Le directeur général de la santé (DGS), Didier Houssin, a donné le 4 mai 2011, à l'occasion des troisièmes rencontres parlementaires sur la vaccination, les grandes lignes de la nouvelle stratégie de la France dans ce domaine.
Le responsable s'exprimait dans le cadre d'une table ronde intitulée "Vacciner : quelles mesures opérationnelles ?", présidée par le sénateur Paul Blanc (UMP, Pyrénées-Orientales).
Daniel Floret, président du Comité technique des vaccinations (CTV), Cécile Rey-Coquais, directrice des affaires publiques de Pfizer, Jean-Philippe Rivière, directeur médical de Doctissimo et Thanh Le Luong, directrice générale de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES), y ont participé.
Après avoir listé les leçons tirées par le gouvernement de la campagne contre la grippe A (H1N1), Didier Houssin a estimé que la stratégie vaccinale française devait "passer à un autre stade" et qu'elle devait "renaître sous la forme d'une politique de prévention structurée".
La stratégie d'ensemble reposera sur "un socle appuyé sur une expertise indépendante et compétente et surtout dont on arrive à démontrer qu'elle est indépendante et compétente", a-t-il tout d'abord souligné.
Elle doit également "intégrer parfaitement les questions de sécurité sanitaire", a-t-il ajouté, notant que la question de la pharmacovigilance, était d'actualité, notamment pour les vaccins.
Elle doit en outre être "dirigée vers le public", en termes d'informations et d'accès aux vaccins, a-t-il noté, après avoir pointé au début de son intervention que lors de la pandémie, le rôle des réseaux sociaux et d'internet avait été sous-estimé.
Thanh Le Luong a d'ailleurs indiqué lors de sa présentation que l'INPES réfléchissait, en collaboration avec la DGS, à la mise en place de "community managers", qui seraient chargés par les autorités de suivre les discussions entre citoyens sur internet et notamment sur les réseaux sociaux.
De plus, Didier Houssin a réaffirmé l'intention du gouvernement de renforcer la participation des professionnels de santé à l'effort de promotion de la vaccination, évoquant notamment le "rôle crucial" des médecins dans l'élaboration de la stratégie pour qu'ils "s'approprient cette démarche".
Dans son introduction, il avait relevé que des représentants de professions paramédicales s'étaient publiquement prononcés contre la vaccination.
La secrétaire d'Etat à la santé, Nora Berra, avait annoncé fin avril 2011 que les médecins libéraux allaient être associés aux travaux pour améliorer la couverture vaccinale, rappelle-t-on.
Elle avait alors indiqué que les travaux pour améliorer la couverture vaccinale en France devraient aboutir "pour la prochaine rentrée", soit en septembre 2011.
Le DGS a aussi rappelé, concernant les professionnels de santé, que le gouvernement travaillerait sur "le respect des recommandations, la présentation du calendrier vaccinal, la mise à disposition d'argumentaires, l'accent mis sur la vaccination", relevant en outre que la vaccination de cette catégorie professionnelle elle-même était "un aspect extrêmement important".
Didier Houssin a par ailleurs relevé que les contrats d'objectifs des directeurs généraux des agences régionales de santé (ARS) portaient notamment sur la vaccination contre la rougeole et que les autorités comptaient "aller chercher tous les alliés" dans le cadre de cette stratégie, citant les ministères de l'Education nationale, de la Défense et de l'Agriculture, ainsi que l'assurance maladie. Cela doit notamment permettre de mieux atteindre les populations adolescentes, dont les taux de couverture vaccinale ne sont pas satisfaisants, a-t-il souligné.
Plan pandémique, recherche et production
Après avoir décrit le socle de la nouvelle stratégie vaccinale, le responsable a indiqué, concernant les mesures opérationnelles qui en découleraient, que le plan pandémique, en cours de modification, comporterait "plusieurs scénarios", afin d'adapter le dispositif de vaccination à plusieurs degrés de gravité d'une pandémie.
Plus tôt dans son propos, il a relevé que la vaccination en centres comme elle a été organisée lors de la pandémie de grippe A (H1N1) ne serait probablement employée que dans les situations les plus "ultimes".
Il a également souligné que le Plan variole allait être "revu de très près", constatant que le délai de 14 jours prévu par l'actuel dispositif pour une campagne de vaccination n'était pas réaliste, sur la base de l'expérience de la pandémie grippale.
L'autre mesure dévoilée par le DGS concerne la recherche, Didier Houssin indiquant que les pouvoirs publics devaient faire connaître leurs attentes en matière de vaccination aux industriels.
A propos de l'approvisionnement en vaccin, le responsable a noté qu'un travail sur un mécanisme d'acquisition de vaccin à l'échelle européenne avait été lancé, mais que devait se poser la question des capacités de production et notamment celles en charge de la phase de conditionnement, qui ont constitué le principal goulet d'étranglement lors de la pandémie de grippe A (H1N1).
Il a par ailleurs souligné le nécessaire renforcement de la coopération européenne en matière de vaccination, la France souhaitant s'inspirer de stratégies adoptées par d'autres Etats-membres.
Enfin, le gouvernement entend travailler sur le "suivi des perceptions du risque" au sein de la population visée.
"Toute la difficulté d'une politique de prévention est de faire entrevoir ce que pourrait être un risque important qui pourrait être évité par la vaccination, tout en évitant d'agiter des frayeurs injustifiées", a-t-il commenté à ce sujet.
CAPI, délégation de tâche, DMP
Dans un discours prononcé à l'issue de la table ronde, Nora Berra a reconnu l'intérêt de plusieurs pistes de réforme évoquées au cours des débats.
Elle a notamment indiqué que la redéfinition du rôle des médecins libéraux dans la stratégie de vaccination, l'utilisation du dossier médical personnel (DMP) ou encore l'inscription dans les contrats d'amélioration des pratiques individuelles (CAPI) d'une promotion de la vaccination étaient "des pistes à creuser".
Elle a en outre estimé que la mise en place de délégations de compétences en faveur de certaines professions de santé dans ce domaine était une proposition "tout à fait pertinente".
Au cours des débats, Daniel Floret a noté à ce propos qu'il serait intéressant de permettre notamment aux infirmières ou aux pharmaciens d'officines de réaliser les vaccinations.
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