Ce témoignage d’un aide-soignant récemment recueilli sur la page facebook du groupe Ni Bonnes Ni Nonnes Ni Pigeonnes est suffisamment explicite concernant la dégradation des conditions de travail des soignants et ce, au détriment des patients. Nous le partageons donc avec vous et avec l’autorisation de son auteur, Laurent.
Je travaille dans un EHPAD. Depuis samedi, nous tournons à trois aides-soignants pour la journée au lieu de quatre (une collègue est malade depuis vendredi soir), ce qui fait que nous faisons le minimum pour les toilettes.
Ma matinée :
- arrivée à 6h30, édition des transmissions, distribution de médicaments à trois résidents puis trois toilettes entre 7h et 7h40 ;
- pause de 7h40 à 8h10, pendant laquelle nous nous sommes organisés avec mes deux collègues pour nous répartir les toilettes en raison de l'absence de la quatrième AS ;
- ensuite une quinzaine de levers et d'installation pour le petit-déjeuner, deux aides à la prise du petit-déjeuner avec prise de médicaments ;
- je débute mes toilettes à 8h45 et j'en ai 14 à faire... Mes deux collègues n'ayant pas terminé, j'en fait une quinzième ..... Résultat des courses il est 12h lorsque nous terminons.
J’ai donc consacré 13 minutes en moyenne à chaque résident pour le déshabillage, la toilette, le change, l'habillage et la descente au rez-de-chaussée...
Je débute mes toilettes à 8h45, j'en ai 14 à faire !
Demain, nous serons toujours trois AS. Après deux journées à 11h de boulot, nous sommes déjà bien crevés et surtout assez énervés de ne pas avoir reçu d'aide de la part de l'infirmière cadre qui a passé sa matinée à voir comment on avançait, combien de toilettes il nous restait et à « prendre la tête » à notre infirmière... Ce n'est pas la première fois que cela arrive, la deuxième équipe a ainsi bossé pendant 5 jours à 3 AS au lieu de 4 début janvier 2013. Il y en a marre de ne pas être remplacé en cas d'absence, de travailler comme des bagnards pour que tout soit fait "dans les temps", de ne recevoir aucune aide, de courir toute la journée, de finir sur les rotules, tout en sachant que demain il faut remettre ça, que nos résidents, bien qu'ils soient très compréhensifs, soient pris en otage par une hiérarchie qui, tant que le boulot est fait, se fiche des conditions de travail et de la prise en charge...
Du coup, nous avons pris la décision de faire maintenant des toilettes complètes à tous les résidents, ceux qui devaient avoir leur douche ce week-end l'auront demain en même temps que tous ceux pour qui c’était déjà prévu, quitte à ce que nous finissions les toilettes à 13h, voire plus tard. Certes, ça nous fera faire des heures en plus, mais on ne peut pas continuer comme ça à tout accepter au détriment de nos conditions de travail, de notre santé et du bien-être de nos résidents qui paient en moyenne 2.800 € par mois !
Cela s'ajoutera à nos autres plaintes : plus d'animations durant les après-midi, des repas beaucoup moins appréciés qu'avant, des familles qui commencent à se plaindre, sans parler de nos heures supplémentaires de 2012 qui ne sont toujours pas payées...
Un article à faire tourner, pour dénoncer ces pratiques insupportables pour la qualité des soins !
Bernadette Fabregas
Rédactrice en chef aide-soignant.com
bernadette.fabregas@infirmiers.com
INTERNATIONAL
Infirmiers, infirmières : appel à candidatures pour les prix "Reconnaissance" 2025 du SIDIIEF
HOSPITALISATION A DOMICILE
Un flash sécurité patient sur les évènements indésirables associés aux soins en HAD
THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES
Hypnose, méditation : la révolution silencieuse
RECRUTEMENT
Pénurie d'infirmiers : où en est-on ?