Une étude canadienne démontre que les infections nosocomiales diminuent quand les patients ont des chambres individuelles. Un moyen simple de réduire le risque d’infection. Même si les auteurs rappellent que les mesures et précautions d’hygiène restent de mise.
Le Centre Universitaire de Santé McGill (Canada) a récemment déménagé dans des nouveaux locaux, l’hôpital Royal Victoria ayant fermé en 2015. Or, les patients sont passés d’un établissement où ils étaient jusqu’à quatre pensionnaires dans un même espace à des chambres individuelles. L’occasion pour des chercheurs d’évaluer l’impact de ce changement sur les risques de transmission d’agents pathogènes. S’ils s’attendaient à ce que le nombre d’infections aux bactéries résistantes chute, les chiffres ont dépassé leurs attentes. D’après l’étude parue dans le JAMA, les spécialistes estiment que placer les patients en chambres individuelles a réduit de 75% les cas d’infections à des pathogènes résistants aux antibiotiques. Ces données confirment celles obtenues lors d’un étude antérieure montréalaise datant de 2011 où les infections nosocomiales avaient également baissé de moitié suite à ces changements structurels.
Plus précisément, les auteurs ont remarqué une diminution immédiate et durable
des contaminations par staphylocoques et entérocoques. En revanche, les cas liés à Clostridium Difficile, eux, sont restés stables. Selon le Dr Emily McDonald, auteure principale des travaux, si les taux de transmission de cette bactérie n’ont pas chuté contrairement aux autres, c’est que cet agent infectieux se trouve déjà dans les établissements, l’usage de chambres individuelles freine uniquement la propagation des pathogènes que les patients apportent.
On parle également du dépistage des patients à risque, de la mise en place de précautions additionnelles, d’augmenter l’hygiène des mains et d’avoir des contrôles de qualité pour le nettoyage et la désinfection de l’environnement de façon constante
D’autres mesures préventives contribuent à ces résultats
Isoler les patients dans des chambres, seuls, n’est pas l’unique facteur responsable de cette réduction, les mesures d’hygiène ont aussi été optimisées. On parle également du dépistage des patients à risque, de la mise en place de précautions additionnelles, d’augmenter l’hygiène des mains et d’avoir des contrôles de qualité pour le nettoyage et la désinfection de l’environnement de façon constante
, explique le Dr Charles Frénette, co-auteur de l’étude.
Dans l’établissement en question, par exemple, de nombreux lavabos ont été mis à disposition des visiteurs comme des personnes hospitalisées pour qu’ils puissent se laver les mains. D’autre part, une équipe pluridisciplinaire de prévention et de contrôle des infections a été mise en place.
Enfin, les chercheurs soulignent que si prévoir des hôpitaux avec des chambres isolées revient cher, les traitements des infections antibio-résistantes sont également très coûteux. Même s’il est toutefois difficile d’estimer les économies apportées, pour les spécialistes ne serait-ce que pour le bien-être des patients, le jeu en vaut forcément la chandelle.
Les rideaux de séparation protègent l’intimité des patients mais pas leur santé
Les rideaux qui séparent les lits des patients seraient de véritables nids à bactéries résistantes selon une étude américaine portant sur 6 centres de soins infirmiers du Michigan. En tout, près de 1.500 prélèvements ont été effectués sur le bord de ces rideaux (l’endroit où ils sont le plus susceptibles d’être touchés). Il s’est avéré que des agents pathogènes résistants ont été détectés dans plus d’un cas sur cinq. Plus précisément, près de 14% étaient contaminés par des entérocoques résistants. De même, dans 16% des cas, les patients étaient porteurs de la bactérie présente sur le rideau. Si, d’après les chercheurs, les agents infectieux sont sûrement passés du patient au rideau, l’inverse reste néanmoins « possible ». Pire, ces pathogènes peuvent survivre sur ces rideaux et ensuite se propager sur d’autres surfaces voire d’autres personnes.
Cependant, d’après Pierre Parneix, ancien président de la Société Française d'Hygiène Hospitalière (SF2H), interrogé notamment par Science et Avenir sur le sujet, ce type de séparation demeure peu employé dans notre pays. En France, nous en avions un usage très réduit car ces rideaux mobiles servent à isoler les patients qui partagent la même chambre (et) l'usage est de ne le mettre que si un des patients à un état très altéré
. La problématique est nettement plus importante au Royaume-Uni et aux États-Unis où ces rideaux sont davantage utilisés. Les rideaux, les paravents, ne sont pas un choix satisfaisant en raison du manque d'intimité et des problèmes d'hygiène, de sécurité et d'entretien
. De plus, c'est long et complexe à nettoyer
, développe l’expert.
C’est pourquoi, en Belgique, à l'hôpital André Vésale, des tentures spécifiquement traitées ont fait leur apparition dans plusieurs unités tels que les soins intensifs, les blocs opératoires ou les urgences. La barrière antibactérienne reste efficace pendant 6 mois. Cela reste un véritable avantage de travailler avec ce type de séparation de lits
, explique Véronique Schamroth, infirmière en charge de l'hygiène à l'hôpital.
Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com @roxane0706
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