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Hôpital : le plan de sauvetage de la dernière chance...

Publié le 20/11/2019
Edoaurd Philippe Hôpital crise

Edoaurd Philippe Hôpital crise

Sauver l’hôpital, redonner espoir et confiance à des professionnels de santé qui, en lutte depuis des mois, ne savent plus d’où viendra leur salut. Le Troisième plan, plan de la dernière chance pour sauver le service public hospitalier, est-il à la hauteur des attentes pour contenir la "vague blanche" qui a déferlé la semaine dernière dans le pays et pourrait se reformer prochainement ? Si, pour l'exécutif, les demandes de l'hôpital sont "légitimes", reste à savoir si cet ultime plan qui dégage 1.5 milliard d'euros supplémentaire pour le budget des hôpitaux sur 3 ans, sera suffisant pour atténuer le mouvement social, et ainsi éviter la convergence des mécontentements en décembre. Revue de détails des principales mesures annoncées et premières réactions...

"Nous portons tous en nous cette part d’histoire intime qui nous lie à nos médecins, nos infirmières et nos aides-soignants et qui nous oblige. Nous savons tous ce que nous devons à l’hôpital public". De jolis mots qui ne vont pas suffire à éteindre la grogne...

Dans toute la France, les médecins hospitaliers, les infirmiers et les aides-soignants nous disent que l’hôpital décroche, et que l’horizon des réformes portées pour 2022 ne peut pas être la seule réponse, a souligné d'emblée le Premier ministre Edouard Philippe, dévoilant son nouveau plan d'investissement pour l'hôpital public, nouveau volet de "Ma Santé 2022 ". Agnès Buzyn n'a pas dit autre chose, rappelant à son tour que la situation de l’hôpital implique que nous apportions des solutions supplémentaires pour répondre aux problématiques qui ne peuvent pas attendre. Nous devons investir plus fortement dans l’hôpital public car il doit rester un des piliers de notre système de santé. Nous devons rapidement renforcer l’attractivité des métiers de l’hôpital, redonner aux soignants les conditions de travail nécessaire à la réalisation de leurs missions et permettre à l’hôpital d’investir dans le présent et pour l’avenir. Edouard Philippe l'a martelé, nous portons tous en nous cette part d’histoire intime qui nous lie à nos médecins, nos infirmier(e)s et nos aides-soignants et qui nous oblige. Nous savons tous ce que nous devons à l’hôpital public.

En France, quelle que soit son origine sociale, la ville ou le village où l’on habite, on doit être bien soigné à l’hôpital. Ce n’est plus toujours le cas, et les personnels soignants ne veulent pas s’y résigner. Les Français non plus. Edouard Philippe

Ainsi, pour accompagner l’hôpital dans les transformations qu’il engage avec "Ma Santé 2022" et faciliter son fonctionnement au quotidien, le Gouvernement souhaite investir pour l’hôpital dans le prolongement du pacte de refondation des urgences . Des moyens considérables selon Edouard Philippe qui visent à redonner de l'oxygène à la communauté des soignants, à l'heure, où, rappelons-le, la crise hospitalière , profonde et douloureuse, sévit depuis plus de huit mois maintenant.

Cet engagement pour l’hôpital à horizon 2022, entièrement financé par de nouvelles ressources, se décline selon 3 axes : renforcer l’attractivité des métiers et fidéliser les soignants, lever les blocages de l’hôpital public et réinvestir dans l’hôpital en lui donnant des moyens nouveaux et de la visibilité dans le temps. Le budget des hôpitaix va donc bénéficier d'un coup de pouce de 1.5 milliard d'euros sur trois ans, dont 300 millions dès 2020. Edouard Philippe a argumenté ainsi : cet argent vient en plus de la trajectoire budgétaire prévue par le Gouvernement et l'augmenttaion sera votée dès la semaine prochaine dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Rajoutant que l'intégralité des 400 millions d'euros de crédits gelés en début d'année serait débloquée dans les prochains jours.

L'Etat va reprendre 10 milliards d'euros de la dette des hôpitaux sur trois ans afin d'aider à restaurer l'équilibre finnacier des établissements de soins ; une dette qui avoisine aujourd'hui  les 30 milliards d'euros. Ce signe inédit de confiance selon le Premier ministre, du Gouvernement envers l'hôpital public, doit permettre en effet d'alléger le fardeau des intérêts d'emprunt et moderniser les établissements.

L’ONDAM pour 2020 sera porté à 2,45% soit un ONDAM hospitalier passant de 2,1% à 2,4%. Cela représente un effort de 300 M€ en 2020. L’ONDAM sera porté à 2,4% en 2021 et 2022 soit une hausse concentrée sur les établissements de santé de 200 M€ chaque année par rapport à l’année précédente.

Attractivité des métiers hospitaliers... que propose ce troisième plan ?

Pour le personnel soignant non médical, de nouvelles mesures d’accompagnement des débuts de carrière vont être mises en oeuvre. Pour le Gouvernement, et de la bouche même d'Agnès Buzyn, il s'agit de renforcer l’attractivité des métiers et ainsi fidéliser les soignants. Nous devons reconnaître la situation spécifique de Paris et de la petite couronne a-t-elle souligné, évoquant des sujétions comme le logement ou la garde d'enfants qui pèsent de manière déraisonnable dans le pouvoirs d'achat de certains soignants. Ainsi, afin de renforcer l’attractivité des hôpitaux situés dans les territoires en tension, une prime annuelle nette de 800 € est allouée aux quelques 40 000 infirmiers et aides-soignants travaillant à Paris, dans les Hauts-de-Seine, en Seine-Saint-Denis ou dans le Val-de-Marne et gagnant moins que le salaire médian (environ 1 950 € net par mois). Si l'on fait les comptes, cela réprésente à peine 60 € de plus par mois pour ces soignants... pas de quoi résoudre leurs problématiques de pouvoir d'achat. On ne doute d'ailleurs pas que cette annonce va faire grimacer la communauté soignante. 

Pour la Coordination nationale Infirmière, prompte à réagir, les annonces d’aujourd’hui ne suffiront pas à "calmer" la grogne, la politique du "diviser pour mieux régner" ne fonctionnera pas, les professionnels de la santé ont, ancré au plus profond de leur être, des valeurs de solidarité qu’ils sauront mettre en lumière dans les semaines à venir. Un nouvel essai manqué pour le gouvernement, même joueur joue encore, on attend d’autres réponses à la souffrance prégnante au sein de nos établissements !
La souffrance n’est pas que parisienne, elle n’est pas non plus centrée sur quelques catégories professionnelles, ce sont tous les hôpitaux et tous les professionnels qui restent aujourd’hui dans l’attente de mesures adaptées aux besoins de lits, de temps et de revalorisations salariales. Du côté du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), même colère exprimée en réponse à ces annonces : les soignants n’ont rien demandé concernant la dette des hôpitaux, cela représente des jeux d’écriture pour la technostructure, mais ne répond pas aux besoins des soignants dans la vraie vie. Notre quotidien, c’est le budget de fonctionnement. La dette, c’est du budget d’investissement pour les travaux et les restructurations.

Autre exemple décliné dans ce Plan pour attirer les soignants déjà en poste dans les hôpitaux publics en tension, il s'agira, dès 2020, d'étendre à la fonction publique hospitalière* l’indemnité temporaire de mobilité qui existe déjà pour l’Etat. mettre en place une politique de valorisation financière des équipes engagées dans des projets de transformation. De plus, mais cela reste flou, les hôpitaux auront à leur main des enveloppes pour valoriser, selon des critères qu’ils auront eux-mêmes définis, l’engagement et l’investissement des personnels. Cela représentera en moyenne une prime annuelle d’environ 300 euros. Cette prime pourrait concerner à terme jusqu’à 600 000 personnels. Selon Agnès Buzyn, cette prime n’obéira pas à des critères financiers, mais à des critères de qualité des soins et de prise en charge, au niveau de chaque service.

Plus de précision également sur la valorisation du métier d’aide-soignant, très attendue par les professionnels qui s'inquiètent de plus pour le montant de leur pension de retraite à venir, réforme en cours oblige. Afin d’améliorer les perspectives de fin de carrière, il sera mis en place un grade de débouché en catégorie B qui pourra bénéficier à plus de 10 000 professionnels par an précise le nouveau Plan. En outre, la formation destinée à renforcer les connaissances et les besoins spécifiques de la prise en charge des personnes âgées exerçant en service de gériatrie sera plus accessible. Une prime de 100 € mensuels nets sera mise en en place pour les personnels formés, soit à terme 60 000 professionnels.

Lever les blocages de l’hôpital public...

Agnès Buzyn l'a souligné, l’hôpital public a connu des évolutions majeures dans son organisation, qui ont parfois donné aux équipes le sentiment d’une mise à l’écart de la prise de décision et d’une perte de sens. Il s'agit donc de renforcer le dialogue et le sens du collectif au sein des hôpitaux. Pour cela, le personnel soignant sera mieux intégré à la gouvernance des hôpitaux et le management de proximité sera renforcé et valorisé : pilotage simplifié, fonctions de management revalorisées et valorisation des bonnes pratiques en la matière, postes de chefs d'établissement ouverts aux médecins... Au fil des années et au fil des réformes, la gestion médico-administrative des hôpitaux s’est également alourdie et rigidifiée, au détriment de sa fonction d’appui au fonctionnement des services de soins. Ce troisième Plan s'engage donc à les alléger. Afin de stabiliser le nouveau schéma de gouvernance des hôpitaux publics et d’approfondir la vision de «l’hôpital simplifié», une mission nationale est confiée au Pr. Olivier Claris, pédiatre. Sur la base des retours terrain des professionnels et de leurs propositions, il sera ainsi chargé de dresser un diagnostic de la gouvernance actuelle et un état des lieux des opportunités de simplification.

Agnès Buzyn souhaite également mettre fin au mercenariat qu’est l’intérim médical par un renforcement des contrôles, et un encadrement législatif plus strict devrait être examiné avec les parlementaires. Quant à la finalisation des protocoles de coopération entre professionnels, elle sera accélérée. Leur mise en oeuvre permettra de libérer du temps médical et d’attribuer aux professionnels concernés, notamment les infirmiers, la prime de coopération de 100 € bruts mensuels.

Et Agnès Buzyn de conclure : ce nouveau volet de Ma Santé 2022, nous le réussirons si nous faisons confiance à la communauté hospitalière dans sa diversité. La nouvelle gouvernance de l’hôpital qui associera plus fortement les médecins et tous les soignants devra participer à ce nouvel élan dont l’hôpital a besoin. Ce plan, et ce beau projet de société qu’est l’hôpital, nous le réussirons enfin avec l’engagement de toutes et tous : le gouvernement, les professionnels de santé, les élus et tous les citoyens.

Que demandent les professionnels de santé hospitaliers ? Une revalorisation, une reconnaissance, avec une augmentation de salaire, de manière à ce qu'ils puissent tenir et faire leur travail. La déception est au rendez-vous !

"Le premier ministre ne répond pas à la gravité de la situation ! Poursuite de la mobilisation par les collectifs, associations et syndicats professionnels "

*Cette indemnité peut actuellement être versée à des agents publics, titulaires ou contractuels, qui opère une mobilité vers des postes caractérisés par une difficulté particulière à pourvoir un emploi et s’engagent à occuper ce poste pendant un nombre minimum d’années. Le montant de l'indemnité temporaire de mobilité est modulé en fonction des sujétions particulières imposées par l'emploi, dans la limite d'un montant maximal aujourd’hui fixé à 10 000€ maximum.

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com