Faire face à la réalité...

Vulnérabilité et résilience en formation infirmière, d’Olivier Morenon (Seli Arslan)

Les témoignages comme la recherche attestent de l’importance de la résilience pour les étudiants en soin infirmiers. La formation doit le prendre en compte, et Olivier Morénon y contribue.

Sophie a craqué et pété un plomb tandis que Latifa touchait le fond. Marine s’en est voulue de tenter de rester dans le moule pendant que Martin accumulait de son côté les situations difficiles à vivre. Ninon s’est quant à elle faite violemment agressée durant son stage, mais tous ces étudiants en soins infirmiers ont su surmonter ces problèmes en mettant en œuvre, chacun à leur façon, un processus salvateur de résilience. Si tous avaient des facteurs de vulnérabilité propres et ont su déclencher des mécanismes de défense particuliers, chacune de ces histoires n’en est pas moins révélatrice de la réalité plus que délicate qui se trouve être celle de nombre d’étudiants durant leur apprentissage. Une réalité à laquelle a choisi de se confronter Olivier Morénon, docteur en science de l’éducation et enseignant en soins infirmiers. En partant de ces quelques exemples, il nous plonge dans la rude épreuve que peut constituer la formation infirmière, avant de livrer des clés et des repères précieux destinés à accompagner les étudiants face aux multiples défis de leur futur métier.

Savoir développer ses capacités de résilience

Il s’agit ainsi de faire face de façon constructive à un véritable malaise vécu par quantité d’infirmiers en devenir, comme l’ont constaté de nombreuses enquêtes internationales. L’auteur s’y emploie en décryptant la nature de ces processus de résilience qui permettent en fait à l’immense majorité des étudiants de trouver la force et la volonté de surmonter des situations périlleuses qui touchent au plus intime de l’humain. Ces processus sont définis puis analysés en détaillant chacune de leurs composantes, et Olivier Morénon les met en lien avec ce qui les rend nécessaires, cette vulnérabilité qu’a tendance à exacerber la formation infirmière. S’appuyant sur des recherches qui attestent de l’importance de savoir développer ses capacités de résilience, il apporte finalement les bases d’un programme de formation dédié à cette faculté, aussi individualisé que possible. Un vrai manuel qui devrait intéresser tout professionnel de santé.

Et aussi...

SUJET TABOU

Le sexe des hommes, L’érection sans tabou, des docteurs Hélène Sussman et Ronald Virag (Le Cherche midi)

Ce livre présente rien de moins qu’une révolution médicale. Accomplie par des médecins non pas universitaires mais de terrain, elle a conduit ces derniers a bousculer les idées reçues sur les troubles sexuels masculins, en y apportant des réponses et des solutions efficaces. Ronald Virag et Hèlène Sussmam ont surtout permis par leurs recherches et leur pratique de sortir ce sujet de son ornière psychologique : cette conviction que les troubles de l’érection trouvent leur origine dans la tête. La découverte de la papavérine, substance auparavant utilisée pour dilater les artères, a radicalement changé cette approche de l’impuissance. La papavérine s’est en effet avérée efficace pour provoquer une érection durable, comme l’a démontré Ronald Virag en publiant ses résultats dans The Lancet au début des années 1980. Depuis ce chirurgien cardiovasculaire a développé avec Hélène Sussman d’autres techniques innovantes qui prennent en compte le triple commandement (hormonal, vasculaire et neurovégétatif) de la fonction érectile. Leur expérience que relate ce livre incite ainsi les 30 % d’hommes qui souffrent de troubles érectiles souvent traumatisants à ne plus faire avec, et à y remédier.  

ÉVALUATION

Le soin en démesure, coordonné par Fabien Canolle, Jean-Philippe Pierron et Didier Vinot (Seli Arslan) 

Depuis une trentaine d’années, l’evidence base medicine (EMB), ou médecine validée par les preuve, fait loi. Elle constitue l’incontournable mesure de la valeur du soin avec son principal outil en guise d’étalon or : l’essai clinique randomisé. Mais cet EBM à la valeur indiscutable doit-elle pour autant être la seule mesure valable pour évaluer un soin ? Face à une volonté d’objectivation des pratiques de santé qui répond autant à une exigence de science qu’à des enjeux économiques imposant une rationalisation de la médecine, cet ouvrage invite à réfléchir tant sur l’éthique que sur la pratique d’un mode d’évaluation structurellement impersonnel. A travers de nombreuses interventions des praticiens et de chercheurs, il met en lumière la difficulté voire l’impossibilité de prendre en considération avec l’EBM ce qui apparaît imperceptible, invisible et chargé d’affect dans un soin qui s’avère aussi interpersonnel et peu quantifiable. Est ainsi proposé de retrouver une plus juste mesure du soin qui permettrait de ne pas se limiter aux protocoles normalisés et au seul recours au données chiffrées pour mieux prendre en considération un non mesurable qui n’en est pas moins essentiel.