Des pays européens ont relevé d'un cran lundi le niveau des mesures de préparation et de prévention contre le risque de pandémie de grippe d'origine porcine, l'Allemagne recommandant notamment à ses ressortissants d'éviter les voyages non indispensables au Mexique.
Le comité d'urgence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) doit se réunir lundi après-midi afin d'étudier si le niveau d'alerte actuellement en vigueur, de 3 sur une échelle qui va du niveau 1 au niveau 6, doit être relevé.
Cette réunion était initialement prévue mardi 28 avril mais a été avancée à lundi en raison de l'évolution de la situation. Elle est attendue par l'ensemble des gouvernements afin de savoir comment ils doivent faire évoluer les premières mesures déjà prises.
Lors d'une précédente réunion organisée samedi, ce comité avait décidé de ne pas faire évoluer ce niveau d'alerte, considérant qu'il n'avait pas assez d'éléments épidémiologiques en faveur de ce changement.
RECOMMANDATION DE "GRANDE PRUDENCE" POUR LES VOYAGEURS FRANCAIS
Lundi après-midi, au cours du point presse quotidien sur la grippe porcine, le Directeur général de la santé (DGS) et Délégué interministériel à la lutte contre la grippe aviaire (Dilga) Didier Houssin a indiqué qu'il n'y avait "pas de position discordante" sur les orientations retenues en matière de mesures de gestion de la situation, du moins pour les pays qui ont pris des mesures.
Interrogé sur les déclarations lundi à titre personnel de la commissaire européenne à la santé Androulla Vassiliou d'éviter les voyages non essentiels dans les zones à risque, Didier Houssin a répondu qu'"à ce stade, les autorités françaises ont estimé qu'il y avait lieu de s'en tenir à une recommandation de grande voire de très grande prudence".
"Cela permet aux personnes de mesurer si oui ou non elles décident malgré tout d'y aller ou de ne pas y aller". Il n'est donc pas question pour l'instant de restreindre les voyages, commente-t-il.
Cette position sera "réexaminée quotidiennement". Il n'est "pas exclu qu'elle soit durcie. "La question de déconseiller d'aller dès lors que le processus s'élargirait est susceptible d'avoir des conséquences dans toute une série de domaines. Il faut bien réfléchir à [ses"> avantages et inconvénients", ajoute-t-il.
Les mesures ne diffèrent donc pas de celles annoncées dimanche.
Le Pr Houssin a juste souligné que l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) était en train d'éditer des documents "plus visuels, plus colorés" pour les aéroports et que des documents vont y être également distribués probablement en lien avec la Croix Rouge.
Le DGS ajoute que la fiche D1 sur la conduite à tenir pour les professionnels de santé face à un cas avéré de grippe aviaire va être réexaminée en vue d'une application pour la grippe porcine.
Une réunion va également être organisée mardi après-midi avec les responsables des Samu, le représentant de la Société française de médecine d'urgence, le président de la conférence des directeurs de CHU, le président de la conférence des commissions médicales d'établissements (CME) de CHU, la Fédération hospitalière de France (FHF), des spécialistes virologues, la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS), la DGS, des membres du cabinet de la ministre de la santé, Roselyne Bachelot.
L'objectif est de faire un point sur le développement de l'alerte sanitaire relative aux foyers épidémiques de grippe liée au virus A(H1N1) et ses retombées au niveau des établissements de soins publics, précise lundi la DHOS à l'APM.
L'ALLEMAGNE RECOMMANDE DE RENONCER AUX VOYAGES NON ESSENTIELS
En Allemagne, le ministère des affaires étrangères a recommandé lundi après-midi aux citoyens allemands de renoncer aux voyages non essentiels au Mexique.
Un porte-parole du ministère de la santé a indiqué à l'APM que le ministère était préparé à n'importe quelle pandémie mais qu'aucun cas n'avait été avéré sur le sol allemand. Un cas a été suspecté avant d'être infirmé.
Le pays a mis en place un "plan pandémique" conçu avec l'OMS qui prévoit l'information du grand public à travers le site internet du Robert Koch Institute, a-t-il ajouté.
Cet institut doit mettre en place sous peu une ligne d'assistance téléphonique pour renforcer cette communication, alors que le ministère de la santé a donné des recommandations aux compagnies aériennes et aux aéroports, a-t-il précisé.
Au Royaume-Uni, l'Agence de protection de la santé (HPA) a publié samedi un communiqué faisant état des premiers cas identifiés et indiquant qu'elle suivait de très près la situation, sans conseiller de restriction sur les voyages aux Etats-Unis et au Mexique, tout en rappelant les mesures d'hygiène de base destinées à limiter la propagation de l'infection (lavage des mains, port de masques...).
EXAMEN MEDICAL DES PASSAGERS ARRIVANT DU MEXIQUE EN ESPAGNE
En Espagne, où le ministère de la santé a confirmé lundi pour la première fois en Europe un cas de grippe d'origine porcine chez un homme ayant voyagé au Mexique et où 20 autres cas font l'objet d'une enquête, le gouvernement a indiqué que les voyageurs arrivant du Mexique par vol direct à Madrid et à Barcelone sont examinés par des personnels soignants.
Leur numéro de téléphone portable est répertorié afin de pouvoir les joindre si besoin. Les autorités examinent également les personnes qui ont voyagé avec les cas hospitalisés.
Dans une interview télévisée diffusée lundi, le nouveau ministre de la santé Trinidad Jimenez a déclaré que le pays, qui dispose d'une réserve de 10 millions de doses de l'antiviral Tamiflu* (oseltamivir, Roche), "n'était pas dans une situation d'urgence car la situation est sous contrôle".
Le ministre a ajouté que les antiviraux étaient stockés et que le pays était prêt à les utiliser largement "si le besoin survient", pointant qu'il faudrait attendre de savoir quelles sont les caractéristiques du virus pour savoir si le produit sera bien efficace.
En Italie, Giovanni Zotta, directeur du centre de prévention des maladies et du service communication du ministère de la santé, a indiqué à l'APM en marge d'une conférence à Rome qu'il n'y avait pas de rapports de cas suspectés dans le pays.
L'ensemble des autorités sanitaires ont été placées en état d'alerte aux frontières et des recommandations ont été données aux médecins et aux vétérinaires.
Le responsable a indiqué que le gouvernement avait stocké 40 millions de doses d'antiviraux destinées à être utilisés dans l'éventualité de la survenue d'une pandémie, estimant que cela suffirait à ce que le pays se sente préparé.
Walter Pasini, directeur du centre destinés aux touristes de l'OMS, a déclaré qu'il n'y avait assez d'antiviraux que pour traiter 6,5% de la population, contre 55% en France et 50% au Royaume-Uni, selon une agence de presse italienne.
Selon Reuters, l'Italie disposerait de 10 millions de doses de Relenza* (zanamivir, GSK), de 60.000 doses de Tamiflu* (oseltamivir, Roche), ainsi que du Tamiflu* en vrac correspondant à 30 millions de doses.
Roselyne Bachelot a assuré lundi matin dans une interview sur France Info que la France était l'un des pays mieux préparés notamment en matière de stocks d'antiviraux, soulignant que le stock français était de 33 millions de traitements pour autant de personnes, comparant ce chiffre aux 50 millions de traitements mis en réserve par les Etats-Unis, "où la population est six fois plus importante".
HILLARY CLINTON RECOMMANDE LA "PRUDENCE" AUX VOYAGEURS
Aux Etats-Unis, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a recommandé la "prudence" aux personnes devant voyager au Mexique, ajoutant que les Etats-Unis prenaient la menace d'une pandémie "très au sérieux".
Le Congrès américain doit réunir mardi une commission spéciale sur ce dossier afin notamment d'étudier les conditions d'une bonne coordination des efforts des différentes agences fédérales impliquées.
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