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GH Paul Guiraud : vers une meilleure gestion de la souffrance au travail

Publié le 07/08/2012

La direction du groupe hospitalier Paul Guiraud de Villejuif, spécialisé en psychiatrie, a annoncé des mesures visant à mieux gérer la souffrance au travail et le décalage de certains projets à la suite du décès accidentel d'une cadre supérieure de santé, ont indiqué le 3 aout 2012 la direction et le syndicat SUD.

Le décès d'une cadre de supérieure de santé, quelques jours après avoir été victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC) sur son lieu de travail, a provoqué un profond émoi dans l'établissement, ont attesté le directeur, Henri Poinsignon, et le secrétaire du syndicat SUD, Joël Volson.

Le décès est survenu un mois après un premier événement traumatique mais n'ayant pas suscité de polémique, le suicide à son domicile d'une aide-soignante, qui devait reprendre son poste en mi-temps thérapeutique après un arrêt de travail dû à des blessures infligées par un patient agité.

Le second décès a fait émerger des critiques, du syndicat SUD et de la commission médicale d'établissement (CME), sur la gestion des changements dans l'établissement. La survenue de l'AVC a été reliée au stress professionnel vécu par la cadre supérieure, dû à ses tâches de gestion de son service et au fait qu'elle avait eu, la veille de son accident, un entretien avec la direction des ressources humaines.

Selon le syndicat SUD, la cadre supérieure avait été convoquée par la DRH pour un rendez-vous sans en connaître les raisons. Un mois s'est écoulé entre la notification du rendez-vous et l'entretien, ce qui aurait favorisé la montée de la tension. La cadre supérieure, très impliquée dans son travail, avait fait part à des collègues du choc que constituait cette procédure et, après l'entretien portant sur sa façon de mener les entretiens de recrutement, du caractère injustifié des reproches qui lui étaient faits, a indiqué Joël Volson.

Le syndicat SUD réclame au ministère de la santé une enquête indépendante pour "déterminer toutes les responsabilités", évoquant "le contexte de la souffrance au travail et de maltraitance institutionnelle, majoré par une méthode de gouvernance brutale". Il évoque aussi des prises de décisions centralisées à la direction, maintenant à l'écart les cadres de santé.

Le directeur de l'établissement, Henri Poinsignon, a répondu que cette cadre supérieure était une professionnelle reconnue. Le rendez-vous à la DRH était justifié par des difficultés qui devaient être discutées mais "sans dramatisation" et sans qu'il ait jamais été question de sanction. Mais le choc provoqué par ces décès successifs, même si leur nature est différente, a été l'occasion d'exprimer un malaise notamment chez les cadres de santé. Henri Poinsignon reconnaît que les multiples transformations que l'établissement connaît depuis trois ans ont créé un surcroît d'activités, auquel s'est ajoutée l'application des nouvelles procédures issues de la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement. "Contrairement à ce que j'entends, je ne minimise pas ce malaise", souligne-t-il.

Henri Poinsignon a annoncé fin juillet, par écrit aux cadres, plusieurs mesures décidées après une réunion extraordinaire de la commission d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).

Reconnaissant la nécessité de "ralentir la cadence" pour "retrouver la sérénité", il annonce notamment la prolongation de deux mois (au vendredi 23 novembre, au lieu du vendredi 21 septembre) du délai pour terminer les évaluations des cadres de santé et des responsables des autres services selon une nouvelle grille expérimentale. Il a aussi annoncé la mise en place d'un "observatoire de la souffrance du travail", qui viendra compléter l'observatoire de la violence qui existe déjà. L'équipe de la "clinique du stress", implantée dans un secteur, va aussi intervenir auprès des agents.

Henri Poinsignon a aussi tenté de rassurer les personnels et les médecins sur la place des chefs de pôle et des cadres supérieurs de pôle dans le management et sur la poursuite de concertations sur le schéma directeur immobilier.

Le président de la CME mécontent

Le président de la CME, le Dr Bernard Lachaux, a indiqué avoir mis en garde Henri Poinsignon à quatre ou cinq reprises sur la souffrance du personnel médical et non médical ainsi que sur des problèmes de mise en oeuvre du projet médical (sur le fonctionnement du nouveau site de Clamart dans les Hauts-de-Seine ouvert fin mai et sur le choix de taille des unités notamment). Il reproche au directeur des décisions ne tenant pas compte de l'avis des médecins et des cadres de santé. "Il nie les problèmes et ne reconnaît d'autre expertise que la sienne". Pour marquer son désaccord, le Dr Lachaux a suspendu sa participation au directoire depuis mi-juin. "Nous étions plutôt discrets sur nos désaccords jusqu'à présent, c'est fini maintenant".

Bernard Lachaux a eu fin juin un rendez-vous à l'Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France pour évoquer des points de désaccord avec la direction. "Mais l'ARS a botté en touche".


Source : infirmiers.com