Organisations inadaptées, pénurie de personnels soignants compétents... et une réalité, dans de trop nombreux établissements de santé, les sages-femmes sont, de fait, contraintes à réaliser, en dehors de leur cadre de compétences, des actes réservés aux infirmier(e)s de bloc opératoire. L'Ordre national des infirmiers et le Conseil national de l'Ordre des sages-femmes rappellent aux pouvoirs publics qu'il est indispensable de respecter la spécificité des compétences de chaque professionnel de santé et ce, pour assurer avec efficience la sécurité des patientes et des nouveau-nés.
Respectons la spécificité des compétences de chaque professionnel de santé
. L'ONI et le CNOSF, par voie de communiqué, appellent les pouvoirs publics à faire respecter l'application de la réglementation en vigueur aux établissements de santé car les situations d'exercice illégal sont trop souvent observées et dénoncées par les professionnels eux-mêmes.
Anne-Marie Curat, présidente du Conseil national de l'Ordre des sages-femmes (CNOSF) le souligne avec véhémence, il ne se passe pas une semaine sans que nous recevions des mails de sages-femmes nous alertant sur ces problématiques, graves, de glissement decompétences, dans leurs établissements, qu'ils soient publics ou privés. Je rappelle, comme chacun le sait - ou devrait le savoir - que dans les maternités, sages-femmes et infirmiers doivent intervenir de manière coordonnée et dans le respect des compétences de chacun, afin d’assurer une prise en charge sécurisée et de qualité des patientes comme des nouveau-nés. Les sages-femmes sont des professionnelles médicales à compétences définies et ne peuvent, à ce titre, effectuer des actes réservés à d’autres professionnels de santé qualifiés. Des fonctions de circulant, aide-opératoire ou instrumentiste ne relèvent donc pas de leur cadre réglementaire. Et pourtant, les sages-femmes peuvent être contraintes à les assurer, notamment lors de césariennes "code rouge" (devant être pratiquées en urgence) mais également lors de césariennes programmées. Ces situations ne sont pas acceptables car les sages-femmes appelées sur des fonctions d’Ibode ne peuvent assurer la prise en charge des patientes qui sont sous leur responsabilité. Ces situations sont la conséquence de dérives organisationnelles et managériales (absence de personnel qualifié, engorgement des services, non-respect des règles portant sur les ratios d’effectifs, sur les compétences de chacun...) qui ne doivent plus être minimisées, voire banalisées. L'organisation des astreintes de nuit ou de week-end avec par exemple des Ibode qui ne sont pas sur place, mais à leur domicile, l'explique facilement. Or, tout établissement de santé doit être en mesure de mettre à disposition un personnel ad hoc et donc compétent pour faire face à des situations particulières, en routine ou en urgence. Il en va de leur responsabilité.
Dans les maternités, sages-femmes et infirmiers doivent intervenir de manière coordonnée et dans le respect des compétences de chacun, afin d'assurer une prise en charge sécurisée et de qualité.
Magali Delhoste, présidente de l'Union nationale des associations d'infirmier(e)s de bloc opératoire diplômé(e)s d'Etat (Unaibode), ne dit pas autre chose. Il est de notre devoir, en tant que professionnels de santé responsables, de faire respecter l’application de la réglementation afin de garantir les compétences de chacun. Il ne saurait être toléré plus longtemps cette banalisation de pratiques qui impose aux professionnels la réalisation d’actes hors de son champ de compétences. Nous devons, avant tout, garantir la sécurité des patients et la qualité des soins. Je souligne que ces actes, hors compétences, sont le plus souvent demandés aux professionnels par leur hiérarchie. C'est grave et de mon point de vue, le positionnement des équipes de cadres est ici déterminant. Ce sont à elles de faire pression sur leur direction et pas l'inverse. Nous devons nous battre pour exercer en toute sécurité, forts de nos compétences propres. C’est parce qu’il existe des actes spécifiques qui nécessitent des connaissances spécifiques, et donc une formation spécifique, que le rôle de l’Ibode doit être garanti, tout comme celui de la sage-femme. A chacun son métier, dans le respect de l'autre, et pour le bienfait de tous
. Et Magali Delhoste d'aller plus loin, rappelant également qu'en 2020, la problématique de glissement de tâche s’est accentuée avec le personnel soignant non Ibode contraint de réaliser, en dehors de son cadre de compétence, des actes réservés exclusivement aux infirmiers de bloc opératoire diplômés
. En décembre dernier, Patrick Chamboredon, Président de l'ONI, s'exprimait d'ailleurs à ce sujet : aujourd’hui, les Ibode ne sont pas assez nombreux pour répondre aux besoins, et donc éviter ces dérives, il convient donc que les établissements de santé, et notamment les établissements privés, assurent une formation aux professionnels paramédicaux qui interviennent dans les blocs opératoires. Il faut avancer sur les modalités de ces formations, peut-être imaginer que celles-ci soient effectuées au sein même des établissements, afin de ne pas affecter leur activité
.
Face à la banalisation de ces pratiques, ces "glissements de tâches", ces situations d'exercice illégal, l'ordre des infirmiers et celui des sages-femmes alertent les pouvoirs publics.
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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