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Humeur – Un appel à l’humanitude !

Publié le 06/06/2012

Lise Martin Martinez, étudiante en soins infirmiers de deuxième année, a des états d’âme et souhaite les partager. C’est ainsi qu’elle a adressé à Infirmiers.com un poème intitulé Humanitude1, écrit un soir de retour de stage où quelques questions sur son futur métier de soin sont venues la tarauder... Merci à elle et n’hésitez pas à réagir à votre tour...

Humanitude !

Tous ces patients, ces gens qui viennent consulter
Et que l’on accueille bien souvent sans même les regarder
Parfois le bonjour est facultatif
Mais personne n’est fautif
Moi je n’en peux plus de me taire
Je n’en peux plus de ne rien faire
Toute cette souffrance morale ou physique
Comme si c’était logique
Que personne ne perçoit
Que personne ne voit

L’hôpital est devenu une usine.
Les médecins voient le corps humain comme une machine
Défilé des patients où il faut être efficace et sans pitié,
Allez vite, faire le soin vite, ne pas prendre le temps de parler
Ni au revoir, ni merci, surtout pas d’informations
On fait son soin parfois sans raison
Se concentrant sur le pansement
On oublie qu’une personne a des sentiments
Que son entourage aussi,
Les épouses, les mères, les pères, les maris se font du souci
Restant avec leurs questions sans réponses
Comme des piqûres de ronces.

Le patient, on lui enlève la parole, il doit se plier à la science du médecin
On donne notre avis sans écouter le sien.
Il a peur, il a mal, on le voit dans ses yeux, dans ses paroles et dans ses gestes
On s’en fout, nous on veut pas que trop longtemps il reste.
On lui enlève sa personnalité, il peut crier de douleur, on reste froid
Je dénonce l’inhumanité totale, le manque d’hygiène, je fais quoi moi ?
Je leur souris, je compatis, je ne peux faire que cela….
Je rassure comme je peux, mais je ne peux faire que ça…
La parole est un soin, tout comme l’écoute des Personnes Soignées

Je sais, je sais que je ne serai jamais comme cela
Je ne me laisserai pas déborder par le travail froid
Par la rentabilité et l’efficacité
Je prendrais toujours mon temps pour travailler
Car ces petits signes d’anxiété peuvent aller loin s’ils ne sont pas décelés
Prendre une main… regarder dans les yeux, expliquer, parler sans termes médicaux...
Peut soigner beaucoup de maux.

On ne peut guérir une Personne qu’en soignant son corps
Car le mental peut lui aussi lutter contre la mort
Et tant que les soignants n’auront pas compris cela
Nos soins ne serviront à rien…
Il faut parler et toucher les Personnes dans le coma
Ne pas les abandonner, il peuvent percevoir parfois notre voix
Il faut prendre la main aux Personnes âgées que personne n’ose toucher
Qu’on lave d’un air dégoûté …

On pose des perfs, on pique à la chaîne…
On ne prend pas le temps d’observer le Patient, de déceler sa peine
Par contre, on a le temps pour la pause café… j’ai la haine
Il faut changer de métier si on est pas capable d’avoir un minimum de respect.
Je veux être infirmière !

Note

  1. Le concept d’humanitude repose sur une définition de l’homme comme animal communiquant doté de capacités et vivant dans un milieu particulier, ce qui implique des besoins propres à l’espèce humaine. Ce concept a été popularisé et adapté aux soins des personnes âgées par Yves Gineste et Rosette Marescotti il y a 30 ans. La méthode ainsi mise au point a montré son efficacité vis-à-vis des personnes atteintes de maladies neurodégénératives de type Alzheimer et apparentées. Elle vise à restituer à la personne sa dignité d’être humain et s’inscrit ainsi dans une démarche de bientraitance.

Lise Martin MARTINEZ
Étudiante en soins infirmiers, 2e année


Source : infirmiers.com