Le nombre de cas et de décès durant la première vague de grippe A(H1N1) pourrait être deux à trois fois celui observé lors d'une grippe saisonnière importante, selon des estimations de l'Institut de veille sanitaire (InVS).
Datées de fin septembre, elles figurent en annexe du dernier avis du Haut conseil de la santé publique (HCSP) relatif aux priorités sanitaires d'utilisation des vaccins contre la grippe A(H1N1) diffusé en fin de semaine dernière.
Plusieurs taux d'attaque clinique (proportion de malades dans la population) ont été pris en considération: 10%, 20% et 30%, de même que deux scénarios, un optimiste et un pessimiste.
Le scénario optimiste pour la grippe pandémique repose sur des taux de 15% pour les complications, de 1% pour les hospitalisations, parmi celles-ci 15% d'admissions en réanimation, et d'une létalité de 0,1%. Pour le scénario pessimiste, ces taux sont de 20%, 2%, 25% et 0,5% respectivement et pour la grippe saisonnière de 15%, 0,3%, 5% et 0,1%.
Il en ressort que le nombre de cas attendus de grippe A(H1N1) varie entre 6,4 millions et 19,2 millions, soit deux à six fois plus qu'en période interpandémique.
Le nombre de complications s'échelonne entre 960.000 et 3,8 millions, soit deux à huit fois plus que celui estimé pour la grippe saisonnière.
Le nombre d'hospitalisations varie de 64.000 à 384.000 et le nombre de journées d'hospitalisations entre 320.000 et 1,92 million, soit 7 à 40 fois plus que pour la grippe saisonnière.
La fourchette pour les admissions en réanimation est de 9.600 à 96.000, soit 20 à 200 fois plus que pour la grippe saisonnière.
Enfin, il devrait y avoir de 6.400 à 96.000 décès, soit 2 à 30 fois plus que pour la grippe saisonnière.
En l'absence de modification du virus entraînant une gravité plus importante de la grippe A(H1N1), les estimations fournies pour le scénario optimiste paraissent pouvoir être privilégiées, souligne l'InVS.
Par ailleurs, au vu de l'expérience des pays déjà touchés, il paraît vraisemblable qu'on puisse avoir une première vague qui, si elle survenait avant l'hiver, pourrait engendrer un taux d'attaque clinique de l'ordre de 10% à 15%.
Cette première vague pourrait être suivie d'une ou deux autres, sachant que les données des pandémies passées plaident en faveur d'un taux d'attaque cumulatif d'environ 25% à 30%.
Selon cette hypothèse, lors de la première vague, le nombre de cas et de décès serait deux à trois fois ceux observés lors d'une grippe saisonnière importante, le nombre d'hospitalisations serait multiplié par 7 à 10 et celui des cas admis en réanimation par 20 à 30.
La seconde ou les deux vagues ultérieures engendreraient à nouveau trois fois plus de cas et de décès, 10 fois plus d'hospitalisation et 30 fois plus d'admissions en réanimation.
Le scénario pessimiste a tout de même été évalué pour prendre en compte la possibilité d'une augmentation de la gravité de la maladie avec le temps, comme observé lors de pandémies passées, souligne l'InVS.
L'institut ajoute qu'il n'est pas possible à ce stade de prédire si la grippe saisonnière sera concomitante des vagues pandémiques, auquel cas son impact sera relativement mineur comparativement à celui de la pandémie. Dans l'hypothèse où la grippe saisonnière serait décalée, elle est susceptible de prolonger la période d'activité grippale.
L'InVS a enfin estimé que 280.000 à 300.000 personnes au minimum pourraient relever d'une vaccination sans adjuvant contre la grippe A(H1N1) au titre d'une maladie de système ou d'une immunodépression associée à une affection sévère susceptible d'être réactivée par un vaccin contenant un adjuvant.
Il s'est appuyé sur des données de l'Agence de la biomédecine (ABM) et des affections de longue durée (ALD) de l'assurance maladie. "A cette estimation, il convient d'ajouter les bénéficiaires d'une greffe de moelle, population pour laquelle nous n'avons pas, à ce jour, identifié de source de données", ajoute-t-il.
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