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Hommage à « Marie dompteuse de crabe »

Publié le 13/10/2015

Il y a trois mois, nous faisions une très belle rencontre. Celle de Marie Gilleron, 36 ans. Atteinte d'un cancer incurable, cette jeune femme pétillante, combative et courageuse souhaitait plus que tout laisser un souvenir d'elle à ses enfants. Une preuve d'amour intemporelle au travers d'un docu-fiction pour leur relater son combat. Mais, la semaine dernière, Marie s'en est allée laissant derrière elle Suzanne, 11 ans, Camille, 5 ans, et Emmanuel, son mari...

 Marie, nous ne t'oublierons pas...

Jusqu'à son dernier souffle, elle s'est battue à la vie à la mort. Marie Gilleron s'est éteinte dans la nuit du 29 au 30 septembre 2015 au centre François-Baclesse. Malgré l'aggravation de son état, elle a tenu à poursuivre son projet de docu-fiction afin de laisser une part d'elle à ses enfants. Benjamin Clavel et Quentin Delaroche, les deux réalisateurs, ont donc immortalisé les derniers instants de sa vie pour que nul ne l'oublie. En juin dernier, ils avaient lancé un appel au financement participatif dans l'espoir d'achever le film avant son décès. En effet, Marie souhaitait vivre assez longtemps pour mener à terme ce projet et voir le documentaire.

Toutefois, bien qu'elle nous ait quittés, la réalisation se poursuit en hommage à la courageuse "dompteuse de crabe".Plus que jamais nous le ferons. Il sera différent de ce que l’on avait prévu au départ, mais nous le mènerons au bout car c’était à l’évidence la volonté de Marie, assurent les réalisateurs au journal  "Liberté Le bonhomme libre".

Au travers de ce film, elle désirait faire passer un unique message : Même si la maladie gagne, à aucun moment je ne vous ai abandonnés. Je me suis battue jusqu'au bout... Nous en sommes convaincus et nous admirons ton courage. Au revoir Marie.

Marie Gilleron, 36 ans, construit des souvenirs pour ses enfants en attendant l'inévitable...

Se souviendront-ils de moi… ? Lorsque Marie a appris qu'elle était atteinte d'un cancer du colon, métastatique et générant une masse de 17 cm sur son ovaire droit, le monde s'est dérobé sous ses pieds. Mais ses premières pensées ont été pour ses enfants. Ses deux enfants. Suzanne, 11 ans, et Camille, 5 ans, ont encore besoin de leur mère. Contre qui se blottira sa fille lorsqu'elle sera effondrée par son premier chagrin d'amour ? Qui rassurera son petit garçon la nuit après un affreux cauchemar ? Et surtout quel souvenir garderont-ils de leur mère… ? 

Marie ne sera sans doute plus là pour leur raconter son combat, mais elle compte bien leur laisser un héritage intemporel. Une façon pour elle de " dompter " son cancer. Très vite je me suis dit qu'il fallait que je leur crée des souvenirs pour que plus tard ils se rappellent de moi et de tout ce que nous faisions ensemble. Touchés par le destin de ce bout de femme au caractère bien trempé, Benjamin Clavel et Quentin Delaroche, deux réalisateurs indépendants, ont voulu l'aider dans sa démarche. Il y a 2 ans, alors qu'ils collaboraient tous les trois sur un autre projet, ces derniers étaient présents lorsque le combat de Marie a commencé. Nous nous sommes connus alors que nous réalisions un documenaire sur le cirque Max et Maurice créé par Emmanuel Gilleron, son mari. Après l'annonce de sa maladie, nous prenions régulièrement de ses nouvelles. Puis Benjamin a eu l'idée de faire un film sur son histoire. Nous étions les plus aptes à le faire. Nous ne faisons pas partie de sa famille. Nous avons donc une distance assez juste pour réaliser ce documentaire, explique Quentin Delaroche. Une responsabilité difficile à assumer pour les deux hommes qui, à travers ce docu-fiction, réalisent " aussi " la fragilité de la vie. C'est un sujet qui nous touche directement. Nous savons tous que nous allons mourir un jour et qu'une épée de Damoclès se balade au-dessus de nos têtes. La maladie peut s'abattre sur n'importe qui...

Se souviendront-ils de moi… ? 

Une putain d'épreuve !

Dans la maladie, comme dans ce projet, Marie peut compter sur le soutien de ses enfants et sa famille. Avant d'accepter de réaliser ce film, j'en ai parlé à mes enfants et à mon mari. Je leur ai demandé s'ils étaient d'accord. Je n'aurais jamais consenti à le faire s'il l'un d'entre-eux avait refusé. Et pour cause, bien que le tournage n'ait pas encore commencé faute de fonds, Quentin et Benjamin suivent déjà la jeune femme et sa famille au quotidien. Nous vivons avec eux, dans un respect et une discrétion, sans aucune intervention. Nous accompagnons Marie chez son oncologue, chez le psy, à l'hôpital pour ses examens et dans toutes les étapes de sa maladie… Ce sont des moments intenses et importants qui vont structurer le film. A ces instants remplis d'humilité, s'ajoutent les confidences de Marie. En effet, la jeune femme s'exprime, de façon " libérée " avec un " détachement déconcertant ", à Benjamin, à Quentin… Mais aussi à " Jackson ". C'est un dictaphone qui fait office de journal intime audio. Je l'ai baptisé ainsi pour le désacraliser, mais également parce qu'il a une bonnette en mousse. Elle me fait penser à la coupe afro des Jackson five. Je lui confie mes peurs, mes colères, mes joies, mes réflexions... Et les chansons qui me remplissent d'énergie !

Face à " cette putain d'épreuve ", Marie refuse de baisser les bras. Elle se montre forte bien que les métastases aient déjà atteint ses poumons et son foie. Très tôt, mon mari et moi avons voulu être transparents devant nos enfants. Nous leur avons expliqué que c'était très grave. Mais ils savent que leur mère se bat très fort... Cette force, elle la puise à la fois dans ce docu-fiction et dans un festival annuel qu'elle a lancé et qu'elle organise. Une façon pour elle de lever des fonds pour le centre de lutte contre le cancer François Baclesse, où elle est suivie, et de se soulever une nouvelle fois contre la maladie. J'ai toujours été persuadée qu'il était indispensable d'avoir une raison de vivre et de se lever chaque matin.

Regarder le teaser de « Marie dompteuse de crabe »

Ils savent que leur mère se bat très fort...

C'est Cannes ou rien !

Les médecins de Marie sont formels. Aucune rémission n'est possible. Ils essayent de ralentir l'évolution de ma maladie. Cela peut durer quelques mois comme plusieurs années, nul ne le sait... Une échéance inévitable qui concède à la réalisation de ce long-métrage un caractère urgent. Nous vivons au jour jour. Le film que nous avons écrit ne sera certainement pas le celui qui sera réalisé. Mais on s'adapte à Marie et à son état, précisent les réalisateurs. Une attention particulière que la jeune femme salue : Ils ne me voient pas uniquement comme un sujet de docu-fiction. Pour la partie documentaire, je me mets totalement à nu. Et pour la partie fiction, ils m'incluent dans leur travail d'écriture et me consultent sur mes souhaits et mes préférences.

Marie espère " être encore vivante lorsque le film sera achevé ". Ce projet faisant désormais partie d'elle-même, elle désire le voir un jour, espérant qu'il donnera lieu à une histoire profonde et marquante. J'ai déjà prévenu les garçons. C'est Cannes ou rien ! Toutefois, la progression du documentaire dépend avant tout de son financement. L'état de Marie s'aggrave. Il y a une vraie urgence. Nous avons lancé un appel aux dons sur le site participatif ulule ce qui nous a permis d'entamer la phase de repérage. Mais nous sommes encore très loin du budget nécessaire au début du tournage et à la postproduction. Avant le 31 juillet, dernier jour pour faire un don sur le site, ils souhaitent rassembler 20 000 euros dans un premier temps, de quoi tourner et monter les premières scènes. A l'heure actuelle, un peu plus de 11 000 euros seulement ont été récoltés. Nous aimerions diffuser le documentaire à la télévision ou au cinéma. Monter quelques images nous permettrait de démarcher les diffuseurs. Si ces fonds sont obtenus, le film se voudra avant tout " poétique " et " onirique ". En effet, les réalisateurs n'ont pas la prétention de vouloir passer un message. Ils aimeraient humblement offrir un regard personnel et sensible sur ce que vit cette femme " courageuse " et " surprenante ". Mais pour Marie, l'objectif est tout autre. Faire cette déclaration à Suzanne et Camille : Même si la maladie gagne, à aucun moment je ne vous ai abandonnés. Je me suis battue jusqu'au bout. Malheureusement, je n'étais pas assez armée pour gagner...

Son état s'aggrave. Il y a une vraie urgence.

Gwen HIGHTJournaliste Infirmiers.comgwenaelle.hight@infirmiers.com@GwenHight


Source : infirmiers.com