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Fatigue infirmière : une préoccupation internationale

Publié le 09/09/2010

Pour les infirmières de France comme du Canada, le problème n’est pas de trouver du travail, mais du travail de qualité. Les contraintes économiques sont souvent avancées pour justifier de contraintes organisationnelles éprouvantes. L’exemple des hôpitaux magnétiques américains montre que celles-ci sont non seulement contre-productives, mais évitables.

A quelques semaines d’intervalle, plusieurs publications parues cet été témoignent de l’inquiétude grandissante des infirmières sur la dégradation de leurs conditions de travail et ses répercussions sur la qualité des soins. Elle n’est pas propre à la France : même au Québec, pourtant considéré souvent comme étant en avance pour la reconnaissance de la profession, l’Ordre des infirmières, la Fédération interprofessionnelle de la santé au Québec et la toute nouvelle association des directrices des soins infirmiers dénoncent la surcharge de travail, l’obligation de faire des heures supplémentaires, la détresse psychologique des professionnelles.

Pour elles, les autorités de santé sont enfermées dans des préoccupations économiques qui sont en fait contre productives : le taux de roulement (turn-over) et l’absentéisme sont tels qu’ils obligent à recourir à des agences de recrutement très coûteuses et font perdre en « productivité », chaque nouvelle recrue devant être formée et le manque de stabilité des équipes nuisant à leur efficacité. Même constat en France, où sont accusés les changements brutaux d’affectation, la polyvalence imposée, la perte du sens du travail, l’absence de reconnaissance, notamment salariale.

En cause également, les « progrès techniques », qui complexifient les protocoles et surtout, comme le déclare Martine Schachtel, cadre-infirmière qui vient de publier un livre sur l’hôpital, « paradoxalement éloignent les soignants de leur mission première : soigner. (…) La rationnalisation des soins couplées aux économies de personnel se fait, en premier chef, au détriment des malades. »

Il n’y a pourtant rien là d’inéluctable. L’exemple des « hôpitaux magnétiques » est là pour le prouver, qui conjuguent satisfaction du personnel comme des patients, qualité des soins (diminution de la mortalité et des complications) et absence de surcoût malgré l’augmentation du nombre de personnels (due par exemple, à des séjours plus courts).

Comment y parvenir ? L’Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC) et l’Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario (AIIO/RNAO) viennent de publier un document sur « la fatigue des infirmières » qui énonce plusieurs recommandations. Celles-ci s’adressent bien entendu aux autorités de santé, mais pas seulement.

Le texte commence en effet par un « avertissement » qui vise aussi les associations professionnelles, les syndicats, et les infirmières elles-mêmes. Fondé sur des entretiens avec 7 239 d’entre elles, il leur fait « obligation  d’atténuer et de gérer leur propre fatigue », non seulement dans une démarche purement individuelle (par exemple, savoir reconnaître ses symptômes), mais aussi en « travaillant avec leurs organisations », en « appuyant les politiques qui permettent de gérer la fatigue au travail » et par exemple, en sachant refuser certaines affectations. Le but est de « se conformer à l’obligation éthique de maintenir leur aptitude à pratiquer. »

Les tournures de phrase sont québécoises, mais le message est clair : amélioration de la qualité des soins et de la satisfaction au travail allant de pair, travail sur soi, sur son service, sur son établissement et sur son système de santé aussi.

Serge CANNASSE
Rédacteur en chef IZEOS
serge.cannasse@izeos.com


Source : infirmiers.com