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Infirmier et sédentarité : le risque zéro n'existe pas !

Publié le 27/04/2018
infirmière couloir hôpital urgence

infirmière couloir hôpital urgence

La profession infirmière est connue pour être physiquement exigeante. En effet, l'exercice de ce métier devrait protéger de la sédentarité et des conséquences qui s'y rattachent. Et pourtant, selon une étude canadienne, rien n'est moins sûr...

Selon des travaux canadiens l'activité physique régulière pratiquée par les infirmiers est en dessous des recommandations de l'OMS.

La profession infirmière est perçue comme usante et demande une bonne résistance physique. Il est donc logique de penser que les soignants sont à l'abri de la sédentarisation dont souffrent de nombreux autres métiers. Toutefois, des scientifiques canadiens ont eu l'idée de le vérifier, et leurs efforts n'ont pas été vains. L'exercice infirmier n'est pas aussi sportif qu'on ne l'aurait cru ! Apparemment, les paramédicaux ne se dépensent pas assez si l'on se réfère aux préconisations de l'OMS.

A 55 minutes près...

Afin d'évaluer l'activité physique pratiquée en moyenne par les soignants , 410 infirmiers dont 94 % de femmes âgées de 43 ans en moyenne ont été sélectionnés pour participer à des travaux de recherche. Chacun d'entre eux exerçait dans différents services de 14 hôpitaux dans la région de Champlain en Ontario (Canada). Les spécialistes ont pu estimer les efforts physiques accomplis par les soignants en poste grâce à des accéléromètres qu'ils portaient durant la journée. En parallèle, plusieurs indications sur leur état de santé général ont été prises en compte notamment leur Indice de masse corporelle (IMC), leur tour de taille ou leur pression artérielle. De même, les participants ont dû compléter un questionnaire sur leur activité physique.

Les résultats montrent que les infirmiers canadiens passent en moyenne 445 minutes (avec une variation de plus ou moins 116 minutes) à rester sédentaires. D'ordre général, les soignants accumulent 14 minutes (± 14 minutes) quotidiennes d'activité physique d'intensité modérée à vigoureuse si l'on ne prend en considération que les périodes d'exercice de plus de 10 minutes. Ainsi, sur une semaine, les paramédicaux comptabiliseraient 288 minutes (± 143 minutes) d'activité physique intense ou modérée. Cependant, si l'on ne tient compte que des moments d'efforts d'au moins 10 minutes, ce score retombe à 96 minutes hebdomadaires (avec des disparités de ± 100 minutes). Or, ces chiffres sont en dessous des recommandations de l'OMS qui fixent la limite à 150 minutes d'activité physique intense à modérée cumulées sur des périodes d'au moins 10 minutes.

Par conséquent, seulement 23 % des participants respectaient ces préconisations, et ce, même si ce sont indéniablement de bons marcheurs avec 8176 pas quotidiens en moyenne ! Ces observations ont dû aussi surprendre les intéressés car, lors des questionnaires, ils ont estimé leur activité physique modérée et vigoureuse à 120 minutes par jour. 

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Les résultats demeurent néanmoins très hétérogènes chez les soignants. En effet, les infirmiers provenaient de différents services hospitaliers, avec des charges de travail et des tâches bien distinctes. Soins intensifs, urgences, salle d'opération, chirurgie, neurologie, oncologie, maternité, santé mentale, administration ou recherche, les profils étaient plus que variés, ce qui signifie également une grande disparité dans les données recueillies. Les différences étaient importantes en fonction du poste occupé. Les participants qui exerçaient dans l'administration ou la recherche s'avéraient, sans surprise, les plus sédentaires.

Autre constat des auteurs, les soignants qui travaillaient 8h d'affilée étaient moins sédentaires que ceux qui enchaînaient pendant 12h. De même, les professionnels en poste fixe avaient davantage de moments d'activité que ceux en roulement.

Ces travaux sont intéressants même s'ils sont effectués Outre-Atlantique où le travail est bien différent de celui des infirmiers français. L'on pourrait donc se demander ce que ce type d'étude pourrait donner dans l'Hexagone où les soignants sont de plus en plus touchés par l'épuisement professionnel . Celui-ci serait-il plus moral ou physique ? Et vous, pensez-vous faire 150 minutes d'activité physique hebdomadaire en cumulant des périodes d'efforts d'au moins 10 minutes ? Mesdames et Messieurs, à vos podomètres !

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com