Le CHU de Toulouse a détaillé mardi dans un communiqué le dispositif complémentaire qu'il a mis en place pour gérer les nombreux cas suspects de grippe A(H1N1).
Un total de 10 cas de grippe A(H1N1) ont été répertoriés chez des élèves d'un collège situé à l'Est de Toulouse, qui n'ont ni voyagé ni été en contact avec des personnes ayant voyagé. Des analyses sont en cours pour d'autres élèves de l'établissement scolaire, rappelle-t-on. Au total, depuis ce week-end, 15 élèves ont été hospitalisés.
Dans un communiqué diffusé mardi, le CHU de Toulouse indique qu'il a mis en place dès mardi matin un dispositif complémentaire pour accueillir les patients éventuels présentant des signes évocateurs de grippe, après régulation par le Samu/Centre 15.
Cette décision a été prise en accord avec la Direction générale de la santé (DGS) dans le cadre de la gestion de nombreux cas suspects de grippe A(H1N1).
Une tente a été installée à proximité de l'hôpital de jour du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Purpan pour assurer une consultation et prendre en charge des cas groupés ou isolés suspects de grippe. Un fléchage a été mis en place depuis l'entrée de l'hôpital pour diriger les usagers.
Cette consultation dédiée a pour mission de réaliser l'examen clinique de ces patients, de pratiquer un prélèvement nasopharyngé chez des sujets se présentant comme un cas possible ou probable, de délivrer des masques chirurgicaux ainsi qu'un traitement par oseltamivir (Tamiflu*, Roche) si le diagnostic de grippe est jugé probable, de délivrer des masques et des recommandations en matière d'hygiène avant le "retour à domicile des personnes dont l'état de santé ne nécessite pas une hospitalisation".
Seuls les patients avec des facteurs de gravité laissés à l'appréciation du médecin doivent faire l'objet d'une hospitalisation. Par ailleurs, l'ensemble des professionnels de santé du service des maladies infectieuses et tropicales sont tous dotés d'un masque chirurgical afin d'éviter d'éventuelles contaminations en interne qui viendraient perturber le bon fonctionnement du service, indique le CHU de Toulouse dans son communiqué.
CRITIQUES DU CHEF DU SERVICE DES MALADIES INFECTIEUSES
Sur son site internet, la Dépêche du Midi rapporte des propos plutôt critiques du Pr Bruno Marchou, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Purpan, sur la stratégie de prise en charge hospitalière systématique de la grippe A(H1N1) instituée par le gouvernement.
Le spécialiste a indiqué lundi au cours d'une conférence de presse organisée par le CHU que son service était "paralysé par l'afflux de malades grippés", avec 13 des 36 lits qui étaient occupés depuis le week-end par des élèves d'une classe de 6ème du collège de Quint-Fonsegrives.
"J'ai déplacé des personnes âgées fragilisées. Je les ai éjectées du service pour mettre à leur place des patients qui n'avaient rien. On va mettre en danger la vie de vrais malades si [l']on continue à agir ainsi", rapporte-t-il.
"Les enfants qui sont arrivés la nuit dernière [dimanche] dans notre service affichent des symptômes d'une modestie étonnante. Hier matin, aucun d'entre eux n'avait de la fièvre. Si on continue comme ça, la situation deviendra ingérable...".
Pour le spécialiste, on ne peut maintenir cette stratégie en l'état. "Aujourd'hui, on en fait trop. Les mesures prises sont totalement disproportionnées". Il réclame une prise en charge des personnes infectées à leur domicile par leur médecin généraliste et une hospitalisation pour les cas les plus graves.
CRITIQUES DE JEAN-MARIE LE GUEN
Dans un communiqué diffusé mardi, le député PS de Paris Jean-Marie Le Guen demande une nouvelle fois au gouvernement de faire évoluer dès maintenant son dispositif de lutte contre la grippe.
"A l'évidence, le protocole actuel du tout hospitalier est inutile et inadéquat", déplore-t-il.
Il estime que le dispositif "maintient des hospitalisations forcées de personnes et d'enfants qui pourraient être suivis dans de meilleures conditions à domicile, qu'il "mobilise et fatigue les équipes hospitalières pour une réponse inadaptée" et que "les confirmations virologiques sont demandées à des laboratoires de niveau P3 alors que des P2 suffiraient largement".
Le dispositif gouvernemental "laisse à penser que la solution face au risque pandémique est de nature hospitalière. Or, nous savons que la réponse doit d'abord être de proximité et de solidarité locale", souligne-t-il.
PARIS, 16 juin 2009 (APM)
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