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Grippe A: dépassement du seuil d'alerte entraînant des déprogrammations en réanimation pédiatrique

Publié le 11/11/2009

Le seuil d'alerte entraînant des déprogrammations d'actes médicaux et thérapeutiques pour libérer des places pour la grippe A(H1N1) a été dépassé dimanche en réanimation pédiatrique à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), a annoncé mardi le Pr Gérard Cheron, chef de service aux urgences de l'hôpital Necker-Enfants malades à Paris (AP-HP).

Le médecin s'est exprimé avec deux autres experts sur la grippe au cours d'une conférence de presse organisée par le ministère de la santé pour aborder l'intérêt de la vaccination contre la grippe A(H1N1) pour les professionnels de la petite enfance, les nourrissons âgés de 6 à 23 mois et leur entourage.

Dimanche à l'AP-HP, la grippe A(H1N1) représentait 16% des capacités en réanimation pédiatrique, dépassant le seuil d'alerte fixé à 15% pour déprogrammer les actes médicaux et thérapeutiques envisagés et libérer des places pour la prise en charge de l'infection et de ses cas graves, a indiqué le Pr Cheron.

"On est déjà dans une situation extrêmement difficile, extrêmement limite" alors qu'on n'est qu'"au début de l'épidémie" et "pas au pic", a-t-il souligné.

Le Dr Jean-Marie Cohen, coordinateur national des groupes régionaux d'observation de la grippe (Grog), a ajouté que les services de réanimation pédiatrique risquaient d'être encore plus encombrés avec le virus respiratoire syncytial (VRS) qui "commen[çait] à circuler" et qui était responsable de bronchiolites chez les nourrissons.

En outre, le virus de la grippe A(H1N1) et le VRS, qui sont tous deux des virus à tropisme respiratoire, pourraient conduire à des "manifestations respiratoires plus aiguës", a renchéri Catherine Weil-Olivier, professeur de pédiatrie à l'université Paris VII et membre du comité national de lutte contre la grippe.

Gérard Cheron a décrit la dure réalité des enfants atteints de formes d'emblée graves de la grippe A(H1N1) nécessitant le recours à une ventilation respiratoire, avec dans 15% à 20% des cas la mise en place d'une oxygénation extracorporelle pendant deux à trois semaines.

Mais il a également évoqué les complications de la grippe qui peuvent survenir alors qu'on se croyait guéri, avec des surinfections ou pneumonies susceptibles de conduire à des épanchements pleuraux. "La semaine dernière, dans un seul établissement, cinq enfants ont été hospitalisés en six jours pour une pneumopleuropathie". Cette complication nécessite des ponctions au niveau du thorax ou la pose d'un drain par un chirurgien et peut entraîner des séquelles respiratoires, a-t-il expliqué.

Le Pr Weil-Olivier a apporté des éléments de comparaison par rapport aux adultes, soulignant que les épidémies dans l'hémisphère Sud ont d'abord touché les enfants, notamment d'âge scolaire, avant de gagner les adultes.

Si le taux d'hospitalisation apparaît plus élevé chez les enfants que chez les adultes, on a cependant une "impression" que le taux de formes graves est inférieur à celui observé chez les adultes, a indiqué la spécialiste. En revanche, comme pour les adultes, les deux tiers des enfants hospitalisés présentent des facteurs de risque, a-t-elle ajouté.

Gérard Cheron s'attend de nouveau "le week-end prochain" à une augmentation des consultations pour la grippe A(H1N1) en urgences pédiatriques en Ile-de-France.

Après une hausse de 80% il y a 15 jours par rapport à la moyenne des quatre ou cinq dernières années, il y a eu une "légère décroissance" à cause des vacances de la Toussaint. "On sait qu'il faut une huitaine de jours après la reprise des classes" pour que les phénomènes infectieux reprennent de l'ampleur, a-t-il justifié, en soulignant qu'on devrait être "tranquille" pour le mercredi 11 novembre.

Comme le nombre d'enfants hospitalisés pour une grippe A(H1N1) -notamment en réanimation- augmente, certains hôpitaux, comme l'hôpital Necker, ont décidé dès la semaine dernière de proposer la vaccination aux enfants âgés de 6 à 23 mois avec facteurs de risque, le plus tôt possible lors de leur hospitalisation et avant leur retour à domicile pour les protéger contre la grippe A(H1N1). Cela constitue une avance d'une semaine sur le calendrier prévu pour cette population prioritaire à risque éligible à la vaccination dans les centres de vaccination à partir de jeudi, a souligné Gérard Cheron.

Jean-Marie Cohen a ajouté que globalement, la proportion de formes compliquées de la grippe A(H1N1) était pour l'instant inférieure à celle observée pour une grippe saisonnière, mais que ces formes compliquées étaient plus graves. L'autre problème, c'est qu'un plus grand nombre de personnes seront infectées, une personne infectée pouvant en contaminer 1,6 contre 1,2 pour la grippe saisonnière, a-t-il noté.

Paris, 11 novembre 2009 (APM)


Source : infirmiers.com