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ETHIQUE

Faut-il dénoncer les déviances professionnelles dangereuses ?

Publié le 02/09/2015

Un cadre supérieur de santé a mis en ligne une pétition pour sensibiliser à la problématique de la dénonciation des déviances professionnelles dangereuses. Un sujet qui reste encore aujourd'hui tabou mais qui peut engendrer de graves conséquences pour celui qui ose dénoncer, pour celui qui ferme les yeux et pour le patient…

Les déviances professionnelles dangereuses peuvent avoir des conséquences gravissimes...

À l'attention : de Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes

Les médecins, les cadres de santé et les soignants intègres doivent pouvoir oser dénoncer les déviances professionnelles dangereuses, dans l'intérêt général des usagers des établissements de soins et des soignants qui font leur travail correctement. L'erreur est possible mais ne doit pas être cachée.

J'ai dénoncé une sédation terminale pratiquée par un infirmier à un malade à l'agonie, sans prescription médicale écrite, à l'aide de 22 ampoules de Midazolam (hypnovel), la modification du dossier du patient dont notamment l'heure du décès et le rajout de signes cliniques, alors qu'à la base il avait été noté que la famille réclamait une sédation et qu'il leur avait été expliqué que le patient ne souffrait pas.

J'ai été montré du doigt par un syndicat, sali par les journaux et accusé dans les mois qui ont suivi de harcèlement par les 4 infirmiers qui étaient présents lors de la sédation. Le médecin a demandé a ce que je sois viré et a démissionné. Le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) mal utilisé est devenu une machine à broyer. J'ai été mis en accident de travail à visée protectrice et l'administration m'a empêché de reprendre, cela fait deux ans. On a voulu me changer de poste, alors que je n'avais fait que mon travail.

Le président de la commission médicale a dit que j'aurais dû "fermer ma gueule". L'infirmier est resté en poste et n'a eu aucune sanction… Des collègues qui me soutenaient ont été menacés, ont été amenés à changer de poste ou d'établissement.

D'autres fautes avait été cachées par un groupe d'infirmiers par solidarité. Je ne voulais pas être complice d'un tel comportement. J'ai été exclu professionnellement avec l'aval des tutelles. J'ai essayé de me défendre. Après appel de l'administration, la justice m'a donné tort après avoir demandé une première fois en urgence ma réintégration.

Je ne suis pas le seul cadre dans ce cas là. On préfère que nous soyons en arrêt chez nous payés à ne rien faire et couvrir les fautes de soignants sans conscience professionnelle.

A terme, cela décourage ceux qui aiment leur métier et ont d'autres valeurs.

Les usagers et leurs familles ne peuvent avoir accès à la vérité quand il arrive un incident.

Les soignants doivent se taire et sont tenus par le droit de réserve.

Des lois sont bafouées. Ceux qui dénoncent les délits sont mutés ou poussés au désespoir et à la dépression.

Certains se suicident et on ne parle plus d'eux… J'ai voulu en finir deux fois, puis j'ai décidé de dénoncer envers et contre tout, ces pratiques délétères. C'est devenu maintenant une de mes raisons de vivre. J'aime trop mon métier et je veux continuer à aider les malades et leur entourage.

A Orthez, une anesthésiste alcoolisée a pu pratiquer, alors que ses travers étaient connus. Je suis sûr que certains n'ont pas osé dénoncer cette déviance. Une maman est morte en laissant un bébé et un papa...Mais il fallait se taire...

Il faut que les soignants intègres puissent faire leur travail en toute sérénité pour préserver la sécurité et la qualité des soins ; et notamment les cadres de santé, sans avoir peur d'être ennuyés s'ils dénoncent ceux qui n'ont pas de conscience professionnelle, sinon les patients sont en danger.

Cela concerne tout le monde tôt ou tard. C'est un problème de santé publique.

La loi du silence n'a pas sa place au pays d'Hippocrate.

Et vous, qu'en pensez-vous ?

Un cadre supérieur de santé


Source : infirmiers.com