En plein Tournoi 2016, nous republions cet article qui raconte l'expérience d'une infirmière pendant la quinzaine de compétition... D'un naturel enjoué et dynamique, Vanessa Kies, alors infirmière en réanimation polyvalente et diplômée depuis trois ans, nous livrait en effet avec enthousiasme son expérience soignante dans le cadre du prestigieux tournoi des internationaux de France de tennis, à Roland Garros.
Ouvre grand tes oreilles, je suis sûre que cela va te plaire : une collègue recherche des infirmières pour compléter l'équipe médicale du tournoi de Roland Garros... C'est cette phrase exprimée par sa colocataire, qui sera le point de départ de la mission de Vanessa. Un coup de fil le lendemain, l'après-midi en entretien d'embauche et le jour d'après mon nom figurait sur le planning, c'est bon je suis de la partie !
raconte Vanessa. L'aventure commence par un jour de briefing avec l'équipe médicale et paramédicale. Depuis le début du tournoi, les équipes sont les mêmes et renforcées cette année par quatre infirmières et deux médecins. Tout le monde se connaît. C'est une vraie petite famille. Le service médical du tournoi a été créé il y a plus de 35 ans par le Dr Jacqueline Broquié. Aujourd'hui à la retraite, elle reste fidèle au tournoi en venant chaque année rendre visite à ses collègues. Le service est maintenant dirigé par Daniel Boulanger, directeur médical d'Europ assistance.
Une organisation rythmée par les matchs
Il existe trois infirmeries, une pour chacun des trois principaux courts de tennis, constituées de six lits, un médecin et deux infirmières. Durant le tournoi, les trois infirmeries sont ouvertes. Une équipe de secouristes bénévoles est également sur place, chargée de brancarder et d'évacuer les personnes vers les infirmeries. Les équipes communiquent toutes par talkies-walkies. Il y a en deux par infirmerie : un relié avec le PC sécurité et un autre à l'équipe de secouristes. Le matin, une infirmière et un médecin arrivent à 9 heures pétantes (un retard n'est pas toléré). Aucun match ne peut commencer si l'équipe soignante n'est présente... Le reste de l'équipe arrive à partir de 10 heures et terminera sa journée par la fermeture des portes du site. Il existe un autre service médical, c'est le service « joueurs » avec en plus des kinésithérapeutes et autres rhumatologues... On ne travaille pas directement avec eux, mais on peut être amené à prêter main forte ou donner un avis, cependant l'urgence vitale est de notre ressort
, raconte Vanessa.
Trois infirmeries et une équipe de secouristes également sur place...
Des situations de soins insolites
Une fois les infirmeries ouvertes, beaucoup de monde défile pour des plaies mineures telles que phlyctènes, écorchures, traumatismes bénins... mais aussi pour d'autres motifs créant ainsi des anecdotes typiques de Roland Garros : une Américaine a ainsi pleuré de joie quand Vanessa a réussi à lui enlever un moucheron logé dans son œil depuis la veille. Elle l'a remercié dans toutes les langues avec un « hug » traditionnel. La philosophie de soin du tournoi est tourné vers l'écoute des personnes venant à l'infirmerie et il faut faire preuve d'empathie pour tous les « bobos » qui sont à considérer très sérieusement comme des « maux ». Les interventions peuvent avoir des degrés d'urgence différents, cela va d'une suture de plaie d'un cuisinier à une colique néphrétique. Il existe aussi des histoires plus graves, mais avec un « happy end » : un jeune homme escalade les barrières pour assister aux matchs sans ticket, il tombe et s'accroche le bras à la palissade, il court, la sécurité le rattrape et voyant son bras saigner, le conduit à l'infirmerie. Une fois sur place, l'hémorragie s'intensifie et un choc hypovolémique s'installe : perfusion, remplissages, intubation... transfert en réa. Il s'en sortira indemne au bout de quatre jours. L'année suivante, l'équipe de Roland Garros lui a fourni un pass d'accès à l'enceinte du tournoi pour qu'il puisse tout de même rentrer sans escalader !
Les interventions peuvent avoir des degrés d'urgence différents, cela va d'une suture de plaie d'un cuisinier à une colique néphrétique, voir plus...
Mes chouchous
Vanessa raconte : ce que j'ai le plus aimé, c'est de soigner nos petits ramasseurs de balles... mes chouchous...
Ils sont chaque année 250, de 12 à 16 ans, recrutés dans toute la France pour venir frôler, de leurs petits doigts, la terre battue d'Auteuil. C'est une sélection drastique et ils font tous preuve d'une détermination incroyable. Durant trois semaines, un travail de forcené les attend avec peu de sommeil et un éloignement de leurs proches. Ils sont très courageux. Si certains présentent juste des « bobos » (ongles retournés à force de ramasser les balles trop près du sol), d'autres sont épuisés à force de rester des heures, presque immobiles au soleil, provoquant des claquages ou autres... Mais inutile de les contraindre au repos, ils estiment avoir déjà perdu assez de temps en venant à l'infirmerie ! Et surtout, il faut mettre un bandage de couleur chair, impossible en effet de retourner sur le court avec un bandage blanc : on passe à la télé voyons !
dit l'un d'eux. Il faut être LE ramasseur de balles pour la finale auprès des grands champions. Un monde à part que ce tournoi de tennis de Roland Garros et une vrai chance d'y occuper cette place d'infirmière au sein du service médical !
Audrey DEMEILLEZ
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