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Infirmier de bloc opératoire : attention danger !

Publié le 24/11/2010

Les techniques opératoires modernes nécessitent de plus en plus l’utilisation du guidage radiologique. Dès lors, la culture infirmière se doit de prendre en compte une nouvelle contrainte, la radioprotection.

S’il est un secteur où la coopération entre acteurs paramédicaux est avérée et efficace, c’est bien la pratique interventionnelle. A l’instar de ce qui se passe au sein des blocs d’imagerie, les manipulateurs et les infirmiers se côtoient au quotidien dans les blocs opératoires classiques.

Un danger sournois

En effet, la chirurgie moderne, de moins en moins invasive, utilise abondamment les techniques de guidage radiologique dans les procédures opératoires vasculaires, abdominales ou osseuses, entre autres. Cette évolution n’est pas anodine, car elle introduit au sein du bloc opératoire « le grand méchant rayon X », qui peut se montrer dangereux si on le sous-estime.

Il est très discret, car invisible, inodore et indolore, et c’est peut-être là son véritable danger : on a tendance à l’oublier ! Il peut être nocif en cas d’exposition prolongée des personnels à proximité de l’appareil de radiologie.

Les manipulateurs sont très conscients des risques encourus, du fait de leur formation initiale. Celle-ci fait, en effet, la part belle aux consignes de sécurité en matière de radioprotection. Et leur culture professionnelle leur permet, naturellement, de prêcher la bonne parole auprès de leurs collègues infirmiers.

De plus, le programme de formation des infirmiers de bloc opératoire (IBODE) comprend un chapitre dédié à aux rayonnements ionisants.

Enfin, la législation prévoit que la personne compétente en radioprotection (PCR) d’un établissement de soins dispense une formation portant sur les conduites à tenir dans ce domaine, renouvelée tous les 3 ans, aux personnels soumis à un tel environnement de travail.

Une nécessaire prise de conscience

Dès lors, toutes les conditions sont réunies, semble-t-il, pour que chacun, au sein du bloc, pratique son métier en toute sécurité. C’est malheureusement loin d’être le cas. On observe que juste après ladite formation, les infirmiers appliquent à la lettre les quelques gestes inhérents à la protection des travailleurs en milieu radioactif, comme le port du tablier plombé, du dosifilm et du dosimètre opérationnel, voire du cache-thyroïde.

Et puis, petit à petit, le message reçu se dilue et les outils de radioprotection ne sont plus systématiquement utilisés. Sans parler des expositions inutilement prolongées aux rayons X au cours de procédures opératoires plus longues qu’à l’accoutumée.

La culture infirmière, depuis longtemps initiée aux contraintes de l’hygiène, des infections nosocomiales, ou des accidents d’exposition au sang, entre autres, n’a pas encore intégré la pleine mesure des dangers liés à l’irradiation d’origine médicale. Bien sûr, la proportion d’infirmiers évoluant dans de tels environnements est assez faible. Et les accidents pour ce type d’exposition sont rarissimes et n’ont pas le même retentissement médiatique que ceux survenus récemment dans certains services de radiothérapie.

Il n’empêche que au cours d’une carrière, compte tenu du turn-over important des personnels soignants, un infirmier a de fortes chances de se retrouver au moins une fois soumis à un environnement radioactif.

S’il ne possède pas, dès sa prise de fonction, une culture « radioprotectionniste » de base, il est vulnérable car ignorant. La législation, pourtant très tatillonne dans ce domaine, ne devrait pas permettre à une personne non formée d’accéder à une « zone contrôlée ». A l’heure de la formation initiale infirmière universitaire, il est souhaitable que les programmes intègrent désormais des recommandations de bonnes pratiques liées aux rayonnements ionisants.


Bruno BENQUE
Rédacteur Infirmiers.com
bruno.benque@gmail.com


Source : infirmiers.com