Hôpital Charles Foix (AP-HP): la CGT appelle à une grève illimitée

Le syndicat CGT de l'hôpital gériatrique Charles Foix (AP-HP) à Ivry-sur-Seine a déposé un préavis de grève illimitée à partir de lundi pour s'opposer à un projet de restructuration impliquant des suppressions de lits.

Un comité de pilotage a été mis en place en novembre 2010 pour travailler à l'application des objectifs du projet médical validé par le comité consultatif médical (CCM) en mars 2010, a indiqué jeudi à l'APM la directrice par intérim de l'hôpital, Marie-Hélène Lavollé-Mauny. Ce projet de restructuration, qui contient notamment des modifications de capacité, devrait être examiné par les instances locales en mars.

La CGT demande dans son préavis de grève le retrait du projet médical, le maintien du nombre de lits, le recrutement de personnels et l'arrêt de la précarité et la titularisation des contractuels.

Elle regrette dans un communiqué la réduction du nombre de lits de soins de longue durée à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) au cours des dernières années, qui se traduit selon elle par un transfert des patients vers les structures privées plus onéreuses. Elle fait également part de son inquiétude quant aux suppressions de postes accompagnant ce mouvement.

Dans un communiqué diffusé lundi, le député-maire communiste d'Ivry, Pierre Gosnat, s'étonne de ce plan de restructuration "se traduisant par la fermeture de services et la diminution du nombre de lits qui passerait de 756 à 460". Pour lui, ce projet "nuirait à la mise en place du pôle de recherche sur l'allongement de la vie et serait aux antipodes de l'ambition affirmée par le gouvernement de vouloir traiter le problème de la dépendance".

Il a donc interpellé le ministre du travail, de l'emploi et de la santé, Xavier Bertrand, la directrice générale de l'AP-HP, Mireille Faugère, le directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France, Claude Evin, et le directeur de la Pitié-Salpêtrière, Jacques Léglise, pour "leur exprimer son refus du démantèlement de l'hôpital Charles Foix et leur demander un rendez-vous en urgence".

La directrice par intérim dément toutefois les chiffres de près de 300 suppressions de lits. "L'hypothèse que l'hôpital Charles Foix pourrait fermer ou se voir peu à peu vider de ses services dans les années à venir est totalement dénuée de fondement et ne constitue qu'une exagération destinée à inquiéter les esprits", affirme-t-elle dans une lettre aux personnels diffusée mercredi et dont APM a eu copie.

L'hôpital, qui a été construit en 1862 sur 22 hectares, dispose actuellement de 615 lits ouverts (580 occupés) une partie des lits autorisés ne pouvant être ouverts en raison du manque de personnel et espère rouvrir une quinzaine de lits de court séjour, pour atteindre un total de 630, a-t-elle précisé à l'APM.

Ces lits se répartissent en près de 110 lits de court séjour à orientation gériatrique (incluant les 15 lits en projet), 170 lits de soins de suite et de réadaptation (SSR), 330 lits de soins de longue durée et 20 lits de psychiatrie du sujet âgé.

Le nombre total de lits devrait être réduit une première fois, probablement en avril, en raison du transfert d'une partie du service de plaies et cicatrisation à l'hôpital Rothschild (Paris XIIème), la chef de service Sylvie Meaume ayant accepté d'y développer son activité. Cela représente un transfert de 97 lits (sur 168 de court séjour, SSR et soins de longue durée) et de 97,2 équivalents temps pleins rémunérés (ETPR) sur la base du volontariat.

Actuellement, de nombreux locaux de Charles Foix sont vétustes et inadaptés à la fois à une prise en charge moderne des patients et à de bonnes conditions de travail; des infirmières, notamment certaines intérimaires, refusent en conséquence de venir y prendre un poste, a observé Marie-Hélène Lavollé-Mauny, en indiquant que 20 postes d'infirmières sur 200 sont aujourd'hui vacants.

De plus, l'établissement affiche une situation financière très dégradée avec en 2010 un déficit qui devrait s'établir à 13,5 millions d'euros sur 70 millions de dépenses (près de 20% des dépenses). Le déficit s'établissait à 15 millions d'euros fin 2009. Cette situation s'explique notamment par une dispersion des unités de soins, des problèmes de logistique et des unités de taille variable de huit à 30 lits.

Pour la directrice par intérim, il est donc "crucial" de travailler à "un projet médicalement cohérent, économiquement viable et qui permette de proposer un avenir à tous les personnels du site". "Le statu quo serait suicidaire", remarque-t-elle dans sa lettre aux personnels.

Une réduction des soins de longue durée

Le comité de pilotage qui regroupe depuis novembre 2010 des médecins, des cadres, la directrice et le directeur du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière/Charles Foix, Jacques Léglise, travaille sur une déclinaison du projet médical en tenant compte des faibles capacités d'investissement et en essayant d'utiliser les bâtiments les plus modernes et les plus aux normes.

Les travaux en cours portent pour le moment sur un maintien des capacités de court séjour, de psychiatrie et de SSR (avec une structuration des filières, notamment le développement du post AVC, de la cardiologie et de la neurologie).

Le nombre de lits de soins de longue durée devrait être réduit à 150 et ces lits seront regroupés sur deux sites au lieu de six actuellement. Tous les patients actuels ne nécessitent pas une hospitalisation et il y aura donc un recentrage sur le sanitaire, a expliqué Marie-Hélène Lavollé-Mauny.

A terme, l'hôpital devrait disposer de 460 lits. Le projet coûterait 5 millions d'euros, à comparer à 50 millions d'euros pour une remise aux normes de tous les bâtiments actuels. Le devenir des bâtiments qui n'accueilleront plus de service d'hospitalisation n'est pas encore défini, indique la directrice par intérim.

Parallèlement, un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de 140 lits devrait être construit sur le site par une association à but non lucratif, le Refuge des cheminots, pour une ouverture fin 2012 ou en 2013. Marie-Hélène Lavollé-Mauny a indiqué que 90 lits seront réservés par convention aux patients de l'hôpital Charles Foix.

Elle a par ailleurs assuré que cette restructuration ne remettrait pas en cause le "pôle allongement de la vie" qui doit accueillir des équipes de recherche sur le vieillissement.

La direction a proposé de reporter un comité technique d'établissement local (CTEL) et un comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) pour organiser vendredi matin une réunion avec une délégation de la CGT afin d'aborder les sujets à l'origine du préavis de grève.