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Femmes enceintes salariées à l’hôpital : les soignantes cumulent les risques !

Publié le 05/10/2018

Plus de la moitié des salariées enceintes à l'hôpital cumule au moins cinq risques professionnels. C'est le constat fait par l'Association nationale de médecine du travail et d'ergonomie du personnel hospitalier dans le cadre d'une étude dévoilée ce 21 septembre. Les soignantes sont particulièrement touchées. L'association lance l'alerte.

Plus de trois quarts des femmes enceintes salariées à l'hôpital sont exposées à plus de trois facteurs de risque professionnel.

Chimiques, biologiques, physiques et organisationnels. Les risques liés au travail à l'hôpital sont multiples. Dans le cadre de ses 55e journées, qui se sont tenues les 20 et 21 septembre à Perpignan (Pyrénées-Orientales), l'Association nationale de médecine du travail et d'ergonomie du personnel hospitalier (ANMTEPH) a dévoilé les premiers résultats d'une étude, menée en partenariat avec l'Institut national de recherche et sécurité (INRS) sur le déroulement des grossesses au travail en milieu hospitalier et les expositions professionnelles potentiellement dangereuses pour l'issue de la grossesse. L'objectif était aussi de mieux comprendre les niveaux de fonctionnement actuel du dispositif de prévention. Et les besoins en la matière sont importants : plus de la moitié (51,8%) des femmes enceintes à l'hôpital est exposée à au moins cinq facteurs de risque professionnel. Un chiffre qui grimpe à 78% si l'on considère aussi celles qui travaillent en étant exposées à plus de trois risques.

Méthodologie

L'étude a été menée auprès des services de santé au travail des hôpitaux dont les médecins du travail étaient volontaires, du 1er avril 2017 au 31 octobre 2017. Les salariées étaient reçues après leur accouchement dans le cadre des visites de reprise de travail réglementaires et répondaient à un auto-questionnaire ciblé sur des informations socio-démographiques. L'exposition aux dangers pendant la grossesse était évaluée au cours de la visite, à partir de l'expertise du médecin et sa connaissance des postes de travail. Une soixantaine de médecins a ainsi participé à cette étude, soit 1 116 dossiers patientes étudiés répartis comme suit : 73% de soignantes, 16% d'administratifs, 3% de médecins et 2% de techniciennes.

Les situations de cumul des risques sont particulièrement nombreuses et quasiment toutes au-dessus de la moyenne nationale. C'est le cas aussi pour les arrêts de travail pendant la grossesse

Des cumuls inquiétants de risques professionnels

Quels sont les risques les plus fréquents ? Le plus élevé concerne les produits biologiques, pour 83% des participantes. Elles sont aussi très souvent (79%) en position debout plus d'une heure par jour. Viennent ensuite le port de charge supérieure à 5 kg (59%), divers risques liés aux positions (35 à 48%), l'exposition aux produits chimiques (33%), les escaliers (28%) et enfin le travail la nuit (27%). Les situations de cumul des risques sont particulièrement nombreuses et quasiment toutes au-dessus de la moyenne nationale. C'est le cas aussi pour les arrêts de travail pendant la grossesse, précise le Dr Hélène Béringuier, présidente de l'ANMTEPH. Ces risques sont les plus élevés chez les soignantes : 60,7% des infirmières et 69,2% des aides-soignantes cumulent au moins cinq risques professionnels.

60,7% des infirmières et 69,2% des aides-soignantes cumulent au moins cinq risques professionnels.

Le conflit vie privée/vie professionnelle

Des risques qui s'ajoutent à d'autres : 16% des salariées enceintes à l'hôpital sont en situation de précarité, note Hélène Béringuier. 30% à 50% des sondées ont des horaires atypiques, soit notamment 44% en horaires décalés et, comme énoncé plus haut, 27% de nuit . Un tiers des répondantes ne bénéficie en outre pas de deux jours de repos consécutifs. Le temps de transport est également pris en compte : un tiers des parturientes a une durée de trajet domicile/travail supérieur à 50 minutes et 89% utilisent la voiture pour se rendre au travail. Il faut préciser que les salariées confient que la pénibilité ne réside pas dans le temps de transport mais plutôt dans les conditions de transport, souligne Hélène Béringuier. Plus largement, les salariées interrogées ont, pour un tiers d'entre elles, des conflits travail/familles supérieur à trois risques.

De très rares visites médicales

Ce cumul de risques fait des femmes enceintes à l'hôpital des salariées particulièrement exposées . L'ANMTEPH en conclut à un trop faible niveau de prévention. Les chiffres en témoignent : seules 27% des sondées ont bénéficié durant leur grossesse d'un aménagement de poste. Seul un tiers également a eu une visite avec le médecin du travail sur cette période et 20% une visite spécifique de grossesse. Un résultat qui souligne un paradoxe : malgré le très faible taux de visite médicale, 60% de ces salariées ont tout de même bénéficié d'horaires aménagés. Les aménagements de temps de travail n'ont donc pas été proposés par les médecins du travail. C'est une bonne chose du point de vue de la prise en compte des grossesses dans le milieu de travail mais aussi une mauvaise chose parce que les femmes ne voient donc pas les médecins, et ne sont pas prévenues des risques encourus, déplore Hélène Béringuier.

Accroître la prévention

Il n'y a donc pas d'influence de l'exposition aux risques professionnels sur la fréquence des visites au médecin du travail. À noter également que les soignantes ont moins de visite encore que leurs collègues, 19% pour les infirmières, 12% pour les aides-soignantes. Pourtant ces visites sont utiles, puisqu'on constate plus d'aménagement de poste de travail après avoir vu les services de santé, explicite l'étude. Pour l'ANMTEPH, il y a donc urgence à mettre en œuvre plus de prévention des risques. Elle compte lancer une action d'information auprès des différents acteurs concernés. Elle souhaiterait enfin, en partenariat avec la FHF lancer une nouvelle enquête sur l'impact des arrêts précoces sur les ressources humaines, en matière de qualité de vie au travail et de congés de maternité notamment.

Clémence Nayrac

Cet article a été publié par Hospimedia le 27 septembre 2018. Merci à eux pour le partage de cet article.


Source : infirmiers.com