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AS

Et pourquoi pas un code de déontologie pour les aides-soignants ?

Publié le 08/01/2020
Les infirmières à domicile, un maillon essentiel pour l'accès aux soins

Alors que la profession aide-soignant mute graduellement d'un point de vue juridique, depuis sa création dans les années 60, en même temps que les évolutions sociétales en matière de santé, ne serait-il pas temps de réfléchir à un code de déontologie pour les aides-soignants afin d’encadrer un peu plus ces changements et promouvoir la fonction ?

L’aide-soignant 2.0 : un déjà soignant humaniste et un futur expert ?

Depuis les années 60, les aides-soignants (AS) exercent le noble art de soigner parmi tout un panel de professionnels de santé qui font la richesse, la diversité mais aussi la qualité de notre service public de santé. En revanche, les AS ont ceci de particulier d'être au plus proche de ce que chacun a de plus cher : sa vie privée et son intimité physique au sens strict des mots. Ainsi, ils se doivent d'établir une relation soignant-soigné scellée par un contrat de confiance.
En revanche, on le sait, les mentalités françaises évoluent à ce propos. S'impose de plus en plus l'identification des termes de ce contrat de confiance soignant-soigné. Le patient est attentif à la garantie qui lui est apportée sur le souci des professionnels de santé d'exercer en fonction de prescriptions, de devoirs moraux et professionnels qui s'imposent, d'ailleurs, progressivement à l'ensemble des professions de santé.

L’aide-soignant, comme tous les autres, est tout cela à la fois. Seulement, n'est-il pas le moment de faire-valoir officiellement cette plus-value morale quant aux prescriptions humaines et professionnelles afin de se légitimer, de donner du sens à son action et de porter l'honneur de la profession ? En fait, alors que la profession AS mute graduellement d'un point de vue juridique, depuis sa création dans les années 60, en même temps que les évolutions sociétales en matière de santé, ne serait-il pas temps de réfléchir à un code déontologie pour les aides-soignants afin d’encadrer un peu plus ces changements et promouvoir la fonction ?

N'est-ce finalement pas aussi ce qu'est en train de devenir l'aide-soignant 2.0 : un soignant déjà humaniste et un futur expert ?

Pour préparer un code de déontologie, mélangez une bonne dose de technique et une louchée d'humanité...

En 2020, le métier d’AS vit son énième chamboulement réglementaire. Disparition du concours d'entrée , nouvelles modalités de formation, élargissement du champ de compétences et octroi de nouveaux actes... En tout état de cause, l'on peut dire que la fonction évolue et très vite au regard de sa jeunesse dans le paysage soignant. Toutefois, puisqu'ils exercent à travers le rôle en collaboration , le cadre protecteur de la profession AS dépend toujours du cadre juridique et réglementaire de la profession infirmière. Cependant, les auxiliaires médicaux, bien qu'inscrits au Code de la Santé Publique, n'en sont pas moins absents, à raison, du dit code de déontologie infirmier . Un encadrement moral qui doit être inspirant pour les aides-soignants.

En effet, ce dernier n'est pas une « bonne parole » lancée ici et là, ni même un guide rigide duquel il ne faut dépasser, non, il permet d'affirmer l'essentialité de la profession infirmière et oblige chacun à l'engagement officiel dans l’orientation de ses actions professionnelles vers l'humain et là, toujours plus, recherche de l'expertise soignante au service de la personne soignée. A priori, n'est-ce finalement pas aussi ce qu'est en train de devenir l'aide-soignant 2.0 : un déjà soignant humaniste et un futur expert ?

Un code de déontologie, un petit pas vers la reconnaissance...

A l'heure où les compétences AS montent en puissance et que le métier se dote de nouvelles activités, il paraît judicieux de réfléchir à investir le domaine déontologie afin de servir les patient et la profession, deux intérêts soignants intimement liés.

Parlons d'abord de l'intérêt professionnel. Être AS ne s'improvise plus sur un coin de table comme pouvaient le faire nos anciens se voyant cantonnés à des fonctions archaïques, relégués au rang de sous-main d'un établissement de santé. Non. Dorénavant, l'AS s'inscrit durablement dans le parcours de soin de la majeure partie des personnes soignées, sa place au sein de la mécanique institutionnelle fait figure de rouage incontournable et une partie de son raisonnement clinique nourrit le diagnostic infirmier. A ce titre, réfléchir à un code de déontologie AS permettrait de légiférer sur de réelles règles professionnelles afin de permettre la clarification des limites morales de la profession, notamment en termes de dépassement de compétences, de surseoir à la reconnaissance interprofessionnelle et de promouvoir cette profession qui n'est définitivement plus dans l'exécution de tâches mais dans la réflexion soignante.

Être AS ne s'improvise plus sur un coin de table comme pouvaient le faire nos anciens se voyant cantonnés à des fonctions archaïques, relégués au rang de sous-main d'un établissement de santé.

Un grand pas pour l'humanisme.

Par conséquent, la confiance et les attentes à l'égard des AS est grandissant en matière de qualité dans un contexte de prise en soin toujours plus investie par les patients et leurs familles. Un biais qui nous emmène vers l'intérêt du patient car se pose le problème du recrutement AS. En effet, au regard de la demande supérieure à l'offre, la formation AS s'attire les grâces des services de Pôle Emploi qui propulse bon nombre de ses administrés vers cette dernière, en témoigne les derniers chiffres de la Drees qui note que 74 % d'élèves AS sont en reconversion professionnelle pour retour à l'emploi. Des personnes motivées, d'une part, se découvrant un nouveau projet professionnel et d'autres ayant la seule la volonté de retrouver du travail...

Le débat n'est pas savoir pourquoi ils sont là, le débat est de savoir pour quoi ils veulent faire cela car n'est pas AS qui veut ! Loin s'en faut ! Il faut pour cela avoir le dos assez costaud pour revêtir la blouse blanche et ses responsabilités, avoir la volonté de servir un public aux attentes particulières, les patients, et être irrigué d'une bonne dose de volonté pour travailler dans des endroits où tout n'est pas toujours rose ! C'est pourquoi, faire adhérer au code de déontologie ad hoc, dès l'obtention du D.E.A.S , celui ou celle qui s'engage vers cette noble profession est un moyen supplémentaire de responsabiliser le professionnel de santé sur son cadre fonctionnel d'un métier qui n'est pas commun, de lui faire prendre conscience de son rôle et de l'intégrer pleinement dans la grande communauté paramédicale qui, comme tout groupe constitué, est encadré par de réelles règles professionnelles, une juridiction précise et des valeurs morales susceptibles d'entraîner une condamnation en cas d'infraction.

En l'état, la rédaction d'un code déontologie AS ne serait pas une mince affaire dans la mesure où il n'existe pas d'ordre professionnel pour entreprendre des poursuites administratives, pénales et/ou ordinales en cas d'infraction au dudit code... Néanmoins, pourquoi ne pas imaginer une affiliation déontologique sous couvert de l'Ordre National des Infirmiers, auprès du ministère de la Solidarité et de la Santé ou bien en sollicitant les organisations représentatives telle que peut l'être la FNAAS ?

En ce début d’année 2020, souhaitons que la déontologie AS ne soit plus une vague discussion mais une réalité inscrite dans le marbre ! C'est une question de bonne année mais aussi de bonne santé !

Alexis BatailleEtudiant en soins infirmiers (2019-2022),Aide-soignant@AlexisBatll


Source : infirmiers.com