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PUERICULTRICE

Infirmiers puériculteurs : comment exercer sa spécialité en libéral ?

Publié le 17/03/2017

L’exercice libéral, pour les infirmiers puériculteurs (IPDE), semble encore peu répandu, et surtout mal connu. Comment faire valoir sa spécialisation en libéral, alors qu’il n’existe pas de nomenclature spécifique ? D'autant qu'une offre de soins semble déjà présente (services de Protection Maternelle et Infantile, hospitalisation à domicile…). Florent Brault, président du SNIPuerLib répond aux questions d'Infirmiers.com.

Les infirmiers puériculteurs peuvent aussi exercer leur spécialité en libéral.

Il s'agit d'un mode d'exercice peu connu, pourtant, certains infirmiers puériculteurs tentent l'aventure en libéral . C'est notamment le cas de Florent Brault, infirmier puériculteur libéral, ancien délégué régional à l’Association Nationale des Infirmier(e)s Puéricultrices(-teurs) et des Etudiants (ANPDE) et président du Syndicat National des Infirmiers Puériculteurs Libéraux (SNIPuerLib). Après l’obtention de son diplôme d’infirmier en 1998, il effectue un remplacement en service de cardiologie pédiatrique. En 2003, il décide de se spécialiser en vue de devenir IPDE. L'objectif : disposer de tous les outils et connaissances nécessaires pour travailler en pédiatrie. Actuellement installé en libéral à Bordeaux, il parle de son exercice quotidien et de ce qui fait sa spécificité.

Infirmiers.com - Comment avez-vous été amené à exercer en libéral ?

Florent Brault - En 2005, je suis parti pendant un an sur l'île de la Réunion où j'ai fait des remplacements comme infirmier libéral, sans pouvoir faire valoir ma spécialisation d'infirmier puériculteur. C'est en revenant en métropole en 2006 que j'ai eu envie d'allier la pédiatrie et le soin à domicile. Avec un collègue infirmier puériculteur, nous avons décidé d’ouvrir notre cabinet en agglomération nord-ouest de Bordeaux.

Infirmiers.com- Que représente l’exercice libéral des IPDE par rapport à l’ensemble de la profession ?

F.B. - Il est très difficile de faire un état des lieux pour savoir combien de puériculteurs travail en libéral, c'est-à-dire en dehors des établissements d'accueil du jeune enfant, des PMI ou de l’hôpital. Selon les chiffres ADELI, plus de 600 IPDE sont inscrits en activité libérale conventionnée. Mais ces chiffres ne prennent pas en compte les infirmiers puériculteurs installés en association ou en entreprise privée. L’activité proposée par les IPDE libéraux est très diversifiée : accompagnement des parents, conseils téléphoniques, consultations à domicile, ou encore ateliers d'éveil, portage, toucher-massage…

« Il n'y a pas d'actes à proprement parler pour le suivi et l'accompagnement de l'enfant dans le cadre de son développement psychomoteur, ou staturo-pondéral, son éveil, l’adaptation de l'alimentation, l’accompagnement lors d’un allaitement maternel… »

Infirmiers.com - Lors de votre installation, comment avez-vous fait pour développer votre activité pédiatrique ?

F.B. - Nous avons essayé de développer notre activité en pédiatrie en nous faisant connaître auprès des pédiatres, des maternités, des services de néonatologie et des cliniques privés. À Bordeaux, il existait déjà une bonne prise en charge des enfants en ambulatoire. L'hôpital pédiatrique est en effet capable de gérer la prise en charge globale des enfants avec un système de consultations post-hospitalisation et des services d’hôpitaux de jour. Toutefois, ce n’est pas le cas dans d’autres agglomérations de la région. La demande en activité pédiatrique libérale est alors plus forte.

Infirmiers.com - Dans ce contexte, qu’apporte l’activité infirmière libérale pédiatrique par rapport à l’offre de soins existante ?

F.B. -  L'offre de soins existante se compose, d'un côté, d'infirmiers puériculteurs de PMI qui proposent un accompagnement lors des sorties de maternité, ou bien pour des situations nécessitant un accompagnement dans les soins hebdomadaires (et non quotidiens) à l’enfant, sans soins techniques. L’HAD effectue de son côté des prises en charge lourdes et par conséquent des soins techniques, avec une équipe pluridisciplinaire. Quant à nous, en tant qu'infirmier puériculteur libéral, nous offrons des soins quotidiens ou bi-quotidien pour les enfants et accompagnons les parents. Nous assurons ainsi une continuité dans la prise en charge. Il peut s'agir d'un besoin de soins ou traitement particulier (pansements, injections, perfusions).  Il nous paraissait évident, quand nous avons débuté notre activité, que des infirmiers puériculteurs avaient toute leur place dans les soins à domicile grâce à leur spécialisation. L'objectif n'est pas de « prendre » les actes effectués par d’autres professionnels, mais plutôt de répartir intelligemment les intervenants en fonction des besoins individuels et de chaque prise en soins.

Infirmiers.com - Actuellement, que représente l’activité pédiatrique par rapport à votre activité globale ?

F.B. - Ma patientèle est composée à 28 % de personnes de moins de 16 ans, ce qui est dix fois plus élevé que la moyenne nationale. Nous avons donc une réelle activité de soins pédiatriques au sein de notre cabinet. Cependant, il peut s’agir d’enfants rencontrés une seule fois. Actuellement, nous suivons deux enfants que nous voyons quotidiennement.

Infirmiers.com - À ce jour, aucune nomenclature d’actes spécifique n’existe pour les IPDE. Quel est l’impact de cette absence dans votre exercice professionnel au quotidien ?

F.B. - Tous les soins que nous effectuons en activité libérale conventionnée figurent dans la nomenclature des infirmiers libéraux . Les soins techniques y sont répertoriés et notre rôle propre infirmier nous permet de faire de l'accompagnement, de l’éducation et de la promotion de la santé. Mais effectivement, il n'y a pas d'actes à proprement parler pour le suivi et l'accompagnement de l'enfant dans le cadre de son développement psychomoteur, ou staturo-pondéral, son éveil, l’adaptation de l'alimentation, l’accompagnement lors d’un allaitement maternel… c’est-à-dire tous les soins spécifiques à notre profession. Il manque donc une reconnaissance de notre activité. D'autant que le diplôme d’état d’infirmier puériculteur n’est pas non plus pris en compte par les CPAM, l’ARS, la CARPIMKO ou l’URSSAF.

Infirmiers.com - Passez-vous moins de temps avec les enfants que vous soignez à cause de ce manque de valorisation ?

F.B. - Nous prenons le temps nécessaire aux soins pour nous adapter aux enfants. Par conséquent, pour le même tarif de facturation remboursé par la sécurité sociale, un soin à un adulte va évidemment beaucoup plus vite. L’exemple type est une prise de sang. Pour un adulte, l’infirmier arrive chez la personne pour réaliser le soin. L’adulte a lui-même appelé et va tendre le bras. Puis l’infirmier repart aussitôt. Pour les enfants, nous prenons le temps de venir la veille afin de nous présenter, expliquer ce qu’est un garrot, une aiguille, le déroulement du soin, repérer la veine afin de montrer aux parents où placer le patch anesthésiant cutanée. Le jour de la prise de sang, nous appelons avant d’arriver pour prévenir de l’heure précise, nous proposons une activité distractive à visée antalgique pour que le soin se déroule au mieux. Tout cela n'est pas valorisé.

La NGAP ne considère pas la profession de puériculteur alors que nous avons une place primordiale dans le domaine de la petite enfance et de la santé. Une avancée dans la législation des actes serait une vraie évolution dans tous les domaines d’activités.

Infirmiers.com - Que conseillerez-vous aux IPDE qui souhaitent s’installer en libéral ?

F.B. - Il est nécessaire de faire un état des lieux sur les besoins du secteur géographique où l'on veut s'installer. Il faut savoir communiquer, se présenter à toutes les structures hospitalières du secteur mais aussi aux structures d'accueil du jeune enfant, à la PMI et aux professionnels de santé (médecins, pédiatres, sages-femmes). Les différentes modalités d’installation sont très nombreuses et variées, c’est pourquoi la commission ambulatoire et soins en ville de l’ANPDE propose un atelier de rencontre et de réflexion sur ce sujet. Une formation sur 2 jours va également être proposée en fin d’année 2017. Enfin, se regrouper et se fédérer autour de cette même cause me parait primordial. C’est pourquoi, nous avons créé le seul syndicat pour les infirmiers puériculteurs libéraux.

Infirmiers.com - Quelles sont les missions du SNIPuerLib et que défendez-vous ?

F.B. - Ce syndicat a vu le jour le 8 juin 2015. L’objectif principal est la reconnaissance de ce mode d’activité en ville. L’intérêt supérieur de l’enfant et de sa famille est pour nous une priorité. Les projets de loi passés ou à venir tendent vers le développement de l’activité ambulatoire et des prises en charge en ville. Il est nécessaire de promouvoir une cohésion entre les membres adhérents actifs par une réflexion sur les pratiques actuelles et à venir. Nous attendons avec impatience la venue de volontaires ! La NGAP (Nomenclature Générale des Actes Professionnels) ne considère pas la profession de puériculteur alors que nous avons une place primordiale dans le domaine de la petite enfance et de la santé. Une avancée dans la législation des actes serait une vraie évolution dans tous les domaines d’activités. Il est donc important de se fédérer autour et pour cette activité émergente : que ce soit en association loi 1901, micro-entrepreneur, entreprise privée, pôle de santé, ou conventionné. Pour la première fois, nous participons au mouvement unitaire des infirmiers depuis novembre dernier , mouvement qui rassemble de nombreux syndicats et associations représentatifs autour d’une même cause.

Si vous souhaitez contacter le SNIPuerLib : snipuerlib@gmail.com ou le 06.16.84.24.89.

Charles Eury IPDE ANPDE


Source : infirmiers.com