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Hôpital Ajaccio : visite surprise de Roselyne Bachelot

Publié le 10/06/2008

Roselyne Bachelot a effectué un voyage surprise lundi matin à Ajaccio, accompagnée de son directeur de cabinet, Georges-François Leclerc, de son chef de cabinet, Julien Marion, de son conseiller social, Yann Bubien, et de la directrice de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos), Annie Podeur.

Ce déplacement est intervenu à un moment où l'hôpital traverse une crise sans précédent.

Alors que l'établissement enregistre un déficit très élevé, le plus important en part relative de tous les hôpitaux de France à hauteur de 20% de ses produits, son conseil d'administration a refusé d'adopter le projet de plan de retour à l'équilibre qui avait été présenté par la direction et qui programmait la suppression de 320 postes sur cinq ans.

La chute mortelle d'un membre du Syndicat des travailleurs corses (STC) sur le site de l'hôpital il y a un peu plus d'une semaine a envenimé le climat et exacerbé les tensions.

L'équipe de direction qui était en place et subissait des pressions a dû partir. Il semble désormais acquis que ni le directeur ni la plupart de ses adjoints ne reviendront.

Face à cette situation, l'Agence régionale de l'hospitalisation (ARH) de Corse et le ministère ont demandé mercredi au directeur du centre hospitalier de Bastia, Jean-Pierre Peron, d'assurer l'intérim de la direction jusqu'à la nomination d'un nouveau responsable.

Lundi matin, la ministre de la santé est d'abord allée pendant une demi-heure à l'hôpital, où elle a rencontré l'équipe de direction encore présente, le directeur par intérim et le président du conseil d'administration et député-maire (DVG) d'Ajaccio Simon Renucci, puis a visité le service de médecine interne et de neurologie.

Elle a ensuite participé à une réunion d'une heure à la préfecture, avec le directeur par intérim, le président du conseil d'administration, le président de l'Assemblée de Corse, le premier vice-président du conseil général, le président de la commission médicale d'établissement (CME) et les représentants des syndicats CFDT, STC (Syndicat des travailleurs corses), CGT et SNCH.

Lorsqu'elle était à la préfecture, Roselyne Bachelot s'est également entretenue en tête-à-tête avec le père de l'agent décédé le 31 mai au soir.

PAIX MAIS DETERMINATION

"Je suis venue dans un esprit de paix et de détermination", a-t-elle déclaré lors de sa venue à l'hôpital qui s'est déroulée dans le calme.

Tout en faisant part de ses pensées attristées à la suite du décès du syndicaliste, la ministre a appelé les différents acteurs à reprendre le dialogue, chargeant le directeur du CH de Bastia d'être "l'animateur" de cette démarche et lui assurant toute sa "confiance" et sa "reconnaissance".

Dans un communiqué diffusé dans la journée, le ministère de la santé a également annoncé l'arrivée imminente de trois directeurs adjoints qui seront affectés au CH d'Ajaccio à plein temps pour entourer le directeur par intérim.

"Ces directeurs d'hôpital, dont le profil a été examiné avec le plus grand soin par la Dhos et le Centre national de gestion (CNG) des praticiens hospitaliers et des personnels de direction de la fonction publique hospitalière, arriveront dans les tout prochains jours", indique le ministère.

Roselyne Bachelot a tenu lundi matin un discours de fermeté, refusant d'accepter un projet de construction d'un hôpital neuf à Ajaccio sans que l'établissement établisse d'abord un projet "fédérateur" de rationalisation de son organisation et sans qu'il prenne des mesures pour revenir à l'équilibre financier.

"Il va falloir que nous retroussions nos manches", a-t-elle insisté.

"La ministre de la santé que je suis est profondément attachée à l'hôpital public d'Ajaccio". Mais cet établissement "a été beaucoup soutenu dans les années précédentes", puisqu'il a reçu 20 millions d'euros supplémentaires au cours des trois derniers exercices.

Malgré ces aides, "tous les ratios montrent une situation hors normes que rien ne justifie", a poursuivi Roselyne Bachelot en faisant notamment allusion au fait que la masse salariale représente 85% des dépenses de l'hôpital, contre 70% en moyenne dans les autres hôpitaux français, ainsi qu'au taux d'absentéisme.

"Le redressement va être long" mais "il est à notre portée", a-t-elle assuré devant les représentants de l'hôpital réunis à la préfecture, en les appelant à prendre des mesures dès 2008.

La ministre a assuré que l'Etat était "disposé" à accompagner ce redressement "à condition que l'ensemble des acteurs concernés apportent des garanties et respectent les engagements qui seront pris en commun".

Elle a estimé qu'il fallait également régler le problème de gouvernance qui existe dans l'hôpital. Pour y parvenir, "il faut que la spirale de la confiance se renoue" et "ne pas décourager l'équipe de direction", a-t-elle déclaré.

Elle répondait ainsi au souhait exprimé par le représentant du Syndicat national des cadres hospitaliers (SNCH) qu'il soit "mis fin au nomadisme directorial", l'hôpital d'Ajaccio ayant vu passer 17 directeurs (chef d'établissement et directeurs adjoints) en huit ans, a-t-il précisé.

Il faut constituer "une équipe soudée" puis élaborer un "projet fédérateur", a déclaré Roselyne Bachelot.

"Ce n'est qu'autour d'un projet fédérateur qu'on pourra envisager des investissements", a-t-elle estimé en ajoutant: "je veux savoir où je vais".

PLUSIEURS APPELS POUR UN HOPITAL NEUF

Le directeur par intérim, Jean-Pierre Peron, a précisé à la ministre qu'il passerait deux jours par semaine à l'hôpital d'Ajaccio.

"Avec l'ensemble des partenaires, nous devrons approfondir l'ensemble des organisations de l'hôpital. Nous avons la volonté de porter un diagnostic partagé", a-t-il indiqué en assurant qu'il serait "extrêmement attentif à la parole de chacun".

Lors de la rencontre à la préfecture d'Ajaccio, le président (UMP) de l'Assemblée de Corse, Camille de Rocca Serra, a indiqué que son instance avait demandé jeudi à l'unanimité que la "voie du dialogue soit retrouvée".

Plusieurs représentants du personnel et du corps médical ont salué l'arrivée de Jean-Pierre Peron et ont souhaité que le dialogue soit effectivement renoué.

"Nous sommes partants dans une démarche dynamique de défense du service public", a toutefois prévenu la représentante de la CFDT après avoir estimé que l'hôpital était "pris en otage par le secteur privé" et souhaité que l'hôpital développe de nouvelles activités.

Le secrétaire national du STC a mis en cause la manière dont l'hôpital avait été géré au cours des dix dernières années.

"Ce n'est pas le personnel qui a créé ce trou [financier">" mais "les gestions catastrophiques depuis plus de 10 ans", a-t-il dénoncé.

Plusieurs représentants, dont celle de la CGT, ont déploré la vétusté de l'hôpital et les problèmes de sécurité qui s'y posent et ont réclamé la construction d'un hôpital neuf.

La représentante CGT a également demandé que le problème de la dette de l'hôpital, qui s'élève à "50-55 millions d'euros" sur un budget de 86 millions d'euros, soit traité "à part de la démarche de réduction du déficit".

Le président de la CME a estimé pour sa part que les problèmes devaient être réglés "par paliers".

"La communauté médicale est prête à réfléchir à une réorganisation. Mais toutes les réorganisations créent des dérangements. Il va donc falloir que nos partenaires soient à nos côtés", a-t-il insisté en demandant également la construction d'un nouvel hôpital.


Source : infirmiers.com