Evènements iatrogènes chez les nouveau-nés hospitalisés

Face au manque de données épidémiologiques sur l'iatrogénie chez les nouveau-nés hospitalisés, l'équipe du service de néonatalogie de l'hôpital de La Conception à Marseille (AP-HM), avec le service de l'évaluation médicale, a réalisé une étude prospective observationnelle entre janvier et septembre 2005 afin de déterminer l'incidence, la nature, l'évitabilité et la sévérité des évènements iatrogènes dans leur service.

Ils ont étudié 388 patients, correspondant à 10.436 patients-jours. Ils ont enregistré 267 évènements iatrogènes chez 116 patients, soit une incidence de 25,6 pour 1.000 patients-jours.

Au total, 34% de ces évènements étaient évitables.

Dans 29% des cas, les évènements iatrogènes étaient sévères, et parmi ces évènements, 27% étaient évitables.

Les évènements les plus sévères étaient les infections nosocomiales (79% ont été classées comme sévères) et les évènements respiratoires (35% étaient classés comme sévères).

Deux évènements iatrogènes ont été fatals, mais aucun des deux n'était évitable.

Les blessures au niveau de la peau étaient fréquentes (94) mais dans 95% des cas elles étaient mineures.

Des erreurs médicamenteuses sont survenues dans 19 cas, généralement mineures également (76% des cas). Deux tiers de ces erreurs avaient lieu à l'étape de l'administration du médicament, principalement des erreurs de dosage d'un facteur 10 (47%).

Les chercheurs ont pu déterminer que ces évènements survenaient principalement chez les nouveau-nés de faible poids de naissance et de petit âge gestationnel, qui restaient plus longtemps hospitalisés, avec un accès veineux central, une ventilation artificielle et une pression positive continue.

"Le risque élevé d'évènement iatrogène attire l'attention sur l'importance de développer, tester et mettre en oeuvre des stratégies efficaces de prévention des erreurs en médecine pédiatrique", commentent les auteurs.

"La réduction du taux d'évènement iatrogène chez les nouveau-nés vulnérables devrait être le principal objectif d'une offre de soins de la meilleure qualité possible pour les enfants", estiment-ils.

(The Lancet, 2 février, vol.371, pp.404-410)