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GRANDS DOSSIERS

Focus sur l'actualité du diabète en 2014

Publié le 13/03/2014
diabète insuline seringue

diabète insuline seringue

A l'occasion du Congrès 2014 de la Société française du Diabète qui se tient actuellement à Paris, au Palais des Congrès, focus sur quelques thématiques phares développées par les experts du domaine... 

Diabète de type 2 : au‐delà du sucre, la maladie du gras

Le Congrès de la SFD permet de faire le point sur dernières connaissances en matière de maladie diabétique

Le Professeur André Scheen, Président de la Société Francophone du Diabète, Service de Diabétologie, Nutrition et Maladies métaboliques, CHU Liège, a rappelé que le diabète de type 2 est probablement la maladie la plus fréquemment associée à l’obésité. Quand l’IMC est supérieur à 35, indiquant une obésité déjà sévère, le risque de devenir diabétique est au moins multiplié par 50 par rapport à celui de sujets minces avec un IMC inférieur à 22. Le praticien a souligné qu'au-delà de l’IMC, la répartition de la masse grasse joue aussi un rôle majeur. Parmi les personnes obèses, celles qui ont une obésité abdominale sont ainsi les plus à risque de développer un diabète de type 2. L’explication du lien entre obésité et diabète de type 2 tient essentiellement à l’insulino‐résistance comme l’explique le Professeur André Scheen, le tissu adipeux sécrète différentes hormones. Une des hormones favorables est l’adiponectine : elle améliore la sensibilité à l’insuline ainsi que la fonction endothéliale. Le problème est que, quand il y a trop de tissu adipeux, les cellules adipeuses deviennent trop grosses et sécrètent moins d’adiponectine : ceci contribue à l’insulino‐résistance et au dysfonctionnement des vaisseaux.

Le Pr André Scheen a également rappelé que le deuxième grand facteur de risque du diabète de type 2 est l’histoire familiale. Pour une personne obèse qui a un parent diabétique de type 2, le risque de développer lui‐même la maladie est beaucoup plus important. Enfin, l’insulino‐résistance, dans le diabète de type 2 lié à l’obésité, va accroître la glycémie et aussi être associée à d’autres perturbations, en particulier la dyslipidémie athérogène et l’hypertension artérielle. Au final, la plupart des sujets diabétiques de type 2, suite à leur obésité, vont être obèses (adiposité abdominale) et hyperglycémiques, avoir un trouble des graisses dans le sang et une hypertension artérielle… Autant de risques cardiovasculaires liés au diabète et responsables de décès prématurés.

Visages inconnus du diabète

Entre le diabète de type 1 classique et qui survient chez l’enfant ou l’adulte jeune (environ 10 % des diabètes) et le diabète de type 2 (80 à 90 % des diabètes) le plus fréquent, qui survient chez des adultes, souvent en surpoids et combine une diminution de l'action de l'insuline avec une diminution de sa sécrétion, il existe des diabètes dits intermédiaires : le diabète de type 1 idiopathique (sans cause bien caractérisée) et le diabète de type 1 lent. Le Professeur Jean‐François Gautier, Co-Président du Congrès de la Société Francophone du Diabète 2014, Service de Diabétologie, Endocrinologie, Nutrition, Centre Universitaire du Diabète et de ses Complications, Hôpital Lariboisière, Paris, a expliqué qu’ il y a donc le diabète de type 1 auto‐immun et le diabète de type 1 idiopathique ou le diabète de type 2 cétosique. Dans les deux derniers cas, il n’y a pas d’auto‐immunité et, dans un cas, il sera possible d’arrêter l’insuline de manière assez prolongée, une fois la phase aiguë passée. Ces deux types de diabète sont très souvent observés chez les africains ou chez les descendants d’Afrique subsaharienne. Le praticien  également rappelé ce qu'il appelle les visages inconnus du diabète :

  • le diabète néonatal qui survient avant 6 mois de vie. 50 % de ces diabètes sont transitoires. Ils peuvent apparaître à l’âge adulte sous la forme d’un diabète de type 2 classique ou d’un diabète insulino‐requérant ;
  • le MODY (maturity‐onset diabetes of the young), forme de diabète monogénique, qui touche la cellule bêta. Il s’agit en fait d’un diabète de type 2 chez l’enfant ou chez le sujet jeune ;
  • le diabète mitochondrial, assez rare, transmis par la mère et souvent associé à d'autres maladies (myopathie, surdité…) ;
  • le diabète gestationnel, qui ne fait en général pas de cétose, se déclare entre la 20ème et la 24ème semaine d’aménorrhée, au moment où la femme est physiologiquement insulino‐résistante.

Peut‐on remplacer une cellule bêta abîmée ?

Le Professeur Pascal Ferré, Co-Président du Congrès de la Société Francophone du Diabète 2014, Directeur du Centre de Recherche des Cordeliers (Paris, Faculté de Médecine, Université Pierre et Marie Curie) a rappelé que les cellules bêta, qui sécrètent l’insuline, sont dans des petites structures appelées îlots de Langerhans, situés au sein du pancréas exocrine. Dans ces îlots se trouvent différents types de cellules : parmi elles, les cellules bêta, qui sont la forme majoritaire, et les cellules alpha, qui sécrètent une hormone appelée glucagon, plutôt quand vous êtes en hypoglycémie. Au contraire de l’insuline, le glucagon informe donc le foie qu’il doit produire du glucose. Comment remplacer des cellules bêta déficientes ? Au‐delà du système de la pompe à insuline, qui a fait de gros progrès mais qui n’est pas encore parfait, d’autres solutions existent : les greffes tout d’abord, de pancréas ou d’îlots de Langerhans. Ces méthodes fonctionnent mais se heurtent à deux obstacles, a rappelé le praticien, le faible nombre de greffons disponibles et la nécessité, pour le patient, de prendre des immunosuppresseurs toute sa vie. Il existe également d’autres pistes, testées chez l'animal dans de nombreux essais de thérapie cellulaire, qui cherchent à pallier les déficiences du pancréas en agissant sur les cellules bêta. Parmi les autres pistes avancées, les Human induced pluripotent stem cells. Il s’agit de prendre par exemple des cellules de la peau (fibroblastes), de les dédifférencier, autrement dit de les faire retourner à leur état initial, celui de cellule embryonnaire, avant de les redifférencier ensuite vers un autre type cellulaire, celui de cellule bêta en l’occurrence. L’intérêt serait que le patient n’aurait pas besoin de traitement immunosuppresseur a souligné le Pr Pascal Ferré. Autre idée enfin : faire des lignées de cellules bêta humaines, une lignée étant constituée de cellules se multipliant à l’infini ; une possibilité qui a priori, a quelques limites.

Diabète et maladies des gencives : une intime relation

Le Professeur Philippe Bouchard, Service d’odontologie, Hôpital Rothschild, (Paris), l'a précisé, le diabète n’entraîne pas de manifestations sur les dents elles‐mêmes, donc pas de caries. Mais deux maladies, présentes au niveau de la bouche, sont associées au diabète de types 1 ou 2 : les gingivites et les parodontites. Selon le praticien, la prévalence de la parodontite chez les diabétiques est de 17,3 %, alors qu’elle est de 9 % dans une population non diabétique correspondante. De même, la prévalence du diabète chez les patients atteints de parodontite est de 12,5 %, contre 6,3 % seulement chez les sujets correspondants non atteints de parodontite. Autre constat : les maladies parodontales sont associées au déséquilibre de la maladie, elles n’existent pas chez les diabétiques équilibrés. Si le diabète aggrave par ailleurs les parodontites, il semble cependant que le traitement des parodontites participe à l’amélioration du contrôle de la glycémie chez les diabétiques. Pour le Professeur Bouchard,  aux Etats‐Unis, la parodontite est considérée comme la 6e complication du diabète. En France, ce n’est pas encore vraiment le cas… Une éducation des patients sur ce sujet, par des professionnels, diabétologues comme chirurgiens‐dentistes est nécessaire. Et de rappeler que l’examen bucco‐dentaire est vraiment une partie intégrante de la surveillance du diabétique. Autres éléments intéressants soulignés par le praticien : des études ont montré qu’il y a un plus grand nombre de maladies parodontales chez les patients obèses et des associations ont également été relevées entre syndrome métabolique et parodontites, chez des sujets plus âgés, à partir de 45 ans.

Rôle de l’activité physique dans l’équilibre du diabète de type 1 et du diabète de type 2

Professeur Martine Duclos, Service de Médecine du Sport et des Explorations Fonctionnelles (CHU G. Montpied, Clermont-Ferrand) explique que plusieurs études ont démontré qu’une activité physique régulière permet d’améliorer l’équilibre glycémique, avec une baisse moyenne de l’HbA1c de l’ordre de 0,6 à 0,8 %. Les recommandations sont de 150 minutes par semaine mais, même entre 30 et 150 minutes, l’effet est significatif. La courbe entre quantité d’activité physique et bénéfices métaboliques est exponentielle. Le praticien a rappelé que si dans le diabète de type 1, les premières études considéraient que l’activité physique n’était pas favorable pour l’équilibre glycémique. Ce n’est aujourd'hui plus le cas. L’effet est positif si l’activité s’accompagne de conseils structurés nutritionnels et d’adaptation des doses d’insuline par rapport à l’activité physique et sportive. Attention toutefois, dans le diabète de type 1, une contre‐indication : les sports dans lesquels le risque d’hypoglycémie est dangereux, comme le parachutisme par exemple. S'il n'existe pas de contre-indication à la pratique d'une activité physique dans le diabète de type 2, les antécédents, l’âge, le bilan évolutif du diabète doivent cependant être pris en compte. Le Pr Duclos a souligné que lorsqu'il y a reprise d’une activité régulière avec une condition physique minimale, il peut être intéressant pour le diabétique d’adhérer à une fédération sportive : il en existe de plus en plus qui s’orientent vers le sport‐santé (natation, randonnée…), où il pourra avoir une activité plus structurée, plus socialisante, plus variée. La pratique d’une activité physique doit passer par l’éducation du diabétique aussi bien sur la nutrition que sur les doses d'insuline. Moyennant cela, il y aura un plaisir à pratiquer une activité physique, sans la peur des hypoglycémies ou de l’hyperglycémie transitoire post exercice. Le diabétique doit apprendre à se connaître, car il existe de grandes variabilités d’un sujet à l’autre. Cependant les personnes diabétiques manquent encore trop souvent d'information en la matière. Le Pr Duclos recommande de consulter l’Union Sports & Diabète, qui propose des forums pour les diabétiques, des patients experts pour chaque type de sport et des renseignements contrôlés par des médecins.

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com

Article réalisé à partir du Dossier de presse de la Société francophone du Diabète.


Source : infirmiers.com