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Flo & Yo - Interview de Cécile, l'infirmière voyageuse

Publié le 05/06/2013
sac à dos randonnée

sac à dos randonnée

Fidèles à leur promesse de partager leur aventure « Care Conception Through the World » avec la communauté d'Infirmiers.com, Flo et Yo, rentrés de leur voyage à La Réunion, nous proposent aujourd'hui de découvrir Cécile, infirmière, voyageuse et maman.

Flo & Yo – La famille « sac à dos »

Il y a quelque temps, nous avons fait la connaissance de Cécile alias « maman sac à dos ». Elle est infirmière, aime voyager et découvrir de nouvelles régions à travers son métier et, depuis peu, elle en parle sur son blog. Rencontre...

Flo & Yo - Salut Cécile, est-ce que tu peux te présenter ?

Cécile - Je suis maman, infirmière, en couple avec un infirmier. J’aime découvrir, voyager, contempler des paysages, profiter de ce qui m’entoure, écouter les histoires des gens que je rencontre. Je me vois vivre (presque) partout.

Flo & Yo - Quel est ton parcours ?

Cécile - J’ai passé mon diplôme d’infirmière en 2009. J’avais envie de voyage, mais pas de tourisme. Je suis partie faire « le tour de France », et très vite j’ai rencontré mon ami qui a été séduit par mon projet. Il avait lui aussi pour projet de partir dans un DOM-TOM. Nous avons donc continué ensemble et nous nous sommes installés dans plusieurs villes en métropole (Sospel, Bastia, Bagnière de Luchon, Bergerac) puis en Guyane où nous sommes restés neuf mois. Nous sommes rentrés en métropole et avons continué notre périple (La Bourboule, Perpignan, Toulouse). Nous sommes aujourd’hui dans le Quercy (dans le département du Lot) depuis presque un an ce qui nous donne l'impression d’être sédentaires (ou bien à mobilité réduite).

J’ai travaillé dans différents services (médecine, chirurgie, gériatrie, urgence, pédiatrie, maternité, HAD, mais aussi en libéral). Je suis restée sur un poste d’une journée à 4 mois.

Flo & Yo - Tu as créé un blog récemment qui s’appelle « Famille sac à dos », peux-tu nous en parler ?

Cécile - En effet, j’ai créé ce blog il y a peu. Je ne sais pas bien pourquoi. J’écris nos aventures, l’avancée de nos projets… Ça me permet de poser un peu les choses. Et puis, l’idée était aussi de permettre à nos amis que nous voyons rarement, à cause de notre mode de vie, de nous suivre. Il leur arrive parfois d’avoir un train de retard !

Flo & Yo - Pourquoi avoir choisi de parcourir la France pour travailler ?

Cécile - Nous avions envie de découvrir les richesses des régions françaises et chasser nos idées reçues. Nous tentons de nous intégrer aux mieux, selon nos rencontres et notre disponibilité du moment. C’est plus ou moins facile. Chaque nouvel endroit nous apporte un autre point de vue professionnel, car nous avons vu beaucoup de services ayant des organisations et des protocoles différents… Nous développons ainsi nos connaissances et notre adaptabilité. En revanche, nous n’avons pas vraiment approfondi de spécialités !

Du point de vue personnel, ces expériences nous permettent de revenir sans cesse à l’essentiel. Chaque déménagement nous impose de nous défaire de biens matériels qui seraient trop encombrants et inutiles. Lorsque nous achetons, nous nous faisons souvent la réflexion « est-ce indispensable ? Lorsque nous déménagerons, qu’en ferons nous ? Comment le transporter ? ».

Et puis, pour moi qui suis timide, ça m’oblige à aller vers les autres ! Ça nous permet aussi de développer notre non jugement. Nous avons constaté que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs ! (On s’en doutait un peu.)

Flo & Yo - Comment se passe ton intégration dans les différents établissements ?

Cécile - Cela dépend des services bien entendu ! J’ai appris à m’adapter rapidement. Souvent, je suis bien aidée par mes collègues. Au début de ma carrière, je faisais régulièrement des missions intérimaires de courte durée. Je prenais mon service avec une fiche de poste et sans encadrement. A plusieurs reprises, des soignants m’ont dit qu’ils ne trouvaient pas normal qu’une jeune infirmière fasse ça. Je comprenais tout-à-fait ce point de vue, mais pour réaliser ses rêves il faut savoir se mettre en difficulté. Finalement, je me suis bien entendue avec ces personnes, certainement grâce à leur franchise.

Régulièrement, les établissements et nos collègues essaient de nous convaincre de rester. Ils nous vantent leur région… Mais ils prêchent des convaincus. Nous ne partons pas parce que ça ne nous plaît pas !

Il arrive que des cadres profitent de notre passage pour avoir un point de vue extérieur sur leur service. Au niveau matériel, les établissements nous ont souvent proposé un logement, nous avons pu négocier notre salaire et des frais de déplacement. Depuis 2011, les négociations se sont compliquées.

En règle général, notre intégration se passe bien. Mais je ne me force pas à rester dans un endroit où je ne me sens pas bien, soit à cause de la charge de travail, soit lorsque l’ambiance de service ne me convient pas, soit quand je me rends compte que je ne suis pas à l’aise avec la spécialité. Par exemple, récemment je travaillais dans un EHPAD et je faisais aussi du libéral. Je me suis aperçue qu’en ce moment, voir des personnes âgées en institution me dérangeait (ce qui n’a pas toujours été le cas). Je me suis donc concentrée sur le libéral. J’estime que mon métier m’offre assez d’opportunités d’embauche et de diversités de service pour que je fasse un peu la difficile.

Flo & Yo - Quels sont les regards ressentis par rapport à ta « philosophie de vie » ?

Cécile - Les regards sont variés. J’ai rencontré des gens qui ne comprennent pas du tout. Dans les Pyrénées, un collègue me confiait (pour m’expliquer son incompréhension) que s’il ne voyait pas ses montagnes il était malheureux. Ce qui est mal compris, c’est que nous n’avons pas vraiment de chez nous. Mes parents aimeraient évidemment que nous nous installions près de chez eux. Ils appréhendent nos départs, mais ils ne nous retiennent pas, et se demandent pourquoi nous continuons.

J’ai souvent entendu « si j’étais jeune », « si je pouvais », par les personnes qui ont envie de voyage. Je pense qu’il faut parfois savoir trouver les opportunités. Ce que nous faisons n’a rien d’extraordinaire. Nous avons rencontré d’autres personnes qui font comme nous et qui ont visité bien plus de lieux… C’est vrai que ça demande un investissement, des recherches perpétuelles pour trouver des propositions de postes intéressantes. Ça nous impose de faire des concessions sur la vie sédentaire, c’est un choix.

Il y a des personnes qui posent des questions et demandent pourquoi nous faisons ça, si nous cherchons quelque chose… Alors non, nous ne cherchons rien ! Nous voulons seulement découvrir les cultures, les régions, les paysages… Notre métier est parfait pour ça ! En plus des collègues, nos patients nous suggèrent des endroits à voir et racontent l’histoire de leur pays. C’est bien plus intéressant qu’avec un guide.

Flo & Yo - Quels sont tes plus beaux souvenirs de voyages ? Où as-tu préféré vivre ?

Cécile - C’est une question difficile, nous avons apprécié chaque destination. Chacune a ses paysages, ses rencontres.

J’ai aimé vivre partout. La Guyane a été vraiment dépaysante, d'une grande diversité culturelle, au milieu d’une forêt amazonienne où la nature règne (je l’ai longuement contemplée de mon hamac). J’ai découvert des conditions de vie totalement différentes.

Parfois, je souris en me souvenant d’incompréhensions. En Corse, par exemple, mes collègues se révoltaient contre des situations que je trouvais normales, et parfois ils trouvaient normales des situations qui ne l’étaient pas à mes yeux. Ça donne des situations assez cocasses.

En réfléchissant bien, je dirais que mon plus beau souvenir de voyage a quand même été la rencontre avec mon ami. Il m’a fait découvrir un petit coin de paradis et m’a fait passer de superbes moments. Et le pire c’est qu’il continue !

Flo & Yo - As-tu eu l’occasion de voyager et de travailler à l'étranger ?

Cécile - J’ai voyagé à l’étranger uniquement pour faire du tourisme. Je n’ai jamais travaillé à l’étranger. Le problème est mon niveau en langues. I can try to speak english, mais c’est insuffisant pour travailler. Nous avons déjà débuté la paperasse pour une immigration au Québec, mais nous avons abandonné et nous avons eu une autre opportunité. Cependant, ce n’est pas un projet que nous avons oublié.

Flo & Yo - Quel est ton regard sur ton métier d’infirmière en France ?

Cécile - J’ai souvent le sentiment que notre charge de travail est bien trop importante. Ce que je préfère dans mon métier est le relationnel. Ce n’est malheureusement pas mesurable en euros et donc peu « rentable ». J’en ai déjà eu marre de ce métier au point d’envisager d’arrêter. Mais j’aime vraiment ce que je fais. J’ai rebondi et aujourd’hui je prends vraiment du plaisir à travailler.

Je privilégie les conditions de travail à mon salaire. J’ai déjà eu de belles fins de mois, mais si, en contrepartie, je dois rentrer chez moi pour refaire toute ma journée de travail en regrettant tout ce que je n’ai pas fait, je préfère avoir moins et être sereine.

De plus, il m’est arrivé bien trop souvent de remplir des papiers médicaux (commande de culot globulaire, bon de transport…) et parfois même d'imiter la signature de médecin, sous prétexte d’habitudes de service. Je n’aurais bien évidemment jamais dû accepter.

Quand j’entends des « bien-pensants » imaginer que pour revaloriser notre métier il faut nous ajouter des actes, je me dis que nous avons déjà assez à faire. Je ne crois pas avoir besoin d’être revalorisée mais seulement avoir la possibilité d’exercer mon métier correctement.

Je crois que nous ne savons pas nous rassembler pour améliorer nos conditions de travail et la qualité de soins.

Nos conditions de travail ne nous permettent aucun coup de mou. Nous sommes des êtres humains et nous aurons forcément dans nos vies des moments difficiles. Mais si nous ne sommes pas à 100 %, nous laissons des patients dans l’angoisse et une relève difficile à l’équipe suivante. Je reproche à mes collègues soignants de passer bien trop de temps à se critiquer, oubliant d’affronter les vrais problèmes de leur service et de nos professions.

J’ai tout de même pu trouver des services où j’avais un équilibre entre soins techniques et relationnel, tout n’est donc pas désespéré !

Flo & Yo - Vous êtes parents depuis peu, qu’est-ce que ça a changé dans votre vie et vos projets ?

Cécile - Accueillir un nouveau membre dans notre famille n’a pas changé grand chose à nos projets. Dès notre désir d’enfant, nous avions décidé de continuer notre mode de vie. En revanche nous restons plus longtemps dans nos escales. Ça complique bien évidemment les choses, puisque les établissements ne nous logent plus. Nous devons donc, en plus de trouver un travail, chercher un logement et un mode de garde.

Flo & Yo - Et justement, quels sont vos projets ?

Cécile - Nous avons toujours plusieurs projets en cours, et puis nous voyons quelle opportunité aboutie. Dans l’ordre de nos préférences, nous avons contacté la Polynésie Française pour travailler dans un dispensaire (nous n’avons aucune proposition concrète), puis nous avons débuté de nouvelles démarches pour le Québec, et enfin pourquoi pas, une nouvelle ville française. Nous avons récemment été contactés par St Pierre et Miquelon à qui nous avions envoyé un mail il y a longtemps. Nous verrons bien quel projet abouti.

Merci Cécile d’avoir répondu à nos questions. Nous ne manquerons pas de suivre vos prochaines destinations avec beaucoup d’intérêt et vos réflexions sur le monde qui nous entoure !

Florence et Yohan MAUVE Rédacteurs Infirmiers.com contact@floetyo.com

Merci à Flo & Yo pour le partage de leur article.


Source : infirmiers.com