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IDEL

Entre crépuscule et aube : soigner la nuit

Publié le 27/10/2015
Hopital nuit batiment

Hopital nuit batiment

Dans son dernier billet, Anne, entre autres infirmière libérale, rend hommage aux « oiseaux de nuit » qui travaillent entre l'aube et le crépuscule au sein des établissements de soins…

L'hôpital la nuit est souvent silencieux, mais pas que...

Le café fume dans les tasses. Les corps sont lourds et fatigués à cette heure-ci et les yeux rougis par les néons grésillants des longs couloirs. Il est tôt, tard... on ne sait plus vraiment. Un peu des deux certainement.

Les discussions se sont taries, le silence règne en maître. Un silence de plomb entrecoupé du bruit strident du bip hurlant provenant des téléphones posés sur la table et résonnant au loin dans les salles de soins fermées. Il faut repartir : arpenter les couloirs pour soigner, répondre aux besoins divers et variés, calmer l'angoisse, la douleur, la peur, la solitude.

Au coeur de la nuit, tout s'amplifie mais se gère de la façon la plus délicate possible, le respect du sommeil étant la règle. Il faut savoir manier l'art de la discrétion subtilement, du bout des doigts.

Au coeur de la nuit il y a la mort aussi, qui rode, trop souvent. Au détour d'un couloir, dans une chambre, tapie derrière un rideau, attendant qu'un corps condamné cesse de lutter et lui abandonne son âme épuisée.

Les soignants veillent, font leur possible pour accompagner, adoucir... être là. Tout simplement. Parce qu'il le faut.

Ce billet, je l'écris pour les équipes : aides-soignantes, infirmiers, aides médico-psychologiques, éducateurs... qui, par choix ou non, continuité des soins oblige, deviennent l'espace de quelques jours, semaines ou années des oiseaux de nuit. Ces équipes qui connaissent la véritable violence que représentent les débuts, quand le corps n'est pas encore soumis au rythme inversé qu'on lui impose et qu'il lutte. Les répercussions au long cours sur la vie familiale, les difficultés à récupérer physiquement et se remettre "à l'endroit" pendant les périodes de repos. Ces équipes dont le travail n'est pas suffisamment reconnu autant professionnellement que financièrement et qui pourtant sont le plus souvent un modèle de cohésion au sein des structures.

À tous ceux à qui on a dit un jour : Je suis désolé de sonner et de vous réveiller mais... et qui ont eu à répéter une énième fois : mais vous savez nous ne dormons pas, nous travaillons.

À tous ceux qui, un jour, à une heure indécente, dans un couloir désert, ont sursauté au moindre bruit ou parfois même à la simple vue d'une ombre qui était simplement la leur.

À vous tous et plus particulièrement aux collègues adorables que j'ai rencontrés pendant ces quelques semaines à travailler de nuit, trois mots : courage, vitamine D et caféine !

Cette chronique a été publiée le 14 octobre 2015 par Anne que nous remercions de cet échange.

Anne   http://uneinfirmierealamaison.over-blog.com/


Source : infirmiers.com