableaux.

Ceux-ci révèlent quelques dons artistiques et familiaux Et parlent surtout de ces petits riens qui construisent toute une existence et tissent les relations au sein de la famille. Je vous laisse continuer d’écrire ce récit et de témoigner de notre amour pour ce beau métier ou profession…

Dominique MALETIN
Aide-soignante


Source : infirmiers.com